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34 jours après le lancement du forum, 83 interventions émanant de 60 personnes avaient été enregistrées. Cette quatrième synthèse porte sur 20 interventions provenant de 16 auteurs différents. Après un ralentissement pendant la semaine précédente (10 interventions), le rythme s'est dont singulièrement accéléré au début du mois de février. Nous avons donc pris la décision de prolonger l'ouverture du forum jusqu'au vendredi 20 février au soir.
Mobiliser ou créer l'environnement : quelle est la priorité ? On sent nettement, dans beaucoup d'interventions, deux tendances qui se dessinent. Les uns pensent que, la plupart des conditions nécessaires au décollage du commerce électronique étant réunies, l'urgence du moment consiste à sensibiliser, informer et mobiliser les acteurs publics et privés. Les autres insistent plutôt sur la nécessité de créer en France un environnement favorable au commerce électronique, alors que celui-ci ne l'est pas aujourd'hui. Informer et mobiliser... Pour les premiers, il est faux de dire que les conditions ne sont pas réunies pour le décollage du commerce électronique. La question du paiement est pour ainsi dire résolue, la technologie est prête, les savoir-faire et les contenus sont là : ce dont souffre la France, c'est de la "frilosité", de la "méconnaissance", voire de la "peur" de ses dirigeants, de ses cadres ou encore de ses informaticiens. La priorité consiste alors à "vaincre le scepticisme", à "sensibiliser", à "motiver" les entreprises, et plus particulièrement les PME. Cela passe par des actions de terrain et par l'organisation d'initiatives et de forums locaux mobilisant plusieurs acteurs :
L'information des entreprises (comme celle des consommateurs) doit s'appuyer sur des arguments très concrets. L'un d'entre eux, trop rarement entendu, mérite d'être mis en lumière : les technologies Internet et le commerce électronique fournissent aux PME une occasion supplémentaire de réécrire, pour beaucoup moins cher, leurs applications informatiques obsolètes. Ainsi, la révolution technologique se combinant avec l'an 2000 et l'avènement de l'Euro, peut permettre de transformer en atout concurrentiel ce que les entreprises perçoivent trop souvent comme une contrainte : à l'instar de ce qui s'est passé avec le téléphone au milieu des années 1970, la France finira-t-elle bientôt par se réjouir d'avoir, un temps, pris du retard sur l'Internet ? Pourquoi pas, mais à condition de ne plus attendre. Les partisans de cette attitude volontariste pensent que, si le cadre général (réglementaire, technique...) du commerce électronique doit évoluer, ces évolutions émergeront de manière naturelle au vu (ou plutôt sur la base d'une observation active, voir nos propositions sur l'observatoire du commerce électronique) des expériences et des réalisations concrètes. ... Faire évoluer le cadre général Ce n'est pas l'avis d'autres intervenants qui considèrent que le contexte français pénalise les entreprises et les consommateurs et entretient notre retard. La France souffre d'abord, selon eux, d'une approche trop hexagonale des problèmes, notamment en matière de cryptologie et de paiement en ligne. Une beaucoup plus grande libéralisation de la cryptographie "forte", y compris pour des besoins liés à la confidentialité des échanges, et une adoption plus résolue des standards mondiaux en matière de paiement, sont seuls susceptibles de permettre aux entreprises françaises de rester dans la course et de créer le climat de confiance dont ont besoin les consommateurs comme les marchands. Une autre proposition intéressante (Siegfried Ulmer, 8/2) consiste à élaborer, entre les syndicats de vendeurs et les associations de consommateurs, des "contrats-types" qui regrouperaient d'une manière claire et homogène les engagements des acheteurs et des vendeurs et permettraient aux visiteur d'un site, grâce à une sorte de label, de savoir qu'il se trouve dans un environnement de confiance. La France est également, disent certains intervenants, désavantagée par des coûts excessifs dans beaucoup de domaines. Des incitations financières ou fiscales, ou encore une politique de soutien aux terminaux "grand public" (décodeurs TV ou