(Last update : Sun, 11 Jan 1998)
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Compte-rendu d'étape

Commission n°3

Création d'entreprises,

innovation scientifique et transfert technologique

Président de la commission : M. Claude Fortin, Président de la commission formation de l'ACFCI.

Rapporteur : Mme Brigitte Klein, chargé de mission à l'Inspection Générale de l'Industrie et du Commerce

Depuis sa création la commission n°3, s'est réunie trois fois en séance plénière (les 10 avril, 12 mai et 23 octobre), elle s'est divisée en deux groupes de travail, l'un sur les études doctorales et la valorisation de la recherche s'est réuni une fois , le 24 juin, l'autre sur l'esprit d'entreprendre et la création d'entreprise a déjà tenu deux réunions, une troisième est programmée pour la mi-janvier.

Un questionnaire a été adressé aux trente écoles pour connaître leurs pratiques dans les deux domaines de la commission. Le nombre des réponses (14) et leur contenu sont insuffisants pour dresser un panorama exhaustif des expériences.

L'esprit d'entreprendre et la création d'entreprise .

La méthode :

Le sujet a été abordé au cours d'une réunion plénière puis lors de deux réunions d'un groupe de travail. Ce groupe, de composition volontairement restreinte, mélange des représentants d'écoles d'ingénieurs et de commerce. La présidence est assurée par Guy Minguet, professeur à l'école des Mines de Nantes. Y sont représentés les établissements suivants : Ecole des mines de Paris, ESIM, ESIEE, INT, ENSTIMA, ENSTIMN, le GET, ESSEC, Ecole de management de Lyon, HEC-Entrepreneur. De jeunes créateurs d'entreprises ont été conviés pour apporter leur expérience.

Synthèse du questionnaire :

Des réponses au questionnaire, on peut déduire que :

les écoles impliquées dans la démarche développent l'esprit d'entreprendre à travers les contacts avec les industriels qui assurent des cours, les stages en entreprise, les simulations, les juniors entreprises.

Par l'intermédiaire de cours de comptabilité, marketing, droit des sociétés, droit du travail, gestion de ressources humaines, management, elles permettent aux élèves d'acquérir des connaissances dans des matières autres que la technique. Cet environnement sera utile aux étudiants quelque soit leur choix de carrière.

Le développement du travail par projet, l'incitation à participer à la vie associative (avec parfois attribution d'une note comptant dans la moyenne) sont fréquemment cités.

Quelques cours sur l'innovation et la créativité.

Depuis peu certaines écoles mettent en place ou réfléchissent à la création de filières «entrepreneur»

Il s'agit, en règle générale, d'un récapitulatif des cours qui procurent aux étudiants un environnement général plus que d'une formation centrée sur l'esprit d'entreprendre. L'incitation à participer aux activités associative est tempérée par la crainte de voir certains élèves se désinvestir des autres aspects, sans doute moins attrayants, de la formation.

L'apport des jeunes créateurs d'entreprise :

Les échanges avec les jeunes créateurs d'entreprise ont mis en évidence trois points forts :

il n'y a pas d'âge pour créer, certains ont un projet dès leur entrée à l'école, d'autres découvriront leur vocation au hasard des rencontres avec un chef d'entreprise, un enseignant, d'autres encore préféreront avoir une expérience professionnelle de quelques années avant de se lancer dans l'aventure.

L'importance du réseau de relation que les élèves se constituent pendant leur scolarité, il leur permettra de résoudre des problèmes concrets pour lesquels la réponse ne se trouve pas dans les livres.

La nécessité de ne pas se limiter à la création d'entreprise, il ne faut pas oublier, dans la formation, la phase de développement de l'entreprise, notamment tous les problèmes de financement.

Les discussions au seins du groupe :

Les écoles de commerce comme les écoles d'ingénieurs qui ont travaillé (soit séparément soit en collaboration) sur ce thème sont d'accord sur la problématique suivante qui devrait faire l'objet d'une note qui après validation par le groupe, pourra être utile à l'ensemble des établissements intégrant la démarche qualité.

Plus que de création d'entreprise il faut parler de développer l'esprit d'entreprendre, la création d'activité. En effet même dans une entreprise grande, moyenne ou petite, l'employeur attend de son salarié une part de plus en plus grande de créativité. Les nouvelles générations devront créer leur emploi quelque soit leur statut juridique face au travail.

La sensibilisation des élèves est de l'avis général l'aspect le plus difficile à traiter. Ils entrent dans les écoles à l'issu d'une, deux ou trois années d'une formation qui ne privilégie pas la créativité, l'initiative, les esprits frondeurs, le goût du risque. L'école n'a que rarement fait l'objet d'un choix basé sur un goût pour la discipline dominante, un projet, mais il résulte plus du hasard du rang de classement à un concours. Il ressort qu'une formation courte ne serait pas efficace. Il faut donc consacrer un effort particulier à cet aspect de la question et le traiter dans la durée.

la constitution d'équipes mixte, école d'ingénieur/école de commerce, ne peut qu'être enrichissante tant au niveau des élèves que des corps professoraux. Par contre elle ne pourra réussir sans prendre en compte la différence de culture entre les deux types d'établissements. Les expériences déjà réalisées ont souvent connu des résultats mitigés.

l'implication totale de l'école dans le processus, que ce soit au niveau des élèves, professeurs, équipe de direction et administration est indispensable. La légitimité et la crédibilité des enseignements ne dépendra que des compétences des enseignants et de la réelle implication de la direction.

