Circulaire du 15 mai 1996 relative à la communication,
à l'information et à la documentation des services de l'Etat sur
les nouveaux réseaux de télécommunication
Paris, le 15 mai 1996.
Le Premier ministre
à
Mesdames et Messieurs les
ministres et secrétaires d'Etat
- OBJET
-
Communication, information et documentation des services de l'Etat sur les
nouveaux réseaux de télécommunication
- REFER
-
- Décret n. 71-570 du 13 juillet 1971 modifié
- Décret n. 85-1135 du 23 octobre 1985
- Décret n. 89-145 du 6 mars 1989
- Circulaire du 31 janvier 1990 relative à l'information
administrative du public par voie télématique
- Circulaire n. 3401/SG du 14 février 1994 relative à la
diffusion des données publiques
- Circulaire n. C 52/97 M 77 du 15 janvier relative à la coordination
de la communication gouvernementale, des études et des sondages d'opinion
La France doit participer pleinement au développement des autoroutes de
l'information. Aussi ont été mises en place des politiques de
soutien aux expérimentations sur les nouveaux réseaux et à
l'équipement en micro-ordinateurs communicants.
Pionnière de la télématique, la France doit conserver un
rôle de premier plan sur ces nouveaux réseaux et particulièrement
sur le réseau mondial INTERNET.
Est positive, à cet égard, la multiplication des initiatives
administratives en matière de serveurs et services d'informations,
s'adressant au public sous des formes variées, et recourant aux nouveaux
réseaux de télécommunication.
La généralisation du traitement numérique des données
et les opportunités offertes par des coûts de lancement et
d'entretien en baisse favorisent en effet l'émergence de nouvelles
possibilités de dialogue avec les citoyens, les usagers du service
public, les entreprises, les autres administrations et les publics étrangers.
Une telle évolution permet en outre d'espérer une plus large
diffusion des informations qui sont nécessaires tant au travail
quotidien des agents publics qu'aux rapports entre services publics et
usagers. Ces progrès doivent s'accompagner du maintien et, si possible,
de l'amélioration de la qualité des informations diffusées.
Certaines administrations ont d'ores et déjà acquis une bonne
connaissance des serveurs et des réseaux et su maîtriser les
styles éditoriaux correspondants.
S'agissant notamment du réseau mondial INTERNET, nos compatriotes y ont
dorénavant accès au coût d'une communication téléphonique
locale.
L'Etat doit prendre part au développement d'INTERNET en créant
des produits d'information, de documentation et de communication accessibles
par ce réseau. A cette fin, le Gouvernement a décidé que
chaque ministère serait doté, d'ici au 31 décembre 1997,
d'un tel ensemble de produits et que les crédits
du fonds interministériel de modernisation(FIM) pourraient être
mobilisés à cet effet.
Au demeurant, un certain nombre de projets d'administrations bénéficient
d'une aide financière de l'Etat dans le cadre du soutien aux 244 expérimentations
relatives aux autoroutes de l'information ayant reçu le label "projet
d'intérêt public".
La modernité des moyens ne doit cependant pas faire oublier la
constance des objectifs, dont plusieurs organismes interministériels,
placés auprès du Premier ministre, portent avec vous la
responsabilité: livrer des informations complètes et validées,
rigoureusement tenues à jour, claires, d'égal accès, répondant
aux questions qui se posent le plus fréquemment et permettant
l'approfondissement d'une recherche sans redondance ni lacune.
La mise en oeuvre des applications doit également prendre soin de bien
articuler entre eux les projets des administrations qui entendent donner des
renseignements intéressant des domaines identiques ou connexes. Il
convient notamment d'éviter des actions désordonnées ou
concurrentes qui entraîneraient un gaspillage de deniers publics sans
avantage pour l'utilisateur.
Il convient enfin de prendre en compte la dimension mondiale d'un réseau
comme INTERNET, tout à la fois pour adapter les services proposés
aux caractéristiques du public international et pour éviter
d'implanter sur ce réseau des services qui, en raison de leur contenu,
des exigences de confidentialité qui s'y attachent ou de leurs
destinataires potentiels, trouveraient plus opportunément leur place
sur les réseaux nationaux existants.
La présente circulaire fixe des directives en vue d'harmoniser des
initiatives qui, si heureuses qu'elles soient dans leur inspiration, doivent être
mises en cohérence dans l'intérêt général.
1. Il convient, en premier lieu, de distinguer communication gouvernementale
d'une part, et missions d'information et de documentation administratives en
direction du public, d'autre part.
-
La première relève à titre principal du
service d'information du Gouvernement.
Elle est coordonnée par ce service, ainsi que le rappelle ma circulaire
en date du 15 janvier 1996 .
-
Les secondes sont coordonnées par la
commission de coordination de la
documentation administrative (C.C.D.A.) conformément au décret
instituant cette commission (décret no 71-570 du 13 juillet 1971 modifié)
dont les dispositions sont notamment commentées dans la circulaire de
mon prédécesseur en date du 31 janvier 1990 . Elles sont placées
sous la responsabilité de chaque département ministériel.
