FORUM
Développer le commerce électronique : dans quelles conditions ?
7 janvier 1998- 20 février 1998
Develop electronic commerce : in what conditions ?
7 January 1998 - 20 February 1998
Den elektronischen Handel entwickeln : unter welchen Bedingungen ?
7. Januar 1998 - 20. Februar 1998
 


  Troisième synthèse du forum (interventions parvenues sur le site
entre le 29 janvier et le 4 février 1998)

28 jours après le lancement du forum, 63 interventions émanant de 55 personnes avaient été enregistrées. Cette troisième synthèse porte sur 10 interventions provenant de 10 auteurs différents.

Amorcer la pompe

La plupart des interventions de cette semaine se préoccupent de la manière de faire décoller le commerce électronique dans notre pays. Comme souvent, on rencontre des partisans de la logique l'offre et d'autres du développement volontariste de la demande.

Libérer la demande...
Plusieurs intervenants demandent à l'Etat d'intervenir pour réduire le coût des terminaux et celui des communications.
En ce qui concerne les terminaux, il est proposé de remplacer les 6 millions de Minitel par autant de "téléphones Internet", et de baisser, voire supprimer la TVA sur les terminaux communiquants.
Une intervention intéressante propose d'annuler le coût des communications, le réseau de télécommunications étant assimilé au réseau routier ou au réseau hertzien : une sorte de bien commun dont le rôle serait d'acheminer vers les sources de valeur. La publicité et les ventes paieraient le transport, pas le consommateur. "L'Internet tient plus de la radio ou de la télévision que du téléphone ou du Minitel" , conclut Michel Pontacq. Certains contesteront sans doute vivement une telle affirmation.
En retour, nous nous interrogeons : ne demande-t-on pas trop à l'Etat et ne surestime-t-on pas ses moyens d'action ? Il existe aux Etats-Unis des fournisseurs d'accès gratuits (financés par la publicité), d'autres payants. Certains opérateurs de télécommunications envisagent de subventionner des téléphones Internet comme ils ont subventionné les téléphones portables. Est-ce à l'Etat d'impulser ce mouvement ? Et si oui, comment, sans distordre la concurrence – laquelle nous paraît être, à moyen terme, un moyen plus efficace que n'importe quel plan de réduire les coûts tout en améliorant le service rendu ?

... stimuler l'offre ?
La longue et riche intervention de Rémy Marchand met l'accent sur le fait que l'administration dispose d'un levier d'action extrêmement puissant. En s'engageant elle-même, pour ses propres besoins, à échanger de manière électronique avec les entreprises (qu'il s'agisse des marchés publics ou des téléprocédures) :

  • elle accélérera l'adoption des outils du commerce électronique par les entreprises, qui s'en serviront également pour échanger d'entreprise à entreprise;
  • elle engendrera des gains de productivité (donc de compétitivité) dans les entreprises, qui perdront moins de temps dans leurs relations avec l'administration;
  • elle contribuera à la prise de conscience des acteurs économiques, vis à vis desquels – quoi qu'on en dise –, l'administration conserve souvent un rôle de "référence comportementale".
  • M. Marchand propose à juste titre de se focaliser sur les actions les plus simples et dont l'effet peut être maximal :
  • Plutôt que de dématérialiser les appels d'offres, se concentrer sur l'exécution des commandes publiques et notamment les marchés d'approvisionnements et de fournitures courantes;
  • Mobiliser en priorité quelques administrations pour leur rôle économique global (ministère de l'économie), l'importance (les ministères de la défense, dont un agent – que nous prendrions volontiers au mot –, proposait le 13/1, sur ce forum, de faire un ministère pilote de la dématérialisation, et de l'équipement) ou le nombre des commandes publiques qu'ils passent (établissements d'éducation, hôpitaux);
  • Définir un ensemble minimal de spécifications et de standards de manière à permettre à toutes les administrations d'échanger de la même manière avec toutes les entreprises, dans le respect des standards mondiaux.
  • D'autres propositions plus volontaristes, émanant d'autres intervenants, suggèrent de donner la prééminence dans certains appels d'offres publics aux entreprises qui proposent des formes de relations dématérialisées, et d'obliger les sociétés publiques à proposer leurs produits et services via l'Internet (mais ne sont-elles pas en train de le faire ?).

