[ Internet et PMI - JM Yolin ][ 1999 ] 1

CAWA

Mediangles

la France est en retard mais 1997 aura été l'année du décollage

En 1995, les USA représentaient plus des 2/3 des utilisateurs d'Internet. En avril 97 Find/SVP (http://etrg.findsvp.com/) en dénombre 41 millions soit environ la moitié des internautes mondiaux.

Si la part des autres pays croissait de façon régulière ce n'était pas le cas de la France dont le taux de croissance restait alors inférieur à celui des Etats-Unis ainsi qu'à la moyenne des autres pays de l'Union Européenne.

Une source (Intelliquest et Dataquest) fournit quelques éléments de comparaison :

  • L'estimation du nombre d'utilisateurs d'Internet, en France, serait de 150 000 en 1995, 490 000 en 1996 et 1,4 millions en 1997. (Le nombre de foyers possédant un micro-ordinateur (20 %) est maintenant proche de celui des possesseurs de Minitels (25%), mais seul un faible pourcentage de ceux-ci est aujourd'hui connecté à internet).

    Médiangle -http://207.158.230.203/resul.htm -fournit des estimations très voisines mais plus ciblées sur le marché français

  • en Allemagne et au Royaume-Uni, en 1997, le nombre d'utilisateurs d'Internet serait respectivement de 4,7 millions et 2,5 millions.
  • en Corée : 300 000 en 95, 700 000 en 96, 2 millions en 97
  • au Japon de 5 millions en 96 le nombre d'internautes doit passer à 11 millions en 97 (IDC prévoit 32 millions en 2000) : le japonais est devenu la deuxième langue du net titraient «les Echos»
  • un «petit» pays comme la Finlande a deux fois plus de serveurs par habitant que les USA...et dix fois plus que la France et Singapour a décidé pour sa part de connecter la totalité des foyers de la ville Etat par des liaisons à haut débit (1 à 2 Mégabit/s) (http://www.tas.gov.sg)
Les sites http://www.ripe.net/statistics/ et http://www.nic.fr/Statistiques sont sans doute ceux qui offrent aujourd'hui la collection la plus riche et la plus à jour de statistiques comparatives : deux tableaux qui en sont extraits illustrent bien la situation :

NIC France 28/05/97

notre pays ne figure pas parmi les «poids lourds» de l'Europe


D'après Ripe et Nic France

l'usage d'internet a, à l'évidence une forte composante culturelle : on ne peut que s'interroger sur la relation quasi linéaire qui semble s'établir entre l'équipement informatique et....la latitude

La récente enquête de l'AFTEL montre cependant que le déclic semble s'être produit et que nous commençons à rattraper notre retard avec une augmentation

  • de 62% des machines connectées (juil97/juil96), soit le double des USA (+37%) mais sensiblement moins que les pays du Sud-Est Asiatique (Network Wizard «http://www.nw.com)
  • et de 405% des sites Internet, soit le triple des Etats-Unis

Le nombre d'adresses (domaines dans le jargon du net) appartenant à des ressortissants français (dont beaucoup sont en ".com" et non en ".fr" pour des raisons que nous verrons plus loin) atteint aujourd'hui 1,23% du total mondial contre 1,15 l'an dernier et 0,66 il y a 2 ans.


Source Nic France

Quant au parc de micro-ordinateurs français connectés son poids est passé de 1,47% en juillet 95 à 1,65%du total mondial en juillet 97 (source : Network Wizards - http://www.nw.com)

En moyenne, un tiers des PME européennes ont mis en place des systèmes de messagerie électronique internes.

Dans ce domaine la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne : nous ne sommes pas en retard, loin de là, pour les réseaux internes dans les entreprises : l'AFTEL estime en décembre 97 que 60% des PME françaises de plus de 5 salariés ont un réseau local

il en est de même pour l'équipement informatique puisque 92% de ces PME sont informatisées

Cette enquête souligne que le micro-ordinateur est maintenant devant la télévision au hit-parade du nombre d'heures passé par les Français devant un appareil (ce paradoxe tient au développement des micro-ordinateurs dans les entreprises où ils sont maintenant omniprésents)

Ce n'est malheureusement pas (encore ?) le cas pour Internet.

Utilisation des technologies Internet dans les pays européens (en %)
Enquête 1997 sur les PME européennes-Enquête exclusive Exco & Grant
Thornton international

Utilisation d'Internet pour s'informer pour vendre pour acheter
Allemagne 22 8 11
Autriche 33 15 16
Belgique 27 12 10
Danemark 31 4 4
Espagne 18 6 8
Finlande 44 21 15
France 843
Grèce 20 6 5
Irlande 31 12 8
Italie 25 12 9
Luxembourg 23 2 2
Pays-Bas 33 15 10
Portugal 23 3 1
Royaume-Uni 32 11 7
Suède 39 11 11
Moyenne UE 2499
Malte 55 13 18
Norvège 41 12 19
Suisse 40 18 21
Turquie 22 6 6
Moyenne Générale 2599

En France, moins de 10% des sociétés françaises étaient, à cette date, connectées sur Internet : ce pourcentage place la France en dernière position de tous les pays étudiés.