Lors de la première réunion, il avait été prévu d'orienter la réflexion sur trois aspects: la sensibilisation, l'approfondissement et la création d'entreprise étant enseignés dans le cadre de la formation d'ingénieur puis un mastère. Une évolution s'est dessinée au fur et à mesure des réunions. Le groupe s'oriente vers la rédaction d'un document qui tout en retraçant l'état de ses réflexions, permettra aux écoles qui le souhaiteraient de s'appuyer sur les réflexions du groupe pour développer l'esprit d'entreprise.

Ce document comportera cinq parties :

1- Privilégier la formation à l'esprit d'entreprendre, la création d'entreprise n'étant qu'une des facettes de ce thème.

La principale difficulté sera de motiver les jeunes qui sont très éloignés des préoccupations des entreprises et n'ont pas le sens des réalités économiques. Il faut aussi préciser le profil recherché.

L'objectif des formations doit être de leur permettre de se révéler puis de guider leur évolution, d'ou la nécessité d'une grande souplesse dans les cursus. Les doctorants pourraient être concernés par ces formations.

2-les critères d'une bonne formation :

.développer l'esprit scientifique; ceci n'est pas une évidence même dans une école d'ingénieur, cela veut dire: savoir expérimenter, avoir une notion relative de la vérité, rester modeste par rapport aux faits....

.donner une perception de la vie de l'entrepreneur au quotidien,

.ne jamais perdre de vue le marché, tout projet doit être construit à travers le marché.

.assurer une base de connaissances techniques,

3-l'intérêt d'une composition mixte des équipes: écoles d'ingénieurs, écoles de commerce, chefs d'entreprise pour les enseignements et binômes pour les élèves. Le brassage ne peut qu'être un élément enrichissant. Par contre les différences de culture nécessitent un effort permanent.

4- l'articulation entre la stratégie des établissements et les professions de foi pédagogiques. Investir dans l'esprit d'entreprendre et la création d'entreprise nécessite une remise à plat de la pédagogie. Il ne doit pas s'agir de juxtaposer des modules d'enseignement mais de concevoir différemment des cours qui sont parfois déjà programmés. L'élève doit être actif dans sa formation: par la possibilité de choisir mais aussi par un travail personnel ou en équipe le rapprochant des conditions de travail de la vie professionnelle.

5- l'aspect spécifique de la recherche : le groupe estime qu'il y a un lien étroit entre la recherche, sa valorisation et le développement de l'esprit d'entreprendre.

La recherche et le transfert technologique :

Ce sous-thème a été traité lors de deux séances plénières ainsi que lors d'une réunion d'un groupe de travail

Synthèse du questionnaire :

Les réponses des écoles au questionnaire qui leur a été adressé montrent que toutes n'ont pas la même conception de la recherche. Pour certaines, elle joue un rôle accessoire, pour d'autres au contraire, il y a osmose avec l'enseignement. En général on peut dire que toutes reconnaissent que c'est un moyen d'être au service du développement industriel et que c'est un débouché possible pour les élèves. Si la part accordée à la recherche est très variable , toutes les écoles considèrent que la recherche à finalité industrielle a des conséquences positives sur la notoriété de l'école dans le monde industriel.

Les réponses concernant le chiffre d'affaire de la recherche ne sont pas comparables mais ils confirment la grande diversité des écoles dans ce domaine.

Il n'y a pas non plus unicité dans les modes de gestion des contrats, certaines les gèrent directement, d'autres passent par des associations.

Le rôle joué par les doctorants est aussi très différent d'un établissement à l'autre. La plupart accueillent des doctorants, en nombre plus ou moins important dans leurs laboratoires en application d'accords passés avec les universités.

Le travail de la commission s'est développé autour de trois axes : les études doctorales, la valorisation de la recherche, le diplôme d'innovation.

1- Les études doctorales :

Deux écoles sont habilitées à délivrer des doctorats, d'autres, en plus grand nombre ont passé des accords avec les universités et ouvrent les portes de leurs laboratoires aux doctorants. Les écoles impliquées dans la démarche qualité ne sont pas toutes motivées par une plus forte implication dans la délivrance de doctorats.

Des négociations sont actuellement en cours avec le ministère en charge de l'enseignement supérieur pour la création d'une école doctorale regroupant plusieurs établissements.

Le sorts des docteurs préoccupent les écoles, les statistiques sur l'emploi montrent qu'ils ont des difficultés à trouver du travail. Des actions sont menées : l'organisation de doctoriales, la conception d'une charte du doctorant, des formations leur permettant de connaître le monde des entreprises. Il faut noter que le ministère de l'Education nationale a mis en place un groupe de travail sur le sujet.

2- La valorisation de la recherche :

la valorisation de la recherche a été abordée à travers les associations support qui existent déjà , du rôle qu'elle jouent (souplesse de gestion, rapidité des décisions...).S'agissant d'une évolution possible de leur statut, le directeur d'Armines a été chargé de suivre les discussions actuellement en cours à l'Education Nationale. Il assurera le lien avec les autres organismes , Armines peut jouer un rôle fédérateur auprès des écoles concernées.

3- Un diplôme adapté aux besoins des PME :

La charte devrait permettre la mise en place d'un diplôme (diplôme de recherche et d'innovation technologique) répondant aux besoins des petites et moyennes industries en matière de recherche. Si les règles n'en sont pas encore fixées avec le ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, il se préparerait pendant une durée de 10 à 12 mois, en entreprise avec pour objectif de faciliter l'innovation technologique. Il serait sanctionné par un jury composé d'enseignants et de représentants des entreprises. Un co-financement entreprise-administration pourrait être envisagé. Des négociation sont actuellement en cours.