Assis sur un fagot, une pipe à la main, Tristement accoudé contre une cheminée, Les yeux fixés vers terre, et l'âme mutinée, Je songe aux cruautés de mon sort inhumain. L'espoir qui me remet du jour au lendemain, Essaie à gagner temps sur ma peine obstinée, Et me venant promettre une autre destinée, Me fait monter plus haut qu'un empereur romain. Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre, Qu'en mon premier état il me convient descendre Et passer mes ennuis à redire souvent : Non, je ne trouve point beaucoup de différence De prendre du tabac à vivre d'espérance, Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent. Saint-Amant (Sans titre- Publié en 1629)