(Last update : Wed, 1 Sep 1999)
[ Internet et PME ]

4.1.3.1.2 Réinventer une fonction kiosque au profit des éditeurs et des marchands: Telco, Portails ou Banques?

On a tendance à assimiler "Kiosque" à "facturation à la durée", or ce n'est pas là que se trouve le réel atout de ce moyen de paiement, celles qu'il convient de préserver car elles continuent à répondre à un véritable besoin

pour le client :

pour l'éditeur ou le marchand L'opérateur intermédiaire joue véritablement le rôle d'un "tiers de confiance". En outre il permet des gains substantiels sur le coût administratif de la transaction qui sans lui serait rédhibitoire

Dans le domaine de la vente d'information, la facturation à la durée est par contre, sauf exception, un véritable contresens : plus le service est lent et de mauvaise qualité, plus la facture est élevée ! la facturation doit se faire en fonction du service rendu (à l'unité, au forfait, au volume , ...et seulement dans de rares cas au temps)

Aujourd'hui vous avez le choix: pour acheter le Monde en formule kiosque: vous pouvez le payer à la pièce par wanadoo (5F) ou à la minute par France Explorer (2,23F la minute), formule qui ne saurait être recommandée que pour les adeptes de la lecture rapide...

l'information n'a pas de prix mais elle a un coût

Le Kiosque minitel, jouant le rôle d'une vaste librairie virtuelle, a permis l'émergence d'une importante profession d'édition électronique qui, nous a-t-on dit, n'avait pas jusqu'à une période récente son équivalent à l'étranger, même aux Etats Unis : c'est pour notre pays une richesse économique et culturelle dont il convient de préserver les capacités de développement.

A partir de 1997 il semble qu'il faille employer l'imparfait : selon Michel Ktitareff correspondant des Echos en Californie la plupart des journaux (quotidiens, hebdomadaires, mensuels, ...), généralistes ou spécialisés, ont déjà placé l'essentiel de leur contenu sur le Net - en général gratuitement - mais un tiers d'entre eux environ en ont déjà fait une activité rentable, le seuil des 50 % devrait être atteint à la fin de cette année.

Qui, à l'avenir, pourra offrir ces deux atouts ?

1. Les opérateurs de télécommunications
(et les fournisseurs d'accès Internet avec lesquels les frontières s'estompent : Worldcom qui a lancé une gigantesque OPA de 30 milliards de dollars sur MCI vient de racheter, le 21 octobre 1997, Iway, fournisseur d' accès Internet de notre ministère)

E-Charge www.echarge.com développé au départ sous l'impulsion des "sites pour adultes" reporte le montant de la facture sur celle du téléphone

SEL distributeur de jeu utilise le...3617SEL! et vous demande de vous connecter le temps adéquat pour régler votre achat: Au lieu de transformer le temps en argent c'est le processus inverse qui est mis en oeuvre!


Mais cela implique des accords mondiaux entre opérateurs pour la répercussion des factures jusqu'au client final.

Par ailleurs on peut se demander si les "transporteurs" sont les mieux placés pour jouer le rôle de libraires

La déréglementation actuelle va augmenter encore la complexité de ce problème mais en même temps elle rend les opérateurs plus imaginatifs.

De La Rue Card System essaye de convaincre les fabricants de téléphones portables de prévoir une "seconde fente" pour y glisser une carte faisant office de portefeuille électronique. Itinéris teste un tel service où le portable se transforme en Terminal de Paiement par carte de crédit chez les commerçants avec "Iti-Achat"


L'accès internet dit "gratuit" n'est autre qu'une formule Kiosque quand une partie de son coût est financé par le reversement de l'opérateur télécom,

D'ailleurs on trouve l'opérateur de nouvelle génération Colt derrière les initiatives de X-Stream, WorldOnline, Lokace infonie et free.fr

C'est également le cas de freesbee (créé par None Networks
www.none.net) qui a acheté des milliards de minutes à France Télécom, négociées au prix de gros et qui facture les communications à ses abonnés


Mais les Finlandais, sautant cette étape, vont un cran plus loin :

Dans ce pays vous pouvez avec votre téléphone portable actionner toute une série de distributeurs automatiques (distributeur de boissons, laveur de voitures, juke box, ...) et le coût est directement imputé sur votre facture téléphonique.

Vous téléphonez à 1 mètre de distance de votre "interlocuteur" le téléphone portable ne sert ... qu'à la facturation.


2. sites portails, principales portes d'entrée sur le web (AOL, Yahoo !, Netscape, Lycos...)

Les 4 ou 5 plus importants couvrent à eux seuls plus de la moitié du marché mondial et seraient en mesure de remplir cette fonction sans difficulté : ils sont en quelque sorte dans la situation des kiosques des halls des grandes gares qui voient passer un grand nombre de voyageurs en transit vers d'autres lieux.

