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Discours de Christian PIERRET, Secrétaire d'Etat à l'lndustrie
Déjeuner à Labège, Toulouse, le 22 septembre 1997

Les nouvelles technologies de l'information et la compétitivité des entreprises

Mesdames, Messieurs,

J'ai souhaité évoquer devant vous, à Toulouse, capitale française des technologies de pointe, le thème des nouvelles technologies de l'information et de la compétitivité des entreprises. C'est un thème d'avenir, mais pas un thème futuriste car il s'agit d'une bataille déjà largement engagée par les entreprises, et dans laquelle les pouvoirs publics ont, de plus en plus, un rôle d'impulsion et de coordination à jouer.

Le Premier ministre a annoncé à HOURTIN (Université de la Communication) une politique claire et déterminée pour l'entrée de la France dans la société de l'information. Pour ma part (je l'ai exprimé lors de la conférence internationale de BONN sur les réseaux globaux d'information), je crois que nous nous trouvons face à une formidable opportunité pour stimuler la croissance et créer des emplois, Il s'agit d'une priorité économique pour la modernisation de notre pays et donc d'une priorité politique pour le Gouvernement,

J'ai donc la volonté de mener une action déterminée pour faire résolument entrer les entreprises françaises dans la société de l'information.

[Introduction de la problématique]: Les nouvelles technologies de l'information sont des vecteurs de la compétitivité globale

L'enjeu des nouvelles technologies de l'information est clair, elles sont la clé de tous les volets de la compétitivité:

Dans cette optique, en tenant compte des atouts dont la France dispose déjà (1er point), l'Etat a le devoir:

1. La France dispose déjà en la matière d'atouts pour la conquête de nouveaux marchés

En matière de communication audiovisuelle, de multimédia et de technologies d'information, la France dispose de nombreux atouts pour conquérir de nouveaux marchés. Les acteurs français couvrent l'ensemble de la chaîne de la valeur ajoutée depuis la production des contenus jusqu'aux équipements terminaux de réception en passant par l'élaboration de bouquets de services et leur diffusion aux travers de réseaux performants,

Grâce au minitel, la France a de nombreux éditeurs de service en ligne qui vont s'adapter rapidement à la transition vers le monde Internet mais également d'industriels compétents pour produire des terminaux à bas coût, Dans l'édition de contenus multimédia, des entreprises françaises ont déjà acquis une place significative sur la scène internationale.

De manière générale, face aux défis posés par la société de l'information, notre pays possède un ensemble d'atouts économiques, scientifiques et sociaux qui nous permettront de nous placer au meilleur niveau mondial.

Le rôle de l'Etat dans la société de l'information est important, quoiqu'il ne s'agisse en aucun cas pour lui de se substituer aux autres acteurs économiques. Face au retard pris par la France dans certains secteurs, l'Etat doit avant tout inciter à leur diffusion dans la société et faciliter le renforcement de ce secteur, économique, en veillant à ce que tous les citoyens puissent y accéder.

Cette approche doit être globale dans l'ensemble de la société: les entreprises, l'éducation, l'administration, le grand public. C'est en menant le combat sur tous ces fronts que nous parviendrons le plus rapidement à cet objectif.

L'usage de la micro-informatique et d'Internet à l'école aura un effet incitatif sur l'équipement des foyers. De même, la mise en oeuvre d'applications innovantes dans l'administration et les services publics devrait avoir un effet d'entraînement sur l'équipement des entreprises et des foyers. Au total, une meilleure diffusion des micro-ordinateurs et d'Internet dans les ménages incitera les entreprises à développer une offre de commerce électronique. Ce cercle vertueux que je souhaite encourager sera un élément essentiel de notre dynamisme économique.

Bien évidemment, il faudra prendre en compte non seulement les problèmes d'équipement des utilisateurs finaux, mais aussi de disponibilité de contenus attractifs, de sensibilisation et de formation des différents acteurs, pour éviter les échecs passés de plans trop souvent axés sur les seuls équipements.