téléphones Internet), pourraient réduire le coût des terminaux, souvent incriminé pour expliquer le faible taux d'équipement des ménages. Les coûts de télécommunications (communications locales pour les consommateurs, liaisons spécialisées pour les entreprises), de création et d'hébergement de sites, d'obtention de noms de domaines, devraient baisser grâce à la concurrence mais aussi, suggèrent certains, à une pression de l'Etat sur France Télécom. Enfin, ces désavantages pourraient être partiellement compensés par une aide financière aux projets de commerce électronique, laquelle devrait être ouverte en priorité aux PME : plusieurs d'entre elles se plaignent en effet de voir les grandes entreprises (ne serait-ce que parce qu'elles sont mieux informées) bénéficier de l'essentiel des aides. La simplification et la stabilisation de certaines dispositions réglementaires et fiscales, ainsi qu'un effort de clarification, semblent également nécessaires pour favoriser l'engagement des commerçants en ligne. ... Ou les deux ? Il est au moins un domaine ou ces deux attitudes se rejoignent : celui du soutien aux PME françaises. Les PME ont besoin d'informations pratiques et concrètes, d'être motivées et soutenues par des acteurs de terrain capables de créer de véritables réseaux d'information et d'entraide. Elles attendent aussi, si ce n'est une évolution majeure de l'environnement réglementaire, du moins un ensemble d'explications claires et concrètes de la manière dont les règles commerciales, douanières, fiscales... s'appliquent au commerce électronique. Elles ont parfois besoin d'aides, notamment pour les projets les plus innovants. Georges-Yves Kervern (8/2) insiste à juste titre sur la nécessité de favoriser, à côté du capital-développement, le seed money (fonds d'amorçage) destiné à permettre le passage de l'idée à la création d'entreprise. Pena (5/2) demande de faciliter l'accès des PME aux informations, aux contacts et à la connaissance du terrain dont bénéficient les postes d'expansion économique dans nos ambassades. Le développement des "villes numérisées" contribue également à faciliter l'accès des PME à l'Internet et crée, sur le plan local, une "place de marché électronique" qui stimulera les échanges. La "spécificité française" en question Atout... Chrstine Camelin (7/2) critique vivement le manque de soutien au Minitel Magis Club (doté d'un modem rapide et d'un lecteur de carte à mémoire) et aux accès 3623 qui permettent, au même tarif que les numéros Télétel traditionnels, d'accéder en mode rapide (9600 bits par seconde) à la quasi-totalité des 20 000 services Minitel. Il y a là une avance française que l'on n'exploite pas suffisamment. A ce titre, une société rappelle l'existence sur le marché de solutions techniques permettant de rendre accessible des services Minitel via le Web, et vice versa (6/2). Il existe en effet une demi-douzaine de produits et de prestataires de services qui proposent ce type de solution. Alors que la France est très peu présente dans la production de matériels et logiciels associés à la micro-informatique, elle l'est beaucoup plus dans les terminaux grand public. Frédéric Gimilio (6/2) ne mentionne pas moins de 5 fabricants français de "décodeurs Internet" associés à la télévision. Il présente ces décodeurs comme une véritable révolution à venir, en mettant en lumière leur simplicité, leur faible prix, et de manière plus originale, le fait que l'intégration probable de fonctions de "téléphonie IP" dans ces appareils soit de nature à faire bénéficier un grand nombre de foyers d'avantages tarifaires considérables sur leurs appels téléphoniques longue distance. ... ou handicap ? Le Minitel est encore plus souvent considéré comme un handicap, responsable d'une part de la frilosité ou de la mécompréhension française vis à vis de l'Internet. Dans les interventions de cette semaine, c'est plutôt notre propension à mépriser les standards mondiaux au profit de nos solutions nationales qui est mis en avant. Pena (5 et 6/2) nous met en garde contre le "syndrome Betamax". Il cite en exemple la réticence des français devant ce qu'il désigne comme les "standards mondiaux" en matière de paiement sur l'Internet. Mais cette riche intervention nous