[ Yolin | 2003 | Sommaire ]

3.2.1.3 La formation: un marché qui explose, le "e-learning"

Avec l'émergence de "l'économie du savoir" (knowledge-based Economy), la matière grise est aujourd'hui la principale richesse d'un pays. (22 milliards d'euros en 2000, en progression de 2% sur 1999)

C'est aussi l'atout compétitif majeur des entreprises qui ont consacré 61 Milliards de $ en 1998 rien qu'aux USA à la formation continue de leurs employés (émergence du "knowledge management" depuis1998, création de nombreuse "corporate universities") l'investissement des entreprises Françaises (9 G€)s'est accru de 5% en 2000

Enfin pour des parents la formation inculquée à leurs enfants constitue aujourd'hui la meilleure dot "you earn what you learn" en 2000 l'investissement des ménages dans la formation s'est accru de 14%

La formation devient un enjeu essentiel: chaque jour les technologies progressent, les métiers évoluent, l'organisation change, les méthodes de management se transforment: les besoins augmentent tant pour la formation initiale que pour la formation continue

Mais... les budgets disponibles et surtout le temps qu'il est possible de dégager ne sont pas extensibles à l'infini. c'est la raison pour laquelle les outils construits sur l'Internet émergent à très grande vitesse (notamment en Amérique du Nord). Ils offrent en effet de nombreux atouts:

Tout ceci conduit tout à la fois

Le e-learning conduit à l'éclatement des structures d'enseignement en 3 métiers profondément distincts

Internet apporte le même bouleversement que le cinéma d'un coté et la télévision d'un autre en a apporté aux théâtres de province

Les représentations "live" données chaque soir par les théatres de boulevards ont été largement remplacées par de prospères chaines de télévision qui assurent une programmation (en fonction du public visé) de films (en provenance pour l'essentiel d'Hollywood, faisant appel à des vedettes mondialement connues, mobilisant souvent d'énormes budgets rentabilisés en quelques mois) à côté de "news", d'interview, de jeux élaborés par la chaine.

Une industrie de support technique (caméras, émetteurs hertziens,...) s'est développée a côté

Il subsiste pour un public "d'élite" quelques grands Opéras et prestigieux théatres ... souvent déficitaires

Le e-learning est ainsi un enjeu pour notre balance commerciale (la Banque Merrill Lynch estime que ce marché, hors système public, pourrait croître de 3,6 Milliards de dollars en 1999 à 25 en 2003). Le Crédit Suisse l'évalue de son côté à 40 Milliards de dollars en 2005

... mais aussi pour notre balance "culturelle": imaginons que des universités comme Stanford ou Harvard offrent des formations reconnues sur le plan international sous le "label" d'un prix Nobel et qui, grâce aux économies de transport et de séjour revient finalement moins cher qu'une formation universitaire (ou continue) en France, que choisiront les étudiants (ou leurs parents) et les employeurs? ne peut-on craindre, tant pour nos étudiants que pour ceux de pays tiers où l'influence française se maintient de douloureuses conséquences?: ne risque-t-on pas d'assister à la même concentration qu'à Hollywood pour le cinéma aujourd'hui, nos Ecoles étant reléguées au rang de "relais de tutorat" Jan Rembowski ESC Reims?

Ce problème ne concerne évidemment pas seulement l'enseignement supérieur

Cette mutation va entrainer de fortes évolution des métiers d'enseignant: la disparition du "professeur" délivrant son enseignement dans de grands amphithéâtres au profit d'équipes pédagogiques élaborant des cours d'une part et de tuteurs d'autre part

Evidemment une telle évolution met en exergue un certain nombre d'aberrations du système actuel: un seul exemple, des enseignants dans le supérieur payés en fonction du nombre d'heures de cours (quelqu'en soit la qualité) à un tarif horaire ne dépendant que de la qualité de la recherche (qui peut n'avoir aucun rapport avec l'enseignement), le travail de préparation des cours et le tutorat n'étant pas évalué ni rémunéré alors que ce sont les métiers qui subsisteront...

De nombreuses questions restent ouvertes: Quel modèle économique? Logiciels libres? B to B?, ASP?, quelle rémunération pour les auteurs des cours? Droit d'auteur? statut des e-professeurs?

Il est bien clair enfin qu'une telle révolution dans un domaine aussi délicat nécessiterait un accompagnement substantiel en matière de recherche en "ingénierie pédagogique" (ou "Sciences cognitives) aujourd'hui quasi inexistante dans notre pays alors que les Etats Unis et le Canada déploient d'immenses efforts dans ce domaine

Il conviendrait en particulier d'étudier comment articuler le présentiel (pour souder les promotions et créer par là des réseaux indispensables dans la vie professionnelle) et le virtuel, comment concevoir des enseignement efficaces (consolider les acquis professionnels, utilisation de l'aspect ludique propres à l'efficacité des apprentissages dans toutes les espèces animales, apprentissage des savoirs faire, adaptation à la forme de l'intelligence de l'apprenant et à ses rythmes, articulation entre travail individuel et travail en équipe, éducation des sens de la curiosité de l'initiative de l'innovation et du risque, ...)

C'est également un domaine qui devrait voir naitre de nombreuses start-up: nos Grandes Ecoles, notamment celles relevant de notre ministère devraient devenir des incubateurs dans ces domaines

Dans le dossier consacré par Les Echos à ce sujet, il est recensé 250 universités virtuelles sur Internet (évaluation de Jacques Perriault de Paris-X) et il s'en ouvre tous les mois.

En raison de son immense territoire, peu peuplé et aux conditions climatiques difficiles le Canada fait partie des précurseur. L'Université d'Athabasca en Alberta a démarré sur Internet dès 1994 (elle avait auparavant une activité classique d'enseignement à distance). Avec 100 professeurs, 200 tuteurs elle compte 20.000 étudiants. Elle offre 450 programmes dans tous les domaines scientifiques et littéraires et 37 MBA

Elle reçoit 168MF de financement public et facture ses cours 400$

Une dizaine d'autres Universités Canadiennes, comme Teluc au Québec, proposent de tels enseignements et 200.000 étudiants les suivent (prévisions à 5 ans : un tiers des cours sera suivi sur Internet)

Une innovation pédagogique à noter: d'ici à 2 ans l'obtention d'un diplôme universitaire nécessitera d'avoir obtenu une unité de valeur en ligne, gage du développement du e-learning ... et surtout de l'aptitude des étudiants tout au long de leur vie professionnelle de savoir utiliser Internet pour apprendre

Les intranets de formation des Grandes entreprises comme IBM, Microsoft ou Pricewaterhouse constituent également aujourd'hui de véritables universités

En France notons La filière TIC de l' Université de Limoges a ouvert en décembre 2002 son DESS "communautés virtuelles et intelligence collective via les réseaux numériques" www-tic.unilim.fr qui s'adresse, en formation continue, aux cadres, les enseignements se déroulant entièrement à distance via Internet ainsi que la formation en ligne mise en place par les Ecoles des mines pour former des Ingénieurs par la voie de la formation continue

Selon une étude d'Arthur Andersen le e-learning ne représente en 2001 que 2% des dépenses des entreprises françaises contre 60% aux USA. 11% de nos entreprises utiliseraient le e-learning contre 90% aux US

Un site de référence : www.distance-educator.com

Voir également la téléformation dans les entreprises page 175 et la recherche de formation sur le web page 162

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)