COMMISSION DES RECHERCHES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES SUR LA SECURITE ET LA SANTE DANS LES INDUSTRIES EXTRACTIVES
Médecine occidentale et vision chinoise
Exposés et débats du 18 novembre 1999
2ème partie  : La médecine chinoise 
L'acupuncture
Sommaire
 
 
PRATIQUE DE L'ACUPUNCTURE, AIDE A LA READAPTATION FONCTIONNELLE

P. SAUTREUIL
 

L'acupuncture a ceci de remarquable qu'elle est une médecine pluri-millénaire, plongeant ses racines dans l'antiquité chinoise, et une composante de notre médecine moderne technologique.

Elle ouvre à notre médecine scientifique des pistes nouvelles dans la séméiologie, la physiopathologie et la thérapeutique.

Transmise de Maître à disciple depuis de nombreuses générations, elle est enseignée dans notre pays depuis une cinquantaine d'années.

Pour ma part, j'ai intégré des éléments de l'Acupuncture à mes consultations (externes hospitalières) de Médecine Physique et Réadaptation (M. P. R.) pour la prise en charge des pathologies musculo-ostéoarticulaires et plus particulièrement celles concernant le rachis (cervicalgie, névralgies cervicobrachiales, lombalgies, lombosciatalgies, scolioses adultes…) d'origine dégénérative ou traumatique.

La description de sa douleur par le patient est le point fort de l'examen clinique.

Le diagnostic repose en partie sur la recherche d'un syndrome cellulo-téno-myalgique (Robert Maigne, Hôtel Dieu, Paris) et celle de trigger points (points gachettes, le plus souvent des faisceaux de fibres musculaires contracturées) ainsi que la palpation des points d'acupuncture et des méridiens.

L'examen clinique doit retrouver la douleur décrite par le patient. Cela correspond à la pragmatique recherche chinoise des points "Ah shi" c'est à dire : "Ah"  manifestation (internationale) de la douleur, "shi", "c'est" (sous-entendu, c'est bien là que j'ai mal).

Le recours aux examens biologiques et surtout radiologiques a lieu chaque fois que nécessaire.

L'étape thérapeutique repose sur des techniques de relaxation musculaire et sur une utilisation locale, loco-régionale et parfois générale des aiguilles d'acupuncture (stériles, à usage unique).

L'aiguille est enfoncée au niveau du point d'acupuncture ou du point douloureux à une profondeur qui dépend du repérage clinique. Elle est ensuite manipulée, en rotation alternative et en profondeur de façon à obtenir le "de qi", la douleur spécifique qui donne dans une consultation ce dialogue (en Chine) : Yo ma ? : "est-ce que tu l'as ?" sous-entendu, est-ce que tu ressens la douleur ? 
-"Yo!" : "J'ai" : "oui".

La concordance des trois douleurs, celle ressentie spontanément par le patient, celle retrouvée à l'examen et celle provoquée par l'aiguille, dans leurs formes voire en  intensité, est  une garantie d'efficacité thérapeutique.

A ces points locaux sont associés, en fonction de la clinique, des points maîtres régionaux ou généraux.

Dans le contexte spécifique de ma pratique hospitalière, je n'ai actuellement recours ni à la stimulation électrique  ni à la moxibustion* (combustion d'armoise séchée présentée en bâtonnet).

Le nombre de séances varie de 3-5 à 10. Des séances de "rappel" sont parfois nécessaires quand l'affection est chronique. Le rythme dépend de la clinique et de l'impact de la thérapeutique. Ces séances de routine peuvent avoir lieu tous les mois, tous les deux / trois mois…

Un certains nombre de patients, en particulier pour les lombo-sciatalgies, sont pris en charge dans un cadre pluridisciplinaire associant kinésithérapeute, ergothérapeute, psychologue, psychiatre et parfois assistante sociale. Ce fonctionnement est assez spécifique des services de M. P. R.
 
 
 

* Zhen Jiu correspond, en Chine, à un ensemble indissociable d'acupuncture (zhen) et moxibustion (jiu).

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