(Last updated : Sun, 18 May 1997)
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RAPPORT SUR L'ACTIVITÉ
DU CONSEIL GÉNÉRAL DES MINES
EN 1997-98

T. GAUDIN

Innovation et coopération industrielle dans les projets de recherche

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Par lettre du 29 mai 1997, le Ministre a demandé au Conseil Général des Mines une étude sur la coopération industrielle dans les projets de recherche. Cette mission, confirmée par le nouveau gouvernement, a donné lieu à un rapport, élaboré par l’ingénieur général Gaudin, d’abord soumis à l’examen de la nouvelle section commune CGM-CGTI «innovation et entreprises», puis remis au Ministre en juin 1998.

Le résultat essentiel de ce travail est que le contexte international de la coopération inter-entreprises a profondément évolué dans les années 80 et 90. Les alliances stratégiques pour la mise au point de nouvelles technologies étaient autrefois l’exception. Elles se sont généralisées, d’abord dans les NTI (nouvelles technologies de l’information), puis dans les autres secteurs, et sont devenues presque systématiquement transfrontalières.

Les économistes, d’abord surpris par ce phénomène, en ont fait un sujet de recherche central dans les années 90, considérant qu’il s’agissait là d’un nouveau mode de relation inter-entreprises : ni la concurrence, ni la vassalisation. Ce nouveau mode paraît lié à un autre phénomène, la «course à l’innovation». En quelque sorte, pour aller le plus vite possible, les entreprises surmontent leurs anciennes rivalités et trouvent des modalités d’accord avec, si possible, les alliés les plus compétents, donc les plus rapides, à l’échelle mondiale.

Il s’ensuit que la tendance, bien compréhensible, des administrations à favoriser, par différentes incitations, les coopérations franco-françaises, paraît quelque peu dépassée par cette évolution mondiale, que les travaux de l’institut de recherche de Maastricht (MERIT) montrent comme la constitution de véritables toiles d’araignées mondiales planétaires enserrant des domaines entiers de la technologie.

Dans la seconde partie du rapport, comme suite à ce constat, est posée la question de la redéfinition de la politique de l’innovation, qui devient un enjeu stratégique à long terme. Le terme «stratégique» est ici employé sans emphase. Il correspond très exactement à l’intention affiché par le Président des Etats-Unis (cité dans le rapport), ouvertement dominatrice, non par la force des armes, mais par celle de la maîtrise des technologies. Or, la politique de l’innovation, lancée dans les années 70, n’a jamais en France connu son plein développement. Focalisée sur les «aides», partiellement prolongée par des tentatives de faire épanouir le capital-risque, elle n’a pratiquement pas abordé les deux volets les plus importants, sans lesquels il ne peut y avoir éclosion de l’innovation : la réduction des obstacles (corporatistes, bureaucratiques ou sous forme d’entraves plus ou moins détournées à l’émergence de nouveaux concurrents) et l’utilisation des marchés publics pour capitaliser l’expérience dans de nouvelles technologies, rôle qui était autrefois assumé par les commandes militaires, auxquelles il faut trouver maintenant des relais civils.

L’avis de la section commune CGM-CGTI fait observer que ce rapport est à rapprocher de celui de Didier Lombard sur les insuffisances du système des brevets et de celui de Robert Chabbal sur le financement des entreprises innovatrices. La section estime que ces trois rapports fournissent une bonne base de départ pour définir une politique de l’innovation et se propose de continuer à travailler sur ce sujet.