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Charte Qualité pour les Ecoles d'Ingénieurs

GROUPE DE TRAVAIL N°5

"Communication, ouverture et dimension internationale"

COMPTE RENDU DE LA RÉUNION EN SÉANCE PLÉNIÈRE DU 3 AVRIL 1997

Participants : liste en annexe

Président : M. Jacques PERRIN, Directeur Général du groupe l'ESIEE

Rapporteur : Mme Hélène GARNIER-AW, Ministère de l'industrie, DARPMI, sous-directeur Formation et qualification pour les entreprises.

En introduction à la discussion, M. René François Bernard, responsable de la mission "cadres techniques" au ministère de l'industrie, rappelle le contexte de la réunion et les objectifs du groupe de travail. Le ministre a exprimé la volonté d'engager une politique de développement de la formation des cadres techniques, dont les lignes directrices sont les suivantes : permettre une offre plus réactive, mieux articuler formation initiale et formation continue et favoriser les parcours individuels, dégager des synergies entre écoles pour les recrutements, à l'international et pour le suivi des carrières, favoriser l'innovation technologique et l'esprit d'entreprise. Il précise que le document général d'orientation du projet de charte, élaboré par un groupe restreint et soumis aux différentes composantes des écoles (Mines, consulaires, GET, ENSPM, Supelec) sera communiqué aux participants d'ici une semaine. La démarche de définition des référentiels est aujourd'hui engagée avec la création de 3 commissions (connaissance du marché et prospective; innovations pédagogiques et projet personnel; créations d'entreprises, innovation scientifique et transfert technologique) et 2 groupes de travail (recrutement des élèves; communication, ouverture et dimension internationale). La mission de chacun de ces groupes est de définir, pour la mi-mai, un cahier des charges précisant le "périmètre" de leur réflexion et leur méthode de travail. Ces premiers résultats, qui devront répondre à une exigence de cohérence entre les groupes, seront présentés lors d'une réunion en présence du ministre le 26 mai prochain. Les groupes de travail et commissions entameront ensuite l'élaboration des référentiels, la rédaction définitive de la charte. Le label sera attribué à l'issue d'audits externes.

Avant d'engager un tour de table, M. Perrin précise les échéances pour le groupe de travail (cahier des charges pour la mi-mai, résultats des travaux des commissions et groupes de travail pour la fin 1997) et présente le documents distribués en début de séance. Sur le document du CNGE (rapport Nerrière : les grandes écoles et la formation aux responsabilités internationales), il invite les participants à réagir plus particulièrement à partir de la liste des critères énumérés pages 23 et 24. Il passe ensuite la parole à Mme Garnier-Aw, qui rappelle la volonté du ministre de passer d'une logique de l'offre de formation à une logique de la demande et développe la problématique proposée dans le second document (document de travail n°1, du 2/4/1997).Celle-ci vise à privilégier l'approche des critères à retenir pour la charte par la place des entreprises dans le processus de production des compétences à l'international.

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La discussion s'est portée sur les points suivants :

1- les entreprises (attentes, prospective sur les besoins, offres d'emplois et de stages, place dans les organes des écoles...),

2 - les périodes à l'étranger (offres, demandes, obstacles, motivations, conditions favorables, types de périodes,...),

3 - les compétences à l'international (langues, culture, travail en réseau, double compétence...),

4 - La reconnaissance des formations (multilocalisation des établissements, partenariats, double diplôme, diplôme européen, ...).

Les entreprises :

M.Perrin souligne d'emblée une contradiction : la demande de formation des entreprises à l'international est très forte, mais les embauches effectives sur des postes à l'étranger ne se font que 3 ou 4 ans après la sortie des diplômés, alors que ceux-ci ont pu perdre une partie de leur motivation. Il émet l'hypothèse que la situation pourrait être différente pour les PMI. Il se demande comment intégrer les attentes des entreprises dans le référentiel. M.Jolles (Ecole Européenne des Affaires), précise que son école compte 60% d'élèves non français et que 80% de ses élèves trouvent un premier emploi à l'étranger; il souligne que le marché du travail des cadres techniques s'internationalise de plus en plus et se demande si les entreprises françaises sont prêtes à recruter des non-français sortant de nos écoles. M.Baubert (responsable de VSN Site) observe que les grandes entreprises disent vouloir garder 2 ou 3 ans les jeunes diplômés en France, l'insertion à l'étranger n'intervenant que lorsque ceux-ci ont une bonne connaissance des produits. M.Sabatier (Société DIS) confirme ce propos, les entreprises ayant besoin d'être sûr de la personne qu'elles envoient à l'étranger. M. Simpson (ENST Bretagne), comme M.Dubois (Société GEMPLUS), juge que les entreprises considèrent les ingénieurs français excellents.