L'information administrative du public (droits et démarches), quant à
elle, relève conjointement de chaque département ministériel
et de la direction de la Documentation
française.
a) S'agissant des projets touchant à la communication
gouvernementale, je rappelle que ces derniers doivent être soumis à
une commission d'agrément, après instruction par le service
d'information du Gouvernement. Cette commission peut demander que des
modifications soient apportées aux projets qui lui sont soumis afin
d'améliorer la cohérence et la lisibilité du message
gouvernemental.
b) S'agissant de l'information pratique (droits et démarches),
le rôle de coordination incombe à la C.C.D.A. Cette instance est
chargée de veiller à ce que l'ensemble des domaines
d'information soient couverts de manière satisfaisante pour l'usager.
Elle émet un avis sur tout projet de constitution ou de transformation
de produits d'information quel qu'en soit le support ou le mode de diffusion.
S'agissant de la documentation, la C.C.D.A. veille au suivi des
produits élaborés par les administrations et, le cas échéant,
à l'harmonisation des produits concurrents ou insuffisamment complémentaires.
L'agrément de la commission d'agrément ou l'avis de la C.C.D.A.
est présenté au contrôleur financier au moment de
l'engagement des dépenses.
L'un et l'autre - j'insiste là-dessus - doivent être rendus dans
des délais brefs: la nature même des nouveaux réseaux
d'information impose que celle-ci puisse être adaptée rapidement.
De simples modifications ou aménagements ne sont pas soumis à
ces procédures: seules en relèvent les refontes impliquant une véritable
transformation du produit de communication, d'information ou de documentation
considéré.
Selon le type d'informations que vous serez amenés à
diffuser, vous voudrez bien vous rapprocher de ces organismes dès le début
de vos réflexions sur un projet d'ouverture de service et vous
veillerez à respecter la répartition de leurs attributions.
Outre son rôle spécifique en matière d'information
administrative, il appartiendra à la Documentation française de
proposer, sur le réseau INTERNET, un service facilitant l'accès
aux deux types de services définis aux a et b ci-dessus.
Ces instructions s'appliquent à l'ensemble des services électroniques
d'information, de documentation et de communication, qu'ils soient diffusés
sur un réseau national (Télétel) ou sur le réseau
mondial INTERNET.
2. S'agissant particulièrement du réseau INTERNET, les
instructions précédentes font l'objet des aménagements
suivants:
a) Les produits d'information, de documentation et de communication diffusés
sur INTERNET doivent faire l'objet d'une évaluation régulière
permettant d'étudier leurs modalités d'utilisation tant d'un
point de vue quantitatif (nombre de connexions, durée, origines...) que
qualitatif (type de demande, adéquation du service aux besoins de
l'utilisateur). Les données ainsi recueillies devront être
transmises chaque année au service
d'information du Gouvernement pour les produits touchant à la
communication gouvernementale et à la
C.C.D.A. pour les autres services.
Tous les trois ans, l'agrément ou l'avis sera soumis à un réexamen:
du service d'information du Gouvernement, pour ce qui relève de la
communication gouvernementale; de la C.C.D.A., pour ce qui concerne
l'information et la documentation administratives. Ce réexamen sera
fondé sur les résultats de l'évaluation. Comme pour l'avis
ou l'agrément initial, le réexamen devra intervenir dans des délais
brefs;
b) Vous devrez en outre veiller, dans la conduite de chaque projet, au
respect des dispositions suivantes:
-
Racine commune "gouv.fr":
pour tout projet diffusé sur le réseau INTERNET, vous êtes
invités à utiliser la racine "gouv.fr" afin que les
usagers (français ou étrangers) n'aient aucun doute sur le fait
qu'il s'agit d'un service officiel de l'administration française, placé
sous son contrôle ou agissant en son nom et pour son compte. Cette
racine commune doit être utilisée aussi bien pour les services de
communication gouvernementale, les services d'information administrative du
public, les services de documentation administrative, les campagnes
ponctuelles de communication ou même les services à usage interne.
-
Langue: la loi
du 4 août 1994, relative à l'emploi de la langue française,
impose aux administrations l'usage du français dans la rédaction
des écrans, mais n'interdit pas une traduction en anglais, à
condition de proposer également une traduction dans au moins une autre
langue étrangère.
-
Compatibilité: dans un souci d'économie et de cohérence,
les nouveaux développements auront tout avantage à adopter un
certain nombre de standards techniques (moteurs informatiques, systèmes
de pointage, polices de caractères compatibles avec le bon usage du
français...). A cette fin, les responsables de projet se rapprocheront
utilement de "l'atelier INTERNET"
créé auprès du ministre délégué à
la poste, aux télécommunications et à l'espace.
