
François Fillon interviewé par
"La Tribune"
(8 octobre 1996)
- Extraits -
Principaux thèmes abordés :
L'autorité de régulation des télécommunications
(ART) : effectifs, composition
"Cette instance aura les moyens de fonctionner. Ses effectifs
compteront 140 salariés. Le gouvernement ne cherchera pas à
maintenir une administration puissante face à l'autorité de régulation
(ART), puisque la nouvelle Direction des postes et télécommunications
du ministère sera réduite à 70 personnes au lieu de 200
aujourd'hui.
[La composition de l'ART] n'est pas arrêtée. Il devra
s'agir de personnes qui connaissent le secteur des télécommunications
et qui soient indépendantes, sans problème de conflit d'intérêt
avec l'une ou l'autre partie."
Les décrets d'application de la loi de réglementation
des télécommunications
"Tous les décrets portant sur les nouvelles structures
(l'autorité de régulation des télécommunications,
l'agence des fréquences, les écoles de télécommunications)
sont prêts et ils seront publiés rapidement.(...)
Sur l'interconnexion, notre souci est que l'équilibre mis en
place par le texte de loi soit respecté par les décrets
d'application. La recherche de ce juste équilibre fait l'objet de
plusieurs groupes de travail avec les opérateurs. Le projet de décret
sera soumis à une consultation publique dès le début de
novembre ; mais nous attendrons que l'autorité de régulation soit
mise en place pour qu'elle puisse donner son avis, ainsi que sur le catalogue
d'interconnexion de France Télécom. La publication du décret
n'interviendra donc pas avant février 1997.
En revanche le débat sur le service universel avance. Nous
suivrons, tout comme sur l'interconnexion, les préconisations du rapport
Champsaur. Le projet de décret est d'ailleurs rédigé et
vient d'être adressé pour avis aux différents acteurs."
L'ouverture du capital de France Télécom
"L'idée générale est de réaliser la
plus grande opération d'actionnariat populaire jamais faite en France.
France Télécom a 32 millions de clients, c'est une base de départ
fantastique. Notre objectif est d'être au moins aussi ambitieux que
Deutsche Telekom qui vise la barre des 2 millions d'actionnaires individuels.
La première tranche, prévue pour la deuxième
quinzaine d'avril, devrait porter sur environ 20 % du capital."
Constitution face à France Télécom
d'un deuxième pôle autour de la Générale des Eaux.
Duopole ?
"Tout d'abord, je me réjouis de la constitution d'un deuxième
pôle avec l'arrivée [autour de la Générale des
eaux] de BT et de Mannesmann. Mais il ne me paraît pas souhaitable que
s'installe un duopole. Nous avons eu l'exemple de la téléphonie
mobile, un secteur dans lequel il a fallu qu'un troisième compétiteur
arrive pour que la concurrence joue à plein et que le marché se développe.
Je souhaite donc que puisse se créer un troisième pôle."
Tarifs de France Télécom
"Je n'ai pas besoin d'exercer des pressions sur France Télécom
pour que l'opérateur baisse ses prix. C'est dans la logique des choses.
De plus, la rédaction du cahier des charges de France Télécom
a supprimé tout ce qui permettait à l'Etat d'aller au-delà
de son rôle d'actionnaire majoritaire. Tous les décrets et mesures
réglementaires seront élaborés pour laisser à France
Télécom la plus grande liberté."
Le sous-équipement de la France en matière
de micro-ordinateurs. Comment y remédier ?
"Je suis tout à fait d'accord avec le constat du rapport Miléo
[commandité par le Commissariat général du Plan] sur le
sous-équipement en France en matière informatique et sur les
mesures préconisées, notamment fiscales. Ce retard est vraiment très
grave : les technologies de l'information constituent un des éléments
clés de la compétitivité des économies et ont aussi
des répercussions importantes sur le plan culturel. Le Premier ministre
en est d'ailleurs conscient et il m'a demandé de nouvelles propositions.
Je ferais une critique sur le rapport, qui a un manque sur le volet éducatif.
Il me semble que le problème est largement culturel et qu'il doit être
pris à la base, à l'école.
L'erreur [du plan informatique pour tous] était d'être
extrêmement centralisé. L'approche doit être décentralisée.
Le sujet est en discussion avec François Bayrou. Mais il faut que l'éducation
nationale accepte l'hétérogénéité du
dispositif final. Un tel plan doit se faire aussi en coopération avec
plusieurs constructeurs informatiques qui se disent prêts à
s'engager. Des expérimentations sont déjà en cours dans
plusieurs académies pour dégager des concepts en matière pédagogiques.
L'ordinateur doit devenir un instrument quotidien, au même titre que la
calculette."