Page 44 / 72 Enquête 1997 sur les PUE européennes-Enquête exclusive Exco & Grant Thornton international

Cependant on peut dire que pour nos entreprises 1997 a été l'année du décollage. Toujours d'après les estimations de l'AFTEL, fin 97, c'est 20% de nos PME qui sont «au moins un peu» connectées à l'internet, ce qui amène à chiffrer notre retard à environ 2 ans sur les USA

UFB LOCABAIL L'enquête UFB Locabail (http://www.ufb-locabail.fr/Enq97/IntSynth.htm), un peu plus ancienne, corrobore cette estimation : en mars 97 elle dénombrait 14% de PME raccordées contre 7% l'année précédente à la même époque

le Minitel : notre langue d'Esope

L'interprétation des comparaisons internationales est particulièrement délicate pour notre pays : il est en effet le seul a avoir connu dans le passé un important développement de la télématique avec le Minitel qui est à la fois

* un atout :

  • fonds de commerce déjà établi (transport, banque, VPC,... ) : 7,6 millions de terminaux (dont 1,3 d'émulateurs sur PC), 14 000 services, 15 millions d'utilisateurs,

    les Français ont depuis 15 ans l'habitude de taper sur un clavier pour trouver une information. Aujourd'hui les plus gros utilisateurs du minitel sont aussi les plus gros utilisateurs d'internet

    Le chiffre d'affaire du commerce en ligne représentait en 1996 12,6 milliards de F (3,1 pour les éditeurs, 1,5 pour les facturations directes et 8 pour la VPC sans compter les 3,2 pour France Télécom) soit un chiffre nettement supérieur à ce qu'il était sur internet pour le monde entier

  • une profession d'éditeurs nombreuse et prospère grâce en particulier à la formule kiosque qui permet une facturation simple et bien acceptée.

  • une profession de «télématiciens» dont les compétences ne sont pas spécifiques à la technologie Minitel (traitement de requête en langage courant par exemple)

  • des bases de données et des fonds documentaires très importants qu'il est très facile de rendre également accessibles par internet

Law-France

formatel

Quelques exemples montrent que dans la plupart des cas une migration sur internet serait sans doute rapide et peu onéreuse. Elle apporterait une masse critique et aurait un effet d'entraînement certain. Le développement sur Internet de formules offrant les mêmes avantages que le kiosque, sans le handicap d'une facturation uniquement à la durée, devrait permettre de lever bien des réticences.

Le transfert du Minitel à Internet de la base FORMATEL du conseil régional d'Île-de-France (50 000 stages de formation continue) a été réalisé en moins de 15 jours. Pour sa part JetMultimedia puise dans les mêmes bases de données pour son service Minitel et pour ses pages Web.

Mais bien entendu si les nouvelles possibilités offertes par Internet conduisent, ce qui est en général le cas, à un projet beaucoup plus ambitieux...

* un handicap :

Sur le plan culturel le Minitel a renforcé dans ce domaine notre tendance à raisonner au niveau Franco-Français

Il est considéré à l'étranger comme le reflet d'une société hiérarchisée, au centralisme pesant, où le contrôle de l'information est considéré comme un enjeu plus stratégique que sa large diffusion : Hollande et Finlande nous sont proposés comme contre modèles

Nous avons, en fait, davantage pris l'habitude de considérer que le transport et le temps sont cher que d'admettre que l'information a une valeur marchande

France Télécom ne peut espérer une maîtrise d'Internet analogue à celle du Minitel [5] et ne souhaite sans doute pas une mort trop rapide de la poule aux oeufs d'or [6]. On ne peut que constater que son engagement sur internet a été tardif et timide (quand Wanadoo vise un objectif de 100 000 abonnés fin 97 T-online son homologue allemand en revendique 1,9 millions)

Autre source de blocage clairement perceptible : les entreprises, banques, organismes et même certains services administratifs qui facturent par ce biais, de façon tout à fait discutable [7] dans les services publics en particulier, par exception à la non affectations des recettes, le minitel apportait une ressource exceptionnelle flexible dont la disparition est fortement appréhendée car elle trouvera difficilement une compensation budgétaire, les informations délivrées au public (ce qui était coûteux était gratuit (le papier) et ce qui était bon marché (la télématique) était payant !): il est clair que sur le WEB elles ne pourront pas se permettre de facturer la délivrance d'un billet d'avion ou un décret paru au journal officiel. Cela privera les services concernés d'une ressource appréciée pour l'indépendance qu'elle leur apportait.

Par ailleurs le Minitel apporte une réponse partielle mais efficace aux besoins, réduisant ainsi la pression de la demande et beaucoup de décideurs pensent qu'internet ce n'est que de minitel avec des images sans percevoir la mutation radicale qu'il apporte.

Nous avons constaté aux Etats-Unis que beaucoup de cadres ou de chefs d'entreprises avaient commencé à utiliser internet pour des usages personnels (organisation de voyages, relations avec les banques, recherche d'informations dans le cadre d'un hobby,...). Ne disposant pas d'un minitel, ils ont dû utiliser internet (souvent incités par leurs enfants... ou leurs parents retraités).

La transposition vers l'entreprise s'est ensuite faite tout naturellement.

Lemaitre-Securite

M. Lemaitre Pdg de l'entreprise Lemaitre-Sécurité, fabricant de chaussures de sécurité à LA WALK en Alsace http://www.lemaitre-securite.com, a ainsi commencé par utiliser internet pour rechercher des informations dans le cadre de son hobby (l'aviation, ...) et y rencontrer d'autres passionnés, avant d'en faire une arme commerciale pour son entreprise.


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