COMMISSION DES RECHERCHES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES SUR LA SECURITE ET LA SANTE DANS LES INDUSTRIES EXTRACTIVES
Médecine occidentale et vision chinoise
Exposés et débats du 18 novembre 1999
1ère partie  : La médecine occidentale  
Sommaire

 
1 - Pourquoi un colloque sur le thème "Suivre et soigner les Pneumoconiotiques" ?
 

M. Cocude
 

La réponse est simple : la santé des mineurs est pour nous une préoccupation majeure et la réunion d'un colloque est un bon moyen pour appeler l'attention sur le sujet.

Le risque est grand en effet, étant donné l'incontestable déclin des charbonnages, de considérer ce sujet comme secondaire (on n'ose dire "mineur"). Il n'en est rien. La baisse puis la cessation de l'activité charbonnière ne supprime pas du jour au lendemain les malades dont de nouveaux cas sont répertoriés chaque jour. Au-delà de ce secteur, les cas de pneumoconiose ne sont pas rares dans les autres branches d'activité extractive et dans nombre de secteurs industriels. Enfin, travailler ce sujet ne peut qu'être utile pour d'autres pathologies pulmonaires environnementales.

Un écueil redoutable dans notre cas est la démobilisation qu'amène l'absence de progrès thérapeutique notable alors que la médecine fait des avancées spectaculaires dans d'autres domaines. A ceci nous opposons une volonté délibérée  d'explorer tous les possibles. Un retour sur les avancées des dernières décennies devrait d'ailleurs nous encourager à aller de l'avant.

Un des moyens pour faire apparaître de nouveaux possibles est d'opérer un changement complet d'approche. Nous avons choisi de changer de contexte culturel en nous intéressant à une médecine orientale.

C'est bien en effet l'intérêt d'un colloque : faire le point de ce qui se fait et de ce qui peut se faire en confrontant les expériences, élargir autant que faire se peut les modes d'approche ; ici, en appelant autour de la table les porteurs d'une tout autre tradition culturelle.
 

2 - Pourquoi la médecine chinoise ?

Il y a de nombreuses raisons.

La médecine chinoise nous oblige à un grand effort de "décentration". C'est pour nous un choc culturel et nous noterons pour l'anecdote que ce choc avait été particulièrement sensible à l'un de nos grands anciens, M. l'Inspecteur général des Mines LOCHARD, Président en 1945-1946 de notre Commission - qui s'appelait alors la Commission du Grisou - après avoir été Chef du service des mines de l'Indochine. Les Charbonnages du Tonkin ont été on peut le rappeler une des richesses de la colonie française puis du Vietnam d'aujourd'hui.

La raison majeure de ce choix réside dans le fait que la Chine est aujourd'hui le plus grand producteur de charbon au monde avec un milliard de tonnes produites chaque année. Cet ordre de grandeur est plus de dix fois supérieur à celui atteint par les charbonnages français au plus haut de leur activité. On y compte aussi corrélativement le plus grand nombre  de pneumoconiotiques reconnus : plusieurs centaines de milliers. (En France, nous en comptons aujourd'hui quelque 25000 après un pic du double vingt ans auparavant).
La prévention et le traitement des malades y sont donc des préoccupations majeures et nous ne pouvons que tirer avantage à regarder ce qui se fait en ce domaine et notamment en matière de médecine traditionnelle. La combinaison de cette médecine avec la médecine occidentale fait d'ailleurs actuellement l'objet de nombreuses recherches en Chine même.

En outre, la médecine chinoise est une des médecines non conventionnelles (alternatives et /ou complémentaires) dont le parlement européen a recommandé l'étude à la Commission Européenne en menant les travaux nécessaires à leur validation et en y affectant des crédits dès 1994.

Lors de la séance du jeudi 29 mai 1997 le Parlement  invitait notamment le Conseil "à favoriser le développement de programmes de recherche dans le domaine des médecines non conventionnelles intégrant l'approche individuelle et holistique, le rôle préventif ainsi que les spécificités des disciplines médicales non conventionnelles,…."
Nous espérons donc au terme de notre exercice d'aujourd'hui apporter une contribution positive  à une réflexion menée au niveau de l'Union Européenne.

Le colloque organisé par la CORSS comportera deux grandes parties :

La première sera une présentation de ce que sont les pneumoconioses et pathologies associées.
Ensuite seront présentés les méthodes de suivi des pneumoconiotiques et les soins qui leur sont dispensés. Un retour sur les cinquante dernières années (depuis la nationalisation de l'industrie charbonnière au lendemain de la 2ème guerre mondiale) montrera les progrès accomplis pendant cette période. La réhabilitation respiratoire fera l'objet d'une présentation spéciale.
Un troisième volet sera la présentation des travaux et recherches en cours dans la médecine occidentale et les perspectives qui s'y dessinent.

 La seconde partie traitera de l'approche chinoise de la maladie et des malades.
Trois grandes modalités de la médecine chinoise, acupuncture, qi gong, pharmacopée seront examinées… Il y en a d'autres telles que les massages ou la moxibustion que faute de temps nous n'aborderons pas, sauf incidemment. Pour chacune des modalités retenues, il sera effectué une présentation générale de cette modalité avec l'indication de ses problèmes et critères de validation au regard des exigences de la science contemporaine.

L'apport des thérapeutiques au cas des pneumoconioses et plus généralement au cas des pathologies pulmonaires sera discuté ainsi que les perspectives d'avenir, les recherches à entreprendre et expériences à mener.

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