-
Sécurité: l'ouverture de services télématiques
sur le réseau mondial INTERNET doit s'accompagner de mesures propres à
éviter toute intrusion indésirable au sein des équipements
informatiques des administrations. Le service central pour la sécurité
des systèmes d'information vous conseillera utilement dans ce domaine.
-
Annuaire et guide des produits administratifs d'information, de
documentation et de communication présents sur INTERNET: la
direction de la Documentation française est chargée de
concevoir, de réaliser et de tenir à jour cet instrument. Un système
de recherche permettant d'accéder rapidement à une information
précise sur l'un de ces produits sera mis en place par elle. L'accès
à ce système devra se trouver sur l'ensemble des sites dépendant
des administrations de l'Etat. En conséquence, avant toute réalisation
d'un projet sur INTERNET, vous informerez la Documentation française de
vos intentions, afin qu'elle puisse le prendre en compte simultanément à
l'ouverture du nouveau produit et, le cas échéant, vous signaler
toute information qui pourrait vous être utile dans sa réalisation.
Je vous demande par ailleurs, s'agissant des produits déjà
existants, de lui fournir sans tarder toute information utile à la réalisation
de la mission qui lui est confiée.
Charte graphique: les services de communication gouvernementale diffusés
sur INTERNET doivent tenir compte, dans la conception de leurs pages
d'accueil, de la charte graphique élaborée par le service
d'information du Gouvernement. Ils devront en particulier respecter les règles
graphiques, dérivées de celles existantes pour les documents écrits
de la communication gouvernementale, qui seront prochainement élaborées
pour un usage spécifique sur le réseau INTERNET. Il convient également
que les services d'information ou de documentation administrative s'en
inspirent. Dans un cas comme dans l'autre, l'objectif est de renforcer l'unité
visuelle des informations de source officielle. Le service d'information du
Gouvernement étudiera les adaptations à apporter aux lignes
graphiques existantes.
3. La commission de coordination de
la documentation administrative émettra à l'avenir, compte
tenu des problèmes rencontrés, des conseils et recommandations
relatifs à la fourniture, par les administrations de l'Etat, de
produits d'information, de documentation et de communication sur le réseau
INTERNET.
Le président de la C.C.D.A. constituera à cet effet un groupe de
travail réunissant des représentants du commissariat à la
réforme de l'Etat, du service d'information du Gouvernement, de la
direction de la Documentation française, du service juridique et
technique de l'information et de la communication, du Commissariat général
du Plan, de la délégation à la langue française, du
secrétariat général de la défense nationale, du
ministre délégué à la poste, aux télécommunications
et à l'espace et de tous autres ministères ou organismes dont la
participation lui paraîtra utile.
Les recommandations issues des travaux de ce groupe, dont les premières
interviendront d'ici à quelques mois, pourront notamment porter sur les
questions suivantes:
- modalités d'identification garantissant qu'il n'existe aucun
doute, dans l'esprit de l'utilisateur, sur l'origine et la validité des
informations diffusées;
- signalement mutuel des serveurs publics relevant de l'administration
française, avec possibilité de renvois;
- démarches à suivre pour que les produits d'information, de
documentation ou de communication proposés par les administrations françaises
sur le réseau INTERNET figurent dans les annuaires de services
disponibles sur ce réseau;
- utilisation optimale de la fonction de "navigation" pour la
recherche thématique d'informations;
- conditions d'emploi de l'anglais et des autres langues étrangères;
- utilisation éventuelle et modalités d'usage, pour les
besoins propres des administrations, du réseau INTERNET.
En dehors même des travaux de ce groupe, la C.C.D.A. fera le point,
dans son rapport annuel, sur la promotion des données officielles françaises
par le réseau INTERNET.
4. Mesures transitoires et dérogations.
Les administrations de l'Etat qui, à la date de publication de la présente
circulaire, proposent des produits d'information, de documentation et de
communication sur le réseau INTERNET veilleront à les mettre en
conformité avec les instructions qui précèdent avant le
31 décembre 1996.
En particulier, les administrations, qui offrent déjà des
services importants en volume d'information et pour lesquels l'utilisation immédiate
de la racine "gouv.fr" poserait des problèmes de mise à
jour, pourront garder temporairement leur ancienne racine. Toutefois, elles
devront, dans les meilleurs délais, mettre en place un système
de double accès permettant d'atteindre les pages principales des menus
de leur service soit par l'ancienne racine, soit par la nouvelle.
En outre, quelle que soit la date à laquelle a commencé
l'exploitation d'un produit d'information, de documentation ou de
communication sur le réseau INTERNET, l'administration de l'Etat qui
propose ce produit pourra déroger aux instructions contenues dans la présente
circulaire, lorsque la dérogation est justifiée par les caractéristiques
du produit ou par l'intérêt du service. Le service d'information
du Gouvernement ou la commission de coordination de la documentation
administrative, selon le cas, devront être saisis aux fins de se
prononcer sur cette justification.
Alain JUPPÉ