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Réponse
aux contributions intégrées sur le forum entre le 18 janvier
et le 27 janvier 1998

1) Fiscalité:
Plusieurs questions ont été posées depuis
l’ouverture du forum sur la fiscalité applicable
au commerce électronique : M.Gabella pose diverses questions relatives
à la TVA pour le commerce de logiciels en ligne
c’est-à-dire les logiciels spécifiques ou les logiciels standards
qui sont transmis en l’absence de support matériel
(au moyen d’une ligne téléphonique, d’un réseau spécialisé, ...).
En résumé, sauf cas exceptionnel (exemple : touriste étranger
en vacances en France téléchargeant un logiciel), le commerce de logiciels
en ligne est imposable à la TVA en France lorsque :
- le fournisseur et le client sont établis en France;
- le fournisseur est établi en France et le client est établi dans
un autre Etat membre sans y être assujetti;
- le fournisseur est établi dans un autre Etat membre et le client est
assujetti à la TVA en France.
Ceci vaut également dans le cas où le logiciel est fourni
par une entreprise établie hors de la Communauté européenne
à un client français, dès lors que le client du logiciel est
assujetti à la TVA en France (art. 259 B du code général des impôts),
ou qu’il est établi ou domicilié en France sans y être assujetti
dans la mesure où le logiciel est utilisé en France
(art. 259 C du code général des impôts).
M.Fouchard pose la question de la TVA applicable aux publications
en ligne.
Il est exact qu’aujourd’hui la fourniture par un éditeur
d’informations destinées à être diffusées par voie électronique
est une prestation de services taxable au taux de TVA de 20,6%.
Cela résulte de ce que cette activité n’est pas assimilable à
la livraison d’une publication de presse écrite. Le régime
fiscal favorable à la presse écrite et notamment le taux particulier
de TVA de 2,10% n’est pas susceptible de s’appliquer à la presse
électronique. L’application de ce taux tient en effet à la situation
particulière de la presse écrite et aux charges spécifiques
qu’elle supporte, telles que les contraintes de prix du papier,
de distribution et de portage et que ne subissent pas les
autres modes de diffusion de l’information.
M.Rousseauyx (contribution du 23/1) soulève le problème
des règles fiscales internationales.
Il convient de clarifier la position réputée être celle
du gouvernement américain. S’il est exact que dans un premier temps,
ce gouvernement a plaidé pour le concept du "free tax",
ce n’est plus vrai aujourd’hui. Cette modification s’est faite
sous la pression des différents Etats américains, qui ne souhaitaient pas
que ces nouvelles modalités d’échange puissent provoquer
une diminution des recettes fiscales. A l’inverse, en Europe,
il n’a jamais été question de créer des taxes supplémentaires.
D’un point de vue technique, les règles existantes permettent
de soumettre aux impôts et taxes les achats de biens et de
services réalisés via le réseau Internet. En matière de TVA,
le cadre juridique communautaire et national permet de limiter aussi
les risques de délocalisation des activités en dehors de la Communauté.
Le régime de TVA applicable aux opérations portant sur des biens
commandés via Internet résulte des règles de territorialité
arrêtées par la sixième directive du Conseil du 17 mai 1977
et transposées en droit interne (régime des importations ou des
exportations, TVA intracommunautaire, ventes à distance selon le cas).
De la même manière, les dispositions exposées à l’article
259 B du Code Général des Impôts permettent de soumettre à la taxe
les prestations de services dématérialisées
(traitement de données et fournitures d’information). La dématérialisation
croissante des transactions par chargement en ligne sur ordinateurs
(logiciels, livres, CD et CD-ROM) est susceptible de créer à terme des
difficultés. C’est pourquoi des groupes de travail auxquels la France
participe activement, tant au sein de l’OCDE que de la Commission
européenne, examinent les adaptations nécessaires.
2) Dématérialisation des procédures
Revenons sur la question posée par Ph. Vatel (le 13/1)
relative à l’état de l’art en matière de dématérialisation des marchés
publics.
Un travail important de réflexion et d’expertise a été mené
sur ces questions par la
Commission Centrale des Marchés au niveau national, mais également
au niveau européen avec la Commission Européenne dans le cadre du projet
Simap .
Les travaux en cours ont porté sur quatre thèmes de réflexion:
La dématérialisation de la phase d’appel public à la
concurrence;
La définition d’un protocole de travail s’agissant notamment
de la phase d’éxécution et du paiement du marché;
La sécurité des transactions: transmission des offres et
sécurité du paiement;
Les techniques du multiformat (un marché public peut
en effet exiger l’examen de plans ou maquettes).
