Installation de l'Observatoire des Autoroutes de
l'Information
Discours de M. François Fillon,
Ministre délégué
à la Poste, aux Télécommunications et à l'Espace
(15/10/96)
Mesdames et Messieurs,
je suis heureux d'assister aujourd'hui à la première réunion
de l'Observatoire des autoroutes de l'information et je remercie tous ceux qui
ont accepté d'y assister : elle constitue une étape importante
dans la démarche qui doit permettre à notre pays de réussir
son ancrage dans la société de l'information.
La démarche du Gouvernement : expérimenter pour faire les
bons choix
Pour assurer le succès de cette ambition, ma conviction était
qu'il fallait fédérer les énergies et les compétences,
créer un élan, une dynamique.
Il fallait aussi s'assurer que les solutions retenues, que les
infrastructures et les services innovants déployés sur notre
territoire répondraient à l'attente des français, aux
besoins des futurs utilisateurs des autoroutes de l'information.
Rien n'assurait, à la lueur des expériences passées,
que la mise en oeuvre à l'initiative du Gouvernement d'un "grand
plan" de déploiement des autoroutes de l'information était
susceptible de susciter cet élan et de répondre à ces
attentes. Voilà pourquoi nous n'avons pas voulu nous lancer en aveugle
dans cette aventure, sans estimer plus précisément la demande de
nos concitoyens et la viabilité économique des futurs services.
C'est donc sur la créativité et le dynamisme des entreprises
et des collectivités locales, sur l'imagination dont nos concitoyens sont
capables que le Gouvernement a voulu parier pour créer les conditions
d'une innovation forte et efficace.
C'est aussi sur une politique pragmatique - mais volontaire et ambitieuse -
que le Gouvernement a voulu fonder son action: une politique qui consiste à
soutenir le déploiement d'expérimentations d'infrastructures et de
services innovants sur l'ensemble de notre territoire; une politique qui vise à
tester en grandeur réelle les diverses technologies en présence;
une politique qui a pour objectif d'évaluer et de comprendre les besoins
des utilisateurs et de mieux mesurer la solvabilité de leur demande.
La mobilisation de 500 MF de soutien à la R&D dans le cadre de
ces expérimentations en 1996 et 1997 doit permettre de réaliser
ces objectifs. De même que la loi sur les expérimentations, adoptée
en avril dernier, permet de lancer des projets technologiquement et
juridiquement innovants.
Premiers éléments sur les expérimentations
Cette démarche peut d'ores et déjà être considérée
comme un succès : ce ne sont en effet pas moins de 635 projets - émanant
des collectivités locales, des opérateurs, de l'industrie, des
prestataires de services... - qui ont été présentés
dans le cadre de l'appel à propositions et qui témoignent de la
mobilisation de tous les acteurs de l'innovation dans notre pays.
Au total, ce ne sont pas moins de 244 expérimentations, touchant à
tous les domaines et regroupées autour de 30 grandes plateformes régionales
d'infrastructures et de 3 grands projets nationaux, qui ont pu être
labellisées et seront déployées partout en France.
Nous pouvons d'ores et déjà tirer quelques enseignements de
l'examen de ces projets :
- Le premier enseignement est que l'innovation s'est d'avantage concentrée
sur les services et les contenus que sur les infrastructures : près de
500 projets sur les 535 déposés ont en effet pour objet de tester
de nouveaux contenus, de proposer des services à valeur ajoutée ou
des applications spécifiques à un domaine particulier.
Les secteurs représentés illustrent la diversité et la
richesse de ces applications : la presse et les téléservices
d'information (accès aux bases de données publiques ou privées,
diffusion d'informations...), l'enseignement et la formation, le commerce et les
places de marché électroniques, la santé, les services
audiovisuels, la recherche, la modernisation de l'administration, les services à
vocation culturelle et touristique....
