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Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs, je voudrais vous présenter synthétiquement la situation de l 'industrie en France ainsi qu 'au plan international.

Dans quelle mesure peut-on considérer l 'industrie comme un poumon de l 'économie ?

On a coutume de rappeler que la France est aujourd'hui la quatrième puissance industrielle dans le monde.

Quelle est plus précisément la place de notre pays dans la compétition internationale ?

L'industrie au sens restreint, ce sont les industries manufacturières qui pèsent 17% du PIB (biens de consommation, automobile, biens d'équipement et biens intermédiaires).

S'y ajoutent naturellement les télécommunications, les postes, les services aux entreprises( pour 10% du PIB), les industries agro-alimentaires, l'énergie et la construction.

Au total, l'industrie représente donc 41% du produit intérieur brut et elle a de très fortes connexions avec les autres secteurs de l'économie en particulier le tertiaire.

La force de notre industrie est un élément stratégique de l'activité en France et de l'avenir de notre économie.

L'industrie emploie plus de huit millions de personnes soit un peu plus de 36% de l'emploi total mais plus de la moitié de l'emploi marchand.

Le tissu industriel joue un rôle essentiel en terme d'aménagement du territoire. Sa solidité détermine l'emploi d'aujourd'hui et de demain.

Je reviendrai en fin de mon exposé sur les évolutions de l'emploi dans ces secteurs.

Voici la comparaison classique entre la France et l'Allemagne sur la proportion d'entreprises selon leur taille ( la France en jaune).

On constate que les entreprises françaises sont plus petites et que notre tissu industriel a un déficit d'entreprises moyennes et grandes. C'est une faiblesse qu'il faudrait pouvoir collectivement corriger.

Mais, bien entendu, la taille n'a rien d'un critère en soi : aux Etats-Unis , les technologies de l'information suscitent de petites entreprises en réseau qui constituent l'un des facteurs de la réduction du chômage. Il faut donc aussi tirer profit de notre potentiel et agir sur les coopérations d'entreprises

Dans la période 85-96, la production de l'industrie manufacturière en France a augmenté de plus de 30% soit autant que la moyenne européenne.

(Par parenthèse, pendant la même période, la production des services aux entreprises, des postes et des télécommunications a progressé de plus de 70% ce qui montre le dynamisme du secteur).

Mais, revenons au tableau, la France comme l'Europe se fait distancer sur la période : la production industrielle des États-Unis a augmenté de plus de 35% et celle du Japon de près de 50%.

Ainsi, si la France est bien la quatrième puissance industrielle mondiale, derrière les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne, l'écart avec les premiers s'agrandit alors que celui avec le numéro cinq, l'Italie, se réduit sensiblement

L'industrie française évolue dans un contexte très ouvert. Ceci se concrétise quotidiennement par des opérations de fusion-absorption, par des alliances permettant aux entreprises d'atteindre le bon positionnement au niveau mondial.

L'une des tables rondes tout à l'heure permettra d'en cerner les enjeux et les conditions : opportunités comme risques.

Premier signe de nos succès industriels à l'extérieur : notre solde manufacturier est positif et en amélioration constante depuis 1991 ; c'est un bon signe pour notre compétitivité (même s'il faut cependant rester prudent dans son interprétation détaillée).

Or l'industrie manufacturière représente 66 % des exportations totales : on mesure donc son rôle dans le solde de la balance commerciale française!

La part de la France dans le commerce international des biens manufacturiers oscille autour de 6% depuis 10 ans ce qui la place au 4ème rang (avec des pointes au delà de 10% dans l'aéronautique, la parachimie, le verre, le caoutchouc, les produits pharmaceutiques, les matériels ferroviaires ou les produits de luxe).

Deux points de fragilité doivent être signalés dans nos échanges : tout d'abord, ils sont principalement intra-européens et l'accès de nos entreprises aux marchés mondiaux est donc à poursuivre résolument ; de plus, notre solde est souvent positif sur des produits traditionnels et notre position doit être confortée sur les produits et les services nouveaux.

Une autre caractéristique réside dans le fait que les grandes entreprises réalisent encore la plus grande part des exportations. Ainsi 250 entreprises assurent 50% des exportations. Les 1000 premières entreprises assurent 75% des exportations.

Cependant les PMI ont augmenté de 4 points leur taux d'exportation depuis 1988, ce qui est encourageant.

Autre signe d'ouverture, ce sont les flux d'investissements.

D'investissement étrangers en France tout d'abord : ce sont les barres de couleur bleues. L'attractivité du site industriel français se confirme : la France se classe pour la troisième année consécutive au troisième rang mondial des pays industrialisés destinataires d'investissements directs étrangers et au 4 ème rang mondial en prenant en compte la Chine, pays en développement rapide. Ceci nécessite une vigilance constante.

Les flux d'investissements français à l'étranger ensuite (les barres roses de ce graphique) place la France comme 4ème investisseur mondial, mais cette mondialisation est encore inachevée: par exemple, l'Asie représente 3% des investissements réalisés à l'étranger.

L'ouverture de notre économie, et en particulier l'appel à l'épargne publique, en France ou à l'étranger,met en avant de façon renforcée des objectifs de rentabilité financière (avec un relief accru dans des contextes de crise boursière et crise financière internationale).