Il convient à présent de procéder à l’aménagement
législatif du code des marchés publics nécessaire
pour introduire la dématérialisation. Un projet de texte est prêt
sur ce sujet. Dès que celui-ci aura été approuvé, un ou des ministères
pilotes - dont, logiquement le ministère de l'économie, des finances
et de l'industrie, devraient s’engager sur un calendrier de réalisation.
L’objectif poursuivi est, sur la base de ces travaux,
de pouvoir expérimenter rapidement la passation électronique
de marchés publics par ces ministères pilotes.
Cette procédure dématérialisée devrait être généralisée
ultérieurement à l’ensemble des administrations et
collectivités soumises au code des marchés publics
(dont l’ établissement public qu’est la Poste - question de François
Guillerme du 23/1).
3) Protection du consommateur
Michel Briand se plaint - et nous partageons ces désagréments -
de la réception de publicités non souhaitées et demande ce qu’il peut
faire.
Le remarquable serveur internet de la Commission Nationale
Informatique et Liberté (http://www.cnil.fr) apporte toutes
les informations (y compris pratiques) utiles en la matière.
Il recommande de s’adresser aux sociétés émettrices de
mailing, aux sociétés de VPC, à l’Union française du marketing direct
(qui a mis en place un service Stop Publicité) et à France Télécom
en demandant de ne pas céder ses noms et adresses à des entreprises
extérieures.
Des dispositifs techniques visant à filtrer
ces messages inopportuns sont en cours de développement et
pour certains de commercialisation.
4) Observatoire du commerce électronique
Nous partageons complètement l’analyse développée
par Michel Elie (intervenu le 22/1) sur l’intérêt de pouvoir disposer
d’un observatoire des usages du commerce électronique, afin de
mieux les connaître, les comprendre et d’être en mesure
d’accompagner leur développement.
La création d’un observatoire du commerce électronique
est l’une des propositions importantes formulées dans le rapport de
Francis Lorentz. Pour avancer vers sa concrétisation, le groupe
travaille en liaison avec les associations intéressées aux conditions
de sa mise en oeuvre.
Cet outil que constituerait l’observatoire servira
notamment à reconsidérer nos schémas de pensée, comme l’évoque
M. Dubrulle - 25/1 -, dans une approche pragmatique, car basée sur
l’observation du réel, de tout ce qui va changer avec le commerce
électronique.
5) Expériences concrètes de commerce électronique
Depuis l’ouverture sur le forum du nouveau thème
intitulé “Expériences concrètes de commerce électronique”, près de
la moitié des contributions s’y rapporte.
Ceci montre que les porteurs de projets de commerce électronique
et les créateurs d’entreprises ont commencé à utiliser nombreux
ce forum pour se faire connaître et présenter leurs initiatives.
Nous invitons tous ceux qui ne l’ont pas encore fait à se
manifester.
Ce qui ressort, c’est la diversité des projets émanant
soit d’entrepreneurs (comme le projet Marcopoly de Th. Fossaert- 26/1,
qui nous explicite la valeur ajoutée par rapport au commerce traditionnel),
soit d’organismes issus des entreprises (la CCI de Nantes-Saint Nazaire,
le club des artisans et des PME de la Gironde, la pépinière d’entreprises
du conseil général des Alpes-maritimes ..) Avec une constante :
le dynamisme pour s’impliquer dans les expérimentations qui démarreront.
Enfin, dans le prolongement de l’appréciation portée
par R. Richard le 22/1, la mission Francis Lorentz serait fort intéressée
par la communication des éléments de bilan des opérations
de grandes galeries marchandes tant en termes quantitatifs
(fréquentation, achats réalisés ) que qualitatifs.
6) Contenus francophones
Nous ne partageons pas le point de vue exprimé
par R. Doucet selon lequel le développement du commerce électronique
passe par l’adoption de la langue anglaise comme unique véhicule d’échange.
En revanche, il est évident que si les entreprises françaises
veulent bien profiter de l’ouverture internationale permise par
Internet, il faut que leurs sites soient au moins bilingues, à l’image
du site sur lequel vous êtes connecté actuellement. La capacité qu’auront
nos entreprises à se valoriser sur les marchés mondiaux tiendra largement
au fait qu'ils sont de bons utilisateurs de la langue anglaise.
Par ailleurs, comme nous l’avons développé
dans le rapport nous pensons que l’un des enjeux est de soutenir
une industrie du contenu francophone et qu’internet constitue
une opportunité pour les contenus français.
Quant à la question de la vente des logiciels en shareware,
des réponses seront apportées lors de notre prochaine intervention
sur le forum.
A bientôt.
MISSION LORENTZ
mél :
mission-lorentz@francenet.fr
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