Mme Rozenholc (DATAR) attire l'attention sur les marchés en émergence, où la France est peu présente. Elle se demande que faire pour ces marchés et appelle à une réflexion prospective. Pour M.Perrin la connaissance de ces marchés se fait souvent par les stagiaires à leur retour de l'étranger. Un participant souhaite qu'on ne se polarise pas seulement sur les entreprises étrangères à l'étranger; il faut travailler aussi avec les entreprises étrangères en France.

Des obstacles à l'expatriation sont soulignés : les rémunérations, qui peuvent ne pas être suffisamment attractives, les conditions sociales du travail, souvent moins favorables par rapport à celles offertes en France, la perte progressive de motivation si l'insertion à l'étranger ne se réalise pas rapidement, les diplômés construisant leur vie personnelle en France...

M. Perrin observe la très faible place occupée par les personnalités étrangères ou des industriels étrangers au sein des conseils d'orientation et conseils d'administration des écoles; leur présence est susceptible de faciliter une meilleures prise en compte des attentes des entreprises, de la recherche de stages et de l'insertion à l'étranger des diplômés.

Les périodes à l'étranger

Les participants soulignent le rôle essentiel des stages en entreprise pour une bonne préparation des futurs diplômés à aborder les dimensions internationales. Les stages académiques ont un rôle moindre, un participant notant une énorme différence entre les étudiants revenant d'une expérience universitaire et ceux revenant d'une expérience en entreprise. Mme Saas (ESIGELEC) précise que son école a établi des coopérations de recherche entre laboratoires, mais que celles-ci n'ont pas la valeur des stages en entreprise. M.Rohrbach (ESIGETEL) dit encourager les stages longs à l'étranger. Les stages longs sont le moyen de pallier le manque d'expérience professionnelle. Mme Gandolfi (CEFI) estime que les stages à l'étranger sont à privilégier. Pour M. Transborg (ISMANS), dont l'école développe des collaborations entre centres de recherche industrielles, le projet personnel de l'élève passe par la notion de stage. Propos confirmé par un autre participant jugeant que, quelle que soit la demande des entreprises, il faut tenir compte du projet personnel. M.Perrin estime que le fait de prévoir un stage long à l'étranger appelle à envisager une gradation dans l'approche : apprentissage des langues, échanges académiques, stages courts, stages longs.

Plusieurs participants font état des difficultés rencontrées pour répondre à l'ensemble des demandes et aux limites de la capacité d'accueil de stagiaires. M.Grunstein (Ministère des Affaires Etrangères) évoque à ce propos le cas de la Thaïlande où il a fallu recruter une personne pour prospecter. Différentes solutions sont évoquées pour pallier ces difficultés : développer la démarche des forums à l'étranger, les structures d'appui, les sites Web permettant de rapprocher en temps réel les offres et les demandes- les entreprises faisant état de leurs besoins et les élèves présentant leurs CV, à l'image du site VSN mis en place par M.Baubert. D'autres obstacles au développement des stages à l'étranger sont évoqués : leur financement (M.Perrin), la motivation quelquefois faible des élèves pour les échanges d'étudiants (ESIGETEL), le manque de lisibilité du système de formation français pour des étrangers (M. Dubois, ESA IGELEC). Si les démarches personnelles de recherche de stage sont à encourager, il faut cependant veiller à ce que l'élève ne soit pas laissé à lui-même, sans mise en situation de responsabilité, ce qui peut conduire à un stage improductif .

Le dispositif des Coopérants du Service National est largement abordé. Plusieurs participants relèvent que les entreprises sont satisfaites de ce système, à cette période charnière entre la fin des études et le moment de l'insertion professionnelle. Ils regrettent sa disparition prochaine et se demandent par quoi il pourrait être remplacé.

La place du stage long dans le cursus des études est enfin évoqué. M. Didier donne à ce sujet l'exemple de HEC où le stage se situe entre la seconde et la troisième année, dans un dispositif de type alternance (année "sandwich"), comme à l'école des Ponts.

Les compétences à l'international

Les compétences énumérées dans le rapport Nerrière sont confirmées par les participants. Pour M. Baubert, ce qui compte d'abord sont les capacités d'adaptation, tout le monde ayant des capacités techniques à peu près équivalentes. Savoir parler une langue n'est qu'un début, le plus important étant de pénétrer la culture de l'autre, d'où la nécessité d'un apprentissage multiculturel (Mme Boulanger, ENSTIM Albi Carmaux). M.Markowski explique pour l'ESIEE comment cet objectif, jugé important, est intégré dans les programmes de formation de son école.