- Deuxième enseignement, le développement d'une demande de
services d'intermédiation est très rapide : plus de 50 projets
proposent le développement de places de marché et de structures
d'intermédiation ; notamment dans le domaine des échanges de données
informatisées, dans le domaine bancaire, dans celui du transport et du
tourisme...
- Troisième élément à relever, les propositions
de plateformes à haut débit sont encore assez peu nombreuses, à
l'exception notable des propositions de France Télécom, qui joue
dans ce domaine un rôle moteur, et des projets visant à
l'interconnexion et à l'ouverture au public de réseaux privés
ou de ceux visant à l'évolution des réseaux câblés
vers les services de télécommunications.
- Il faut par ailleurs souligner que des synergies étroites entre des
actions publiques se sont développées autour du réseau
national de la recherche, qui se trouve à l'intersection des politiques
de recherche, d'éducation, de formation, de culture et de santé.
Il faut remarquer également le rôle structurant joué par les
téléports dans les propositions, permettant de regrouper sur un
site donné un bouquet de services professionnels de qualité.
Les missions de l'Observatoire des autoroutes de l'information : un rôle
essentiel au cur du nouveau dispositif
L'Observatoire des autoroutes de l'information va jouer un rôle décisif
au cur du nouveau dispositif que nous avons mis en place.
La mission qui lui est assignée est essentielle : il s'agit d'assurer
le suivi et l'analyse des expérimentations en cours pour en tirer des leçons
pour l'avenir, d'évaluer la pertinence des solutions mises en uvre
pour déterminer les conditions de leur éventuel déploiement
à grande échelle. Face à un marché et à des
technologies dont le devenir et le succès sont parfois incertains,
l'Observatoire sera la « boussole » dont nous avions besoin pour
orienter nos initiatives et ne pas nous perdre dans des voies sans avenir.
Dans un premier temps, il est souhaitable que l'Observatoire dresse un
panorama complet des expérimentations en cours. C'est pourquoi je propose
qu'il fasse appel à des expertises extérieures pour procéder
à l'évaluation de chacune des grandes catégories de projets
labellisés. Une première évaluation des projets sera réalisée
d'ici le premier trimestre 1997 et un premier rapport élaboré pour
fin 1997. J'ai demandé au SERICS de préparer des projets de
cahiers des charges de ces évaluations et cette première réunion
devrait permettre de les finaliser.
Après avoir établi cet état des lieux des expérimentations,
vous devrez en tirer un bilan aussi bien technique, qu'économique et
sociologique. C'est d'ailleurs pour que l'ensemble des questions soulevées
par l'émergence de ces nouvelles technologies puisse être appréhendé
dans le cadre de l'observatoire que j'ai souhaité que sa composition soit
résolument pluridisciplinaire et réunisse tous les pôles de
compétences concernés : représentants des pouvoirs publics,
des élus, des utilisateurs, des industriels et prestataires de services,
et diverses personnalités qualifiées.
Ce bilan est essentiel, car il permettra de réduire des incertitudes
qui, si elles sont la contrepartie inévitable du foisonnement de
l'innovation, peuvent aussi faire hésiter nos concitoyens, créer
des résistances et des hésitations légitimes - quel que
soit l'intérêt, bien réel, des outils que nous mettons à
leur disposition.
C'est en vous inspirant des conclusions de ce premier bilan que je vous
demanderai de formuler des recommandations concrètes s'agissant du rôle
et de l'action de l'Etat. Ces recommandations pourront, comme je viens de le
rappeler, être d'ordre réglementaire ou à visée
incitative ; sociales ou techniques ; nationales, communautaires ou
internationales...
Conclusion :
J'ai conscience de l'ampleur de la tâche qui est la vôtre. Mais
nous savons tous que l'enjeu est capital pour notre pays et mérite ces
efforts.
Vous pouvez donc être certains que je lirai votre premier rapport, début
1997, avec le plus grand intérêt, et qu'il constituera une référence
importante pour les décisions futures du Gouvernement dans le domaine des
autoroutes de l'information.