La politique du Secrétariat d'Etat en faveur du développement général des nouvelles technologies de l'information s'articule autour de quelques priorités

D'ores et déjà, un certain nombre de décisions essentielles ont été annoncées par le Premier ministre :

Mais aujourd'hui, ce qu'il me revient de dire ce sont les orientations que j'entends prendre avec Dominique STRAUSS-KAHN au sein du Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie.

Soutenir le développement du commerce électronique

Le commerce électronique est pour nos entreprises une extraordinaire opportunité d'ouverture commerciale au monde entier. Son développement relève avant tout de l'initiative privée. L'Etat doit pour sa part mettre en place un cadre réglementaire stable et favorable, encourager les initiatives innovantes et participer à la formation et au conseil des utilisateurs.

Le commerce électronique nécessite que soient garanties la sécurité des transactions, la confidentialité des informations échangées et la protection des consommateurs.

La libéralisation de la cryptologie, décidée par le Premier ministre, et que je suis chargé de mettre en oeuvre doit permettre aux entreprises françaises d'entrer pleinement sur ce marché, encore trop largement dominé par l'industrie américaine,

Poursuivre et valoriser les expérimentations sur les autoroutes de l'information

Je suis très attaché à la poursuite des projets d'expérimentation des autoroutes de l'information, dans des domaines aussi variés que ceux des nouveaux services commerciaux (commerce électronique, échanges interentreprises), des services à caractères sociaux (santé, éducation, emploi, culture...) et de l'audiovisuel.

Il me paraît important que de nouvelles expérimentations soient lancées par le secteur privé, ainsi que le secteur public, et pour ce faire, j'ai décide la poursuite du guichet permanent des autoroutes de l'information, mis en place à la suite de l'appel à propositions. Dans ce cadre, mon département ministériel apportera son appui financier au projets labellisés innovants et à ce titre je souhaite une participation active de la presse, et en particulier de la presse régionale

Donner à la Poste un rôle exemplaire dans la diffusion d'Internet auprès du grand public,

Enfin, j'ai demandé à la Poste d'être exemplaire dans l'utilisation des technologies de l'information et dans la promotion d'Internet. Ainsi dans un premiers temps, d'ici la fin 1998, j'ai décidé que 1000 bureaux de Poste seront équipés de terminaux d'accès à Internet afin de sensibiliser le maximum de Français. Ces terminaux seront placés dans des bureaux, aussi bien en zone rurale qu'en ville, et notamment dans les quartiers urbains sensibles. Ils permettront, entre autres, d'accéder à des applications de commerce électronique pour tous ceux qui ne disposent pas d'un accès à leur domicile.

Dès 1998, de nombreux jeunes nouvellement recrutés aideront le grand public à s'initier à Internet grâce au dispositif emplois-jeunes adopté en première lecture à l'Assemblée nationale la semaine dernière. Je tiens particulièrement à cette fonction sociale qui s'écrit dans une volonté d'égalité et de convivialité des citoyens face à la technologie, et la Poste illustrera le rôle d'exemplarité du service public,

Le Secrétariat d'Etat à l'Industrie doit apporter des réponses spécifiques pour aider l'éclosion et la progression des nouvelles technologies de l'information dans les PMI

Il convient- de permettre aux PMI d'être des productrices de nouvelles technologies de l'information, grâce à l'ensemble des mécanismes d'intervention du Secrétariat d'Etat en matière d'innovation.

Mon département ministériel entend orienter et focaliser les grands programmes de recherche et développement industriels vers le secteur des technologies de l'information: les composants électroniques, l'informatique, le multimédia, l'électronique professionnelle et grand public. Il convient que cette intervention profite aussi, et pour une part importante, aux PMI.

Un premier instrument, fort apprécié des industriels, est le crédit d'impôt recherche qui allège la charge fiscale des entreprises les plus dynamiques en R&D. L'Etat ne désigne pas les dépenses de recherche qui doivent être aidées, mais accompagne par cette aide fiscale le choix stratégique de l'entrepreneur.