AOL revendiquait au printemps 99 plus d'abonnés - 19 millions d'utilisateurs payants en mai 99 - que les dix principaux journaux américains réunis, (13 millions).

En 1998 près de 20 % de tous les achats en ligne ont été générés par les 4 leaders : AOL (8 %) Yahoo ! (4 %) Netscape (3 %) Excite (3 %).

Cela représente 2 milliards de dollars sur le seul premier trimestre 99 pour les cybercommerçants liés à AOL (+ 50 % sur 98).

AOL pourrait sans difficultés regrouper les factures des achats effectués par son canal et les prélever sur les comptes de ses clients chaque mois en sus de l'abonnement.

Début 1999 AOL-Compuserve France met en place le système Cobra : l'internaute-abonné paye ses menus achats, directement sur sa facture compuserve qui se charge de sécuriser les transactions

Le 7 avril 1999 il a annoncé le lancement de la chaîne "shopping"
  • il garantit la sécurité des transactions électroniques au marchand
  • il garantit qualité de l'information et du service clientèle et délais de livraison au consommateur.
Yahoo! Ouvre un "compte yahoo!" Aux abonnés de sa messagerie gratuite qu'il utilise en particulier pour ses ventes aux enchères

Lycos a lancé dans cette logique une carte de crédit, et grâce à un partenariat avec Bank One il est capable d'accorder des crédits à la consommation de façon quasi instantanée

Aujourd'hui Wanadoo offre la possibilité de régler un certain nombre d'achats par son intermédiaire, comme l'achat du Monde ou la consultation dune annonce sur Cadremploi www.cadremploi.fr , Club-internet a annoncé qu'il allait faire de même et Freesbee nouveau fournisseur d'accès gratuit (mais qui facture les minutes de communication locales qu'il a achetées en gros à France Télécom) se propose de se positionner sur cette fonction "kiosque"


Si cette hypothèse se concrétise et cela semble être le cas en 1999 la concentration dans cette profession devrait encore s'accélérer : les Portails pourraient jouer tout naturellement ce rôle de "libraire" d'Internet alors que les opérateurs Télécom se cantonneraient dans leur fonction de transporteurs.

on peut par contre s'interroger sur l'intérêt pour eux d'exercer en propre, comme ils le font parfois encore actuellement, le métier d'éditeur

L'échec du journal produit par Microsoft, Slate www.slate.com malgré des moyens considérables, est un exemple de la difficulté qu'il y a à exercer avec un égal bonheur des métiers aussi différents.

Yahoo! qui semble faire montre de plus de succès s'interdit de produire quoi que ce soit: Yahoo! diffuse ce qui lui permet de rester innovant...et svelte: 600 personnes (moins que l'équipe de lawyers de Microsoft!)


La sortie de MSIX, nouveau protocole de facturation de services www.msix.org est candidat pour être l'outil de cette évolution

On pourrait aussi imaginer dans ce cadre une facturation type "SACEM", forfaitaire pour le client dans une gamme de services et une rémunération des éditeurs au prorata des consultations. Ces ISP exerceraient alors un métier de "bibliothécaire".

La rémunération de ces portails pourrait se faire davantage par le biais de cette fonction kiosque et par le reversement de l'opérateur de Telecom (qui doit lui rétrocéder une partie de la facture de téléphone) que par le biais d'une facturation du service de l'ISP.

On s'orienterait alors vers la généralisation de l'Internet "gratuit" (qui en fait est loin d'être gratuit puisqu'en France comme dans plusieurs autres pays européens les communications locales sont encore particulièrement onéreuses).

3. Les banques ?

À travers les groupements de cartes bancaires, elles pourraient offrir ce service avec la formule du "porte-monnaie virtuel" permettant des micropaiements multidevises qui répond parfaitement aux fonctionnalités qui ont fait le succès du kiosque telles que décrites ci-dessus

Kle-line http://www.kleline.com filiale de Bnp-Paribas, même si son ergonomie au départ ne recueillait pas encore tous les suffrages, revendiquait à l'été 1999 300 marchands dont 60% à l'étranger et 35 000 transactions par mois. pour un montant de 28 MF

Cybercash, qui se développe au niveau mondial (sauf en France à cause de la réglementation sur le cryptage encore récemment en vigueur) indique que le coût d'une transaction réalisée par le moyen d'un porte-monnaie virtuel est de 0.10$+4% du prix facturé : dans ces conditions la facture minimum est de 0.25$ ce qui correspond à des "mini-paiements" (1 à 100$) plus qu'à des micro-paiements (quelques centimes)


La concurrence dans ce domaine va s'exercer non au sein d'une profession mais entre trois grandes professions du recouvrement de facture


Comme le dit de façon très pertinente une publicité américaine : "it makes cents"

Pour la vente au numéro, Le Monde vous offre le choix entre la solution Banque (Kleline) le système kiosque à la minute (France Explorer 2,23 F/minute) ou la facturation kiosque "à la pièce" via un portail (Wanadoo).

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