COMMISSION DES RECHERCHES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES SUR LA SECURITE ET LA SANTE DANS LES INDUSTRIES EXTRACTIVES
Médecine occidentale et vision chinoise
Exposés et débats du 18 novembre 1999
1ère partie  : La médecine occidentale  
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CONCLUSION de M. MARQUET
 
M. MARQUET
Malgré l'arrêt progressif des grandes exploitations minières, la silicose restera un problème d'actualité pendant encore de nombreuses années. Cependant, compte tenu de la dispersion et de la petite taille des entreprises exposant aux poussières siliceuses, la connaissance de cette pathologie risque, à terme, de se disperser et de s'amenuiser.

Mis à part les quelques cas de silicose évoluant sur un mode aigu, en général à la suite d'une exposition massive, le monde du travail n'aura connaissance que des formes peu évoluées au moment du départ à la retraite.

L'organisation d'un suivi post-professionnel dans l'ancien bassin houiller du Nord Pas de Calais, véritable observatoire des retraités silicosés, a permis de prendre conscience du potentiel évolutif de cette affection qui aboutit à plus ou moins long terme à la destruction complète des poumons.

Les différents essais thérapeutiques tels que l'administration d'aérosols de sels d'aluminium, n'ont pas permis d'enrayer cette évolution. Cependant nous avons pu constater une diminution significative du nombre de silicoses à fort potentiel évolutif chez les anciens mineurs ayant été soustraits précocement au risque, dès l'apparition des premiers signes de la maladie. Cette évolutivité semble également d'autant moins importante que les premiers signes radiologiques apparaissent tardivement.

En l'absence de thérapeutique curatrice, la prévention reste le maître mot. Elle doit s'exercer à tout niveau : industriel par la réduction des empoussiérages, médical par le retrait le plus précoce possible des personnes présentant les signes radiologiques d'atteinte pulmonaire.

Les progrès thérapeutiques ne sont pas cependant absents de ces cinquante dernières années. Ils ont porté en particulier sur la prise en charge de l'insuffisance respiratoire et de ses complications. Il faut savoir qu'un poumon détruit ne se régénère pas et que la seule solution consiste à utiliser au mieux ce qu'il en reste.

Pour être efficace, cette action doit s'effectuer précocement, avec la participation active des patients. Elle passe tout d'abord par l'amélioration de l'hygiène de vie (suppression du tabac, conservation d'une activité physique, lutte contre l'obésité, etc.).

La rééducation respiratoire et le réentraînement à l'effort, sous contrôle d'un kinésithérapeute, peuvent retarder l'installation d'une insuffisance respiratoire grave et préserver au maximum l'autonomie. Ils peuvent être induits lors d'une "cure", mais doivent trouver leur prolongement au domicile.

Même dans les cas les plus graves, nécessitant une oxygénothérapie au long cours, l'autonomie doit rester le premier souci du thérapeute. Elle est maintenant facilitée par l'utilisation de matériels de déambulation utilisant l'oxygène liquide.

Enfin, la prise en charge de très grands insuffisants respiratoires peut s'intégrer, par l'utilisation de matériels de ventilation, au cadre familial, permettant ainsi de rompre l'isolement de l'hospitalisation.

Ce bilan peut paraître sombre, mais la gestion du problème, actuellement facilitée par la concentration géographique de la population atteinte, a permis de développer des protocoles d'actions efficaces. Souhaitons que ces bases ainsi jetées contribuent à la poursuite d'une prise en charge tout aussi efficace des cas isolés qui sont appelés à devenir majoritaires.

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