Autre outil: notre appel à projets centré sur 50 technologies clés définies par un panel d'industriels et d'experts, il comprend des nouvelles technologies de l'information telles que;

A l'adresse de la grande majorité des PMI, ce sont des transferts de technologie qu'il faut encourager, nous nous y employons également. Sur le thème des transferts de technologie, on a trop longtemps raisonné en partant uniquement de l'offre. Il faut, me semble-t-il, d'abord susciter la demande des entreprises, en leur faisant prendre conscience, lorsque cela est nécessaire, de leurs besoins technologiques:

(ATOUT + FRATT = 245 MF, au total, au delà des technologies de l'information).

Il faut aider les PMI, plus modestement, mais encore plus sûrement, à être des utilisatrices de ces technologies, à les assimiler

Il s'agit de soutenir la diffusion des technologies de l'information dans les PMI. 30% des PME-PMI seulement sont "connectées" sur Internet, et son utilisation est limitée à 15% du personnel. Les PMI françaises ont souvent du retard dans l'utilisation des technologies liées à Internet qui constituent pourtant un enjeu important pour leur compétitivité. Aussi je souhaite mettre en place des dispositifs facilitant leur appropriation par ces entreprises. Il s'agit de permettre aux PMI d'une part d'assurer grâce à Internet une meilleure veille technologique et commerciale; d'autre part d'améliorer grâce aux échanges électroniques les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants, ou entre les PMI et l'administration; et enfin de développer des applications qui leur ouvriront le marché mondial.

Dès 1998, les écoles et les établissements sous tutelle du Secrétariat d'Etat de l'Industrie comme les Ecoles des Mines (celle d'Albi que j'ai visitée ce matin), les Ecoles des Télécommunications, l'INRIA vont mettre en place des sessions de sensibilisation et de formation aux technologies de l'information à destination des PMI et de leurs dirigeants. Je souhaite également quelles puissent mettre en place des plates-formes. de démonstration des utilisations avancées de ces technologies.

Les écoles d'ingénieurs dépendant Secrétariat d'Etat devront également assurer la formation des Assistants Techniques d'Industrie dans chaque Chambre de Commerce et d'Industrie afin de promouvoir ces technologies dans les entreprises.

Des forums régionaux de sensibilisation et d'information ouverts aux PMI seront organisés avec tous les partenaires locaux concernés,

S'agissant des relations entre les entreprises et mes services, elles doivent être exemplaires dans l'utilisation des technologies de l'information. Ainsi, je souhaite que l'ensemble du dispositif des aides aux entreprises (FRAC, FDPMI, aides de l'ANVAR) soit d'une part consultable sur les serveurs WEB du Secrétariat d'Etat et d'autre part que les formulaires de demande d'aides soit téléchargeables pour la fin 1998. C'est déjà le cas pour le guichet permanent pour les autoroutes de l'information. A terme, les entreprises devront pouvoir obtenir des compléments d'information sur les procédures d'aides par courrier électronique,

CONCLUSION

Le Gouvernement souhaite que les acteurs économiques français se mobilisent rapidement et fortement pour porter la France au meilleur niveau en Europe et dans le monde dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Cet effort collectif est indispensable pour que notre pays participe pleinement et avec autorité aux discussions internationales qui se sont engagées notamment au niveau européen pour préparer l'avènement attendu du commerce électronique.

Nous avons tous les atouts pour y parvenir: des technologies reconnues au plan mondial, des entreprises dynamiques, une recherche de grande valeur, une capacité d'innovation remarquable dans la création de services et contenus multimédia. Tout ce potentiel ne demande qu'à s'épanouir dans un contexte juridique, économique et social qu'il faut rendre favorable. C'est la responsabilité de l'Etat mais c'est aussi, la vôtre, à vous, chefs d'entreprises, et celle de toute la société.

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(Last update : Wed, Oct 12, 2016)