Mme Rozenholc insiste sur l'importance grandissante de la capacité à savoir travailler en réseau, notamment avec les nouvelles technologies de la communication et juge que le métissage culturel facilite ce travail; des cours d'anthropologie sociale seraient nécessaires, permettant par exemple de montrer comment certains pays utilisent leur diasporas pour la pénétration des marchés. Elle insiste sur l'importance du multimédia, largement sous-utilisé en France par rapport à d'autres pays (Canada, Australie, Etats Unis...), les ingénieurs devant être capables de travailler en réseau avec des moyens d'apprentissage permanent. Elle note, dans une préoccupation prospective, que les futurs étudiants qui arriveront dans les écoles seront de plus en plus formés à ce métissage culturel et que les établissements doivent s'y préparer.

La motivation pour acquérir ces compétences à l'international, source de vocation à l'expatriation, peut être favorisée par des échanges d'étudiants, comme le programme ERASMUS (M.Baubert), une présence importante d'étudiants étrangers dans l'école, comme à l'ENSPM, école d'application avec une forte proximité de grandes entreprises internationales où un brassage d'ingénieurs et de professionnels se réalise (M. Flèche, ENSPM) ou la conduite d'un projet commun par plusieurs étudiants de nationalités différentes (M. Bourgeois, ENSTIM de Nantes).

M. Dubois (société GEMPLUS), en réponse à une question de Mme Garnier, confirme que l'existence d'une double compétence (base ingénieur plus un complément management ou commerce) est très appréciée par les entreprises.

A propos des langues étrangères , l'évaluation en externe d'un niveau de langue à partir d'un standard (niveau requis Toefl) est généralement jugée importante, comme la maîtrise d'une seconde langue étrangère. Le choix des langues, la définition d'une politique commune à plusieurs établissement, avec un enseignement en réseau permettant aux petites écoles d'offrir des langues plus rares sont évoqués. La question de la langue d'enseignement, essentielle dans la perspective de l'accueil d'étudiants étrangers, est également posée. Les participants jugent que celle-ci ne doit pas être un obstacle pour des étudiants étrangers, certains étant prêts à apprendre le français (pays latins) d'autres non (pays d'Asie).

La reconnaissance des formations et le partenariat

Les diverses modalités de reconnaissance des diplômes sont évoquées. A cette occasion le manque de lisibilité du système français de formation est de nouveau souligné. M.Jolles de l'Ecole Européenne des Affaires fait part du cas de son établissement implanté dans quatre pays (France, Allemagne, Angleterre, Espagne); il estime que la multilocalisation peut jouer un rôle important.

Le double diplôme est jugé comme un piste particulièrement riche. M. Perrin donne à ce sujet l'exemple du réseau TIME de l'Ecole Centrale. Il ajoute que l'existence de double diplôme rassure les étudiants mais que celle-ci nécessite que nos diplômes puissent être "lus" par les entreprises, avec un étalonnage de nos diverses formations. M.Simpson de l'ENST Bretagne signale que son établissement a lancé des doubles diplômes, résultat d'un travail difficile avec la CTI. Pour Mme du Pierson, de l'ESIM, où existent des doubles diplômes avec Madrid et l'Angleterre, le double diplôme doit rester "l'apogée", propos confirmé par Mme Gandolfi qui estime que la question du double diplôme est difficile. Des participants évoquent les partenariats réalisés avec des établissements sur la base du standard du mastère. Mme Saas de l'ESIGELEC précise que son école a délivré cette année 30 diplômes d'ingénieur européen et que des entreprises reconnaissent ceux-ci, comme Shell ou Siemens.

M. Perrin, dont les propos sont repris par plusieurs participants, juge que la faiblesse des échanges au niveau des corps professoraux constitue un obstacle important au développement de l'international dans les établissements.

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En conclusion de la réunion M. Perrin propose les critères figurant p23 et 24 du rapport Nerrière comme base de réflexion. Il appelle à contribution tout particulièrement sur les points suivants :

- les langues : natures, diversité de l'offre, niveaux d'évaluation, politiques d'accompagnement, français langue étrangère, collaborations entre écoles, enseignement technique en langues étrangères.

- les périodes à l'étranger : échanges et stages

- Projets biculturels ou binationaux (études / recherche) et échanges

- Politique de recrutement d'étudiants à l'étranger.

- Structuration des partenariats, multilocalisation, création de mastères.

- Composition des conseils d'orientation et conseils d'administration des écoles

Il rappelle les échéances (voir ci-dessus, p 1) et invite les participants à communiquer à lui-même ou à Mme Garnier, rapporteur du groupe de travail, les expériences significatives de leurs établissements sur l'international. Un compte rendu de la réunion sera adressé aux participants. Christian Scherer, chargé du site Internet au ministère de l'industrie, propose que les informations et contributions puissent circuler via internet; les adresses devront lui être communiquées.

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Prochaine réunion du groupe de travail en séance plénière :

16 mai 1997 de 9h30 à 12h

101 rue de Grenelle - Paris 7ème

Salon Jaune

Mme Garnier invite des volontaires à rejoindre le groupe de travail restreint chargé de coordonner les travaux entre deux réunions en séance plénière.