(Last update : Thu, 1 Oct 1998)
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RAPPORT SUR L'ACTIVITÉ
DU CONSEIL GÉNÉRAL DES MINES
EN 1997-98

D. PETIT

Comité d'experts

Projet de stockage souterrain des Landes-de-Siougos

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Le projet de stockage souterrain de gaz dans la structure géologique dite «des Landes-de-Siougos» dans le département des Landes a fait apparaître, lors de la procédure d'instruction au niveau local, de nombreuses questions impact.

Le stockage de gaz est envisagé dans la nappe profonde du dano-paléocène. Or cette nappe est exploitée d'une part, pour l'alimentation en eau potable, à quelques dizaines de kilomètres au sud-est, et d'autre part, par les stations thermales de la région de Dax, au sud-ouest. En outre, cette nappe est en communication avec celle qui est utilisée pour la géothermie à Mont-de-Marsan.

Les ministres de la Santé, de l'Environnement et de l'Industrie ont donc constitué, par lettre du 30 octobre 1996, une commission chargée de procéder à une évaluation du dossier et à un examen de la situation. Cette commission est constituée de MM. les Professeurs Gasser, de l'Institut Pasteur, Conrad, de l'Université d'Aix-Marseille, de M. Sauty, du BRGM, et de M. Petit, du Conseil Général des Mines, qui en assume la présidence.

Après des investigations approfondies au cours desquelles elle a recueilli l'avis des personnalités scientifiques locales, des principaux élus et des services administratifs, la commission a abouti aux conclusions suivantes :

- La structure envisagée ne présente pas de risques pour ce qui est du confinement du gaz.

- L'injection massive de gaz dans l'aquifère conduit à des mouvements d'eau de longue durée qui se traduisent par des augmentations de pression et, aux exutoires, par des augmentations de débit. Ces phénomènes sont transitoires et leur ampleur est réglée par la vitesse de développement du stockage.

- Les mouvements saisonniers de gaz ont une influence plus restreinte géographiquement. Les flux et reflux qui en résultent s'annulent en moyenne annuelle.

- La qualité de l'eau peut être modifiée du fait de la mise en solution du gaz ou des composés qu'il contient. Ces phénomènes ne dépendent pas beaucoup de la géologie locale. L'analyse qui en a été faite pour d'autres stockages (Izaute, Lussagnet) ne fait pas craindre d'impact de grande ampleur.

- La qualité de l'eau peut également être modifiée du fait de modifications des échanges entre les nappes profondes en raison des variations piézomètriques. Ce phénomène serait particulièrement dommageable dans le cas des ressources hydrothermales.

- Les simulations établies par Gaz de France exploitent au mieux les connaissances, malheureusement incomplètes, des systèmes hydrogéologiques concernés, sous réserve de quelques améliorations des modèles, auxquelles Gaz de France a procédé depuis.

- Les risque liés aux mélanges de nappes changent radicalement selon que ces nappes ont ou non des compositions voisines. Ce point doit être éclairci par de nouvelles analyses, celles qui ont été faites étant contestées par certains experts locaux.

- Le système hydrothermal de Dax (et celui d'Eugénie-les-Bains, moins directement concerné) est mal connu. L'exploitation du thermalisme à Dax est menée dans des conditions parfois peu judicieuses qui ont provoqué des perturbations au moins aussi importantes que celles qui sont attendues du fait du projet. A condition de rester bien en deçà de ces limites dans un premier temps, il ne faut pas craindre d'influence défavorable du stockage sur ce système.

- Il n'est pas possible d'améliorer la connaissance des aquifères concernés sans procéder à une première injection expérimentale dont l'ampleur sera déterminée en fonction des éléments ci-dessus.

- Cette première injection doit être précédée d'une amélioration de la connaissance du point zéro par la mise en place de piézomètres complémentaires situés à plus faible distance de la structure de Landes-de-Siougos que ceux existants.

Dans ces conditions, la commission a recommandé que le dispositif d'observation des aquifères concernés soit complété sans tarder, que des analyses complémentaires soient faites sur les nappes en communication, que des simulations soient faites avec des hypoth&egrapénalisantes (même si elles ne semblent pas réalistes), que le recueil des données sur les débits prélevés dans les nappes soit sensiblement amélioré et qu'une première injection expérimentale soit effectuée, limitée à 300 millions de mètres cubes de gaz. A l'issue de cette injection il sera possible de mieux cerner le comportement des aquifères et d'en améliorer la modélisation en vue d'une décision sur le développement du stockage.

La commission a enfin souligné l'intérêt qui s'attache à une meilleure connaissance des prélèvements d'eau souterraine, comme l'avait déjà mis en évidence le rapport du Conseil Général sur la gestion des eaux souterraines. Elle s'est étonnée du manque de gestion coordrces en eau hydrothermale de Dax et insiste pour que les conditions d'une telle gestion soient mises en place rapidement, ce que l'état actuel de la réglementation des eaux minérales ne facilite pas. Elle a déploré que les remarquables ressources géothermiques de Mont-de-Marsan ne fassent pas l'objet d'une exploitation plus active.