Le 20 mai 1996
Communiqué de la commission
supérieure du service public des postes et télécommunications
(CSSPPT)
LA COMMISSION SUPERIEURE DU SERVICE PUBLIC DES POSTES ET
TELECOMMUNICATIONS FAVORABLE A L'AVANT-PROJET DE LOI RELATIF A FRANCE TELECOM,
SI LE BILAN D'OUVERTURE EST CELUI D'UNE ENTREPRISE EN BONNE SANTE
Le Gouvernement a demandé à la Commission supérieure du
service public des postes et télécommunications un avis sur les
quelques grands principes énoncés dans le texte relativement court
de l'avant-projet de loi relatif à l'entreprise nationale France Télécom.
La Commission en a examiné la conformité à l'intérêt
général, sous les différents aspects auxquels elle doit
veiller et a posé un certain nombre de questions.
Elle prend acte que l'avant-projet de loi permet à France Télécom
de respecter les règles en vigueur au niveau européen en 1998 et déclare
que la date du 31 décembre 1996, pour le changement de statut, ne saurait
être repoussée sans risque pour l'entreprise.
L'équilibre établi permet le maintien des droits acquis pour
le personnel en fonction, en même temps que l'ouverture de droits nouveaux
pour l'entreprise et les salariés actuels ou ceux qu'elle recrutera ; il
prend en compte les intérêts des citoyens contribuables et usagers
du service public des télécommunications.
La CSSPPT considère que cet avant-projet ne modifie pas les aspects
positifs de la loi du 2 juillet 1990 ; mais elle s'interroge sur le maintien
d'une tutelle légale sur une entreprise de droit privé, en
situation de concurrence. Elle souhaite un réexamen du rôle du
contrat de plan dans le nouveau cadre réglementaire et institutionnel.
Elle considère que dans l'état actuel des choses, il serait
dommageable que le contrat de plan n'ait plus qu'un rôle indicatif.
Appréciant les dispositions permettant aux salariés d'être
associés plus étroitement au développement de l'entreprise
par la participation et l'actionnariat à des conditions privilégiées,
la CSSPPT préconise une large ouverture des catégories bénéficiaires
parmi les filiales et les personnels retraités. Mais si l'application de
la loi sur la démocratisation du secteur public est prévue pour la
désignation des administrateurs représentant les actionnaires privés,
l'appareil législatif semble devoir être complété
pour permettre la représentation des fonctionnaires salariés et
actionnaires de l'entreprise.
* * *
La CSSPPT estime que l'entreprise nationale France Télécom,
avec une capacité de développement renforcée, doit pouvoir
continuer à dégager comme aujourd'hui, des résultats préservant
sa capacité d'investissement et de désendettement. La Commission
est très attachée à l'objectif du Gouvernement d'égaliser
les charges fiscales et obligatoires aux niveaux atteints dans les entreprises
de droit commun, opérant dans le secteur des télécommunications.
Elle prend acte que l'Etat s'engage à garantir les retraites et
accepte ainsi une importante charge à moyen et long terme. Elle souligne,
cependant, que le Budget lui trouvera de subtantielles contreparties, tant par
le biais de la fiscalité de droit commun que sous forme de dividendes,
dans la mesure du développement de l'entreprise. France Télécom
devrait être, en effet, capable d'affronter ses concurrents à armes
égales dans une compétition loyale, de contracter des
participations croisées très importantes aux fins de conquérir
de nouveaux marchés sans s'endetter et de s'engager avec d'autres opérateurs,
internationaux en particulier, dans des alliances stratégiques.
La Commission souhaite donc que toutes les dispositions financières
retenues, et en particulier le montant de la contribution forfaitaire
exceptionnelle (soulte), permettent de présenter un bilan d'ouverture qui
traduise parfaitement la bonne santé de la nouvelle entreprise nationale
France Télécom.
Ceci nécessite de ne prendre aucune décision concernant la
valeur forfaitaire de la soulte, sans connaître les résultats des
estimations, en cours, des différents postes du bilan d'ouverture. Ce réexamen
permettra de rétablir l'entreprise sur des bases saines dans le cadre
d'une concurrence loyale et porte notamment sur le transfert à l'Etat des
biens relatifs à l'enseignement supérieur, sur la révision
de la valeur des actifs immobiliers et le provisionnement pour charges éventuelles
de départs anticipés à la retraite. La CSSPPT considère
que le ratio dettes/fonds propres ne devrait pas dépasser 1.
***
Elle constate, en outre, que la complémentarité des deux
projets de lois relatifs aux télécommunications, en cours de
discussion, permet de garantir l'exécution par France Télécom,
des obligations de service public qui lui seront confiées aux termes de
la Loi de réglementation des télécommunications.
Elle rappelle cependant qu'il appartiendra à la nouvelle entreprise,
dont l'Etat, premier bénéficiaire des résultats, ne peut
vouloir fragiliser les bases, de déterminer les structures
organisationnelles internes propres à valoriser la compétence et
le dynamisme de son personnel.
Enfin, la CSSPPT est confiante dans l'aboutissement des concertations en
cours. Ses membres parlementaires participeront activement aux débats des
Assemblées, enrichis par des informations non encore disponibles à
ce jour. En souhaitant que des réponses satisfaisantes soient apportées
aux questions qu'elle a soulevées, et que ses suggestions soient prises
en compte, la majorité des membres de la CSSPPT a donné au
Gouvernement un avis favorable pour proposer l'avant-projet de loi au vote du
Parlement.
JEAN BESSON
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La CSSPPT est composée de :
MM. BESSON, Député du Rhône, Président ;
Jacques GUYARD, Député de l'Essonne ; Gérard
VIGNOBLE, Député du Nord, Vice-présidents ;
Christian CABAL, Député de la Loire ; Paul CARENCO,
Inspecteur Général Honoraire des P. et T. ;
Grégoire CARNEIRO, Député de la Haute-Garonne
; Gérard DELFAU, Sénateur de l'Hérault ;
Frédéric GRASSET, Directeur des Affaires Economiques
et Financières
au Ministère des Affaires Etrangères ; Pierre HÉRISSON,
Sénateur de Haute-Savoie ;
Jean PRORIOL, Député de la Haute-Loire ; René
TRÉGOUËT, Sénateur du Rhône ;
François TRUCY, Sénateur du Var ; Bernard ZUBER,
Conseiller Maître à la Cour des Comptes