    Profiter de la mise en réseau
    Une autre façon d'amorcer la pompe consiste à profiter du développement du réseau pour stimuler de nouveaux usages et répondre à des besoins pratiques des entreprises et des professionnels. M. Marchand, encore, nous propose deux exemples :

  • Sans même contraindre les administrations à refondre en profondeur leur fonctionnement, l'Internet pourrait permettre aux entreprises exportatrices d'effectuer en une fois, d'une manière partiellement automatisée et dématérialisée, la totalité des multiples démarches associées à l'exportation. Il y a une voie pratique à explorer;
  • L'informatisation et la "mise en réseau" des médecins pourraient facilement être mises à profit pour développer d'autres échanges électroniques avec les médecins que la feuille de soins.

  • Réduire les obstacles

    Il subsiste des obstacles au développement du commerce électronique.

    Eduquer, éduquer
    La thématique de l'éducation, de la pédagogie, revient comme un leitmotiv depuis le démarrage du forum. L'éducation concerne d'abord les responsables d'entreprises d'aujourd'hui. Ils ont besoin de recevoir une information claire, intelligible, pratique. Ils ont besoin de dédramatiser, mais aussi de démystifier le commerce électronique : des attentes excessives produisent des déceptions excessives. L'enjeu concerne également les jeunes à l'approche d'une vie active dans laquelle le commerce électronique prendra une place croissante. Encore faut-il, nous dit un enseignant, pouvoir enseigner et rapprocher cet enseignement des pratiques professionnelles. Les formations dans le domaine du "multimédias" sont par essence pluridisciplinaires et mal adaptés aux cadres classiques de l'enseignement. Elles manquent de reconnaissance et de moyens. Elles manquent aussi d'une plus grande proximité avec le tissu économique et de moyens simples de convertir des travaux de recherche en activités économiques.

    Sortir du flou fiscal
    Une bonne fiscalité, du point de vue économique, est aussi neutre que possible. Or, en prenant du retard sur l'évolution des marchés et des techniques, notre fiscalité (TVA principalement) risque de pénaliser le commerce électronique.
    Plus globalement, les interventions parvenues depuis le lancement du forum nous laissent penser que le rapport Lorentz doit veiller, dans sa partie consacrée à la fiscalité, à être plus concret et mieux intelligible par un responsable d'entreprise normalement constitué. Il ne suffit pas de dire (même si c'est important) que la plupart des principes fiscaux français s'appliquent sans difficulté au commerce électronique et qu'il n'y a pas d'incertitude juridique dans ce domaine. Encore faut-il que l'administration fiscale explique de manière claire et pratique, en direction des chefs d'entreprise, des experts comptables et des agents des impôts eux-mêmes, la façon dont les principes existants doivent s'appliquer à ces activités nouvelles. Trop d'intervenants font, en effet, état de leur grande confusion dès qu'il s'agit, par exemple, d'exporter des logiciels livrés en ligne.

    Les spécificités françaises sont-elles un obstacle au commerce électronique ?
    Un intervenant, qui souligne à juste titre le fait que l'Internet permet à de toutes petites entreprises de trouver un espace de marché plus facilement que sur les marchés traditionnels, s'estime cependant limité dans ses possibilités par le fait que "les autres pays se posent moins de questions que nous sur : le cryptage, les taxes, la véracité de l'information, la protection du consommateur..." Qu'on nous permette de rétorquer sans répondre, par deux questions :

  • est-il vrai que ces spécificités, si elles existent, nous pénalisent ? Francis Lorentz déclare depuis deux mois qu'il n'a jamais entendu une seule entreprise française lui démontrer de manière concrète qu'elle a perdu une vente à cause de notre législation en matière de cryptologie. Quelqu'un saura-t-il enfin, sur ce forum, fournir un exemple non-théorique ?
  • est-il vrai que les autres pays se posent moins de questions que nous ?
    A ce titre, plusieurs intervenants suggèrent de manière très judicieuse que nous tirions mieux parti de l'expérience d'autres pays. Les Etats-Unis et plusieurs pays du nord de l'Europe sont très avancés dans la dématérialisation des relations entre les entreprises et l'administration. Singapour propose un "guichet unique" électronique à ses exportateurs, etc. Une démarche systématique d'observation et de "benchmarking" (évaluation comparative), tirant parti à la fois du réseau des ambassades et d'une mise en réseau des expertises, gagnerait à être mise en place rapidement.


    MISSION LORENTZ
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