Ce graphique, qui compare, en rouge la rentabilité financière au taux d'intérêt à long terme (en jaune). Après le creux difficile de l'année 93, on constate une amélioration de la rentabilité financière en 1997. (BACH: centrale de bilan européenne)

L'ouverture des secteurs industriels se traduit par un impératif général de compétitivité pour les entreprises à tous les stades: celui de la conception, celui de la fabrication, de l'acheminement et de la commercialisation, de l'organisation générale de l'entreprise elle-même. A ce titre les investissements et l'innovation sont stratégiques

L'investissement matériel des entreprises industrielles (courbe en rouge) en diminution après une période de forte croissance entre 1985 et 1990 semble retrouver une croissance depuis 1993, par contre, l'investissement en R&D (courbe jaune) stagne depuis 1991 après une période de croissance.

Or l'innovation est le moteur de la réussite industrielle, elle est gage de son renouvellement et de sa survie. Elle a donc fait l'objet d'une attention soutenue de la part du Gouvernement. M Strauss-Kahn vient de rappeler les actions engagées en ce sens.

Voyons comment se situent sur ce point nos concurrents

En moyenne, au niveau de l'Union Européenne, les pays consacrent 1,85% du PIB à la recherche et développement. La France est très bien placée avec 2,33% devançant ainsi légèrement l'Allemagne. Le Japon est loin devant à plus de 3%.

La France se caractérise aussi par un poids relatif plus important des dépenses publiques par rapport aux dépenses privées.

D'où deux objectifs prioritaires :

consolider le développement de la recherche technologique et de l'innovation, clé de la réussite économique ;

mieux mobiliser les compétences de la recherche publique en coopération avec l'industrie.

(Tableau de comparaison
source OCDE Dépenses publiques Dépenses privées
Union Européenne 0,7% 1,15%
France 0,91% 1,42%
Allemagne 0,79% 1,51%
États-Unis 0,72% 1,83%
Japon 1,03% 1,95%

De façon lus précise, nous avons examiné sur 136 technologies-clés pour l'avenir, la position -dominante, forte, moyenne ou faible- de la France et des Etats-Unis.

(Vous trouverez dans les mallettes du colloque un article qui détaille ce travail de l'Agence pour la Diffusion de l'Information Technologique).

Ici, à gauche, apparaît la position scientifique, à droite, la position technologique.

Il apparaît que les bons résultats scientifiques de la France (beaucoup de bleu foncé et de bleu clair à gauche) ne se traduisent pas bien dans sa position industrielle (beaucoup de violet et de rose à droite).

Nous devons mieux concrétiser nos résultats scientifiques en richesse économique.

Cet écart technologique se traduit concrètement lorsqu'on regarde le nombre de brevets déposés auprès de l'organisme européen des brevets (OEB), dans deux domaines, les technologies de l'information à gauche, les sciences du vivant à droite.

On y voit l'avance des Etats-Unis sur l'Europe pour les technologies de l'information et l'explosion américaine dans les sciences de la vie. La faible présence de la France (et de l'Europe) dans ce dernier secteur est préoccupant.

Il convient d'être particulièrement attentif à ces questions, car c'est l'avenir qui se joue dans ces batailles technologiques.

Et les conséquences très directes se traduisent en terme d'emplois. Une économie forte industriellement est une chance pour l'emploi.

Le niveau brut des emplois industriels est en diminution régulière depuis plusieurs années, ce n'est un mystère pour personne. Cette tendance affecte tous les grands pays industriels.

Une analyse sectorielle du phénomène montre la place croissante des services aux entreprises et des postes et télécommunications car l'industrie est un client important de ce secteur. C'est la preuve du dynamisme de ces secteurs et du phénomène de tertiarisation d'autre part.

Il nous appartient désormais d'accroître les créations d'emplois directs ou induits par les secteurs porteurs et la société de l'information.

Or, plus l'emploi industriel résiste, plus l'emploi total peut croître, c'est ce que montre ce graphique. Les pays qui créent des emplois sont ceux dont l'emploi industriel se comporte le mieux.

Au niveau mondial, il existe un lien entre l'évolution de la production industrielle et le taux de chômage dans ces pays: les pays ayant connu une forte croissance de la production industrielle présentent des taux de chômage faibles.

Aux Etats-Unis où l'emploi industriel est resté quasiment stable, l'emploi total a connu la plus forte croissance. A l'inverse, en Allemagne et en France, la forte baisse de l'emploi industriel s'est accompagnée d'une faible progression de l'emploi total.

Pour faire face à la compétition internationale, l'industrie a amélioré et doit encore améliorer les qualifications et les compétences qu'elle met en oeuvre. On constate une tendance lourde à l'accélération du rythme d'évolution des qualifications. Les tâches de conception et d'organisation ont un poids de plus en plus important Ainsi la proportion d'emplois d'ouvriers a diminué pour atteindre 53,2% des emplois en 1997 au lieu de 56,3% en 1991. La part des ouvriers qualifiés reste stable de l'ordre de 40%. L'industrie comporte une forte proportion des emplois de cadres et ingénieurs.

La qualification et la créativité des salariés joue un rôle capital et constitue l'un de nos atouts. Il est donc nécessaire qu'une attention portée aux investissements d'innovation et de production s'accompagne d'une attention particulière au capital humain et à la formation.

En conclusion de cet exposé liminaire, je résumerais mon propos en quatre propositions simples :

C'est ce à quoi je vous propose de travailler ensemble.

Je vous remercie de votre attention.