laisse encore sur notre faim, pour plusieurs raisons. D'une part, la plupart des plates-formes françaises de paiement citées dans son message utilisent, comme les américains, le protocole SSL (dans sa version "bridée" du fait, non pas de la législation française, mais des restrictions américaines à l'exportation de produits de cryptographie "forte") – et toutes ont annoncé leur volonté d'adopter le standard SET dès que celui-ci entrera en phase de déploiement. D'autre part, les systèmes américains mentionnés dans le message sont très loin de pouvoir prétendre au statut de standard et connaissent une croissance réelle beaucoup plus lente que ne l'annonçaient certains experts il y a quelques années. Enfin, cette intervention étant la première dans laquelle une entreprise s'estime limitée sur les marchés mondiaux par les "blocages français", nous aimerions savoir plus précisément où se situent ces blocages, et comment ils retiennent l'expansion de cette entreprise. Le débat se nourrit d'idées, mais aussi de faits précis. Cryptologie toujours Certaines questions ou interventions attestent que le débat sur la cryptographie se dégage peu à peu des amalgames dans lesquels il est trop souvent tombé. La distinction entre l'usage de la cryptographie aux fins de signature (libre en France) et de confidentialité (contrôlé en France et dans plusieurs autres pays) semble se clarifier dans les esprits. Un certain nombre de zones de flou demeurent cependant, notamment en ce qui concerne l'agrément des produits de cryptologie : par exemple, est-il possible d'utiliser le logiciel PGP (Pretty Good Privacy) pour chiffrer une signature ? Afin de clarifier le débat et de permettre aux acteurs de sortir du flou actuel, il semble urgent (et nous pouvons annoncer qu'il est prévu) que l'administration produise et diffuse au plus vite un "vade-mecum de la cryptologie". Ce document doit, dans un langage clair, faire le point de lé réglementation et détailler par le menu, en partant de situations concrètes, les droits et les devoirs des entreprises et des citoyens.
On recense... des expériences concrètes Il y a trois semaines, nous avons lancé un appel aux acteurs du commerce électroniques afin de faire remonter le plus grand nombre d'expériences concrètes susceptibles de nourrir la réflexion collective et de former la base de dispositifs d'information et d'échanges d'expériences. Plusieurs contributeurs ont déjà entendu cet appel. Cependant, certaines interventions se contentent de passer très vite sur les caractéristiques et les résultats du projet, pour en venir très vite à des conclusions et des recommandations de portée générale. Ces dernières ont bien évidemment toute leur valeur, mais elles gagneront à être étayées par une information plus précise sur chaque projet. En guise d'aide, nous vous proposons la grille d'analyse suivante : 1- Descriptif détaillé du projet Quelle activité commerciale, quels sont les produits ou services vendus, vers quels clients, dans quels pays, sous quelles forme ?.. Modes de paiement éventuels. Date de lancement, modalités de mise en œuvre et d'exploitation, de prospection. Evolutions prévues. 2- Identification de l'entreprise Caractéristiques de l'entreprise, activités, localisation, capital, CA, nombre d'employés... S'agit-il d'une création d'entreprise, d'une activité nouvelle dans l'entreprise, d'une extension de l'activité traditionnelle ?.. 3- Quels sont les résultats de l'activité "commerce électronique" ? Objectifs attendus et résultats obtenus. Coûts de création et d'exploitation. Perception de la rentabilité de l'investissement : aujourd'hui, à terme. 4- Quels sont les partenaires (publics ou privés) ayant soutenu le projet et les aides mobilisées ? 5- Quels enseignements en tirez-vous ? En positif ou en négatif : pour l'entreprise, pour les entreprises en général, vis à vis des pouvoirs publics... 6- Vos recommandations Ces contributions ayant vocation à être publiées, n'y
indiquez pas de données confidentielles. Mais la qualité des renseignements
que vous pourrez fournir, tant à la Mission Lorentz qu'aux autres participants
à ce forum, sera évidemment précieuse. mél : mission-lorentz@francenet.fr |
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