COMMISSION DES RECHERCHES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES SUR LA SECURITE ET LA SANTE DANS LES INDUSTRIES EXTRACTIVES
Médecine occidentale et vision chinoise
Exposés et débats du 18 novembre 1999
2ème partie  : La médecine chinoise 
La pharmacopée
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 CONCLUSION de M. OBRINGER

 
Je voudrais aborder quelques points très rapidement, rappeler bien évidemment que l'utilisation de la matière médicale chinoise, comme le qi gong, comme l'acupuncture, s'inscrit dans un contexte historique et culturel différent du nôtre en bien des points. Il faut rappeler que, dans le domaine scientifique et médical, on ne repère pas en Chine les mêmes ruptures épistémologiques qu'on a connues en Occident, disons au XVIIe et XVIIIe siècle. Ce qui fait que nous n'avons pas les mêmes exigences que la Chine du point de vue de la rationalité scientifique. 

Appliquer directement des recettes chinoises dans un contexte culturel tout autre demande donc des précautions, et pourtant on est tenté de le faire. La preuve, par exemple, c'est qu'on demande quelques points d'acupuncture, quelques exercices de qi gong, ou quelques recettes de pharmacopée chinoise qui pourraient soulager les pneumoconiotiques. Mais il est difficile, pour les praticiens chinois, de donner une juste idée de leur propre vision du corps, de la maladie, puisque tout cela s'inscrit dans un contexte beaucoup plus large.

Il faut rappeler par ailleurs l'extrême richesse de la tradition chinoise dans la pharmacothérapie et préciser que si la tradition chinoise utilise plusieurs milliers de plantes, par ailleurs la flore chinoise peut se révéler encore beaucoup plus riche pour nous autres pharmacologues. D'une façon générale on ne peut pas se limiter aux plantes qui sont utilisées par les médecines traditionnelles, locales et parfois on a de bonnes surprises en faisant  des inventaires beaucoup plus larges. En nombre de taxons, la flore chinoise est l'une des plus riches du monde, juste après les flores du Brésil et de la Malaisie.

Soulignons par ailleurs que le concept de pneumoconiose n'existe pas en médecine traditionnelle chinoise ; cette affection se trouve intégrée dans des catégories nosologiques traditionnelles ce qui rend difficile la recherche de documents. On ne trouve pas ce qui soignerait spécifiquement la pneumoconiose mais par exemple la sécheresse du poumon. D'autre part, pour ce qui est de l'utilisation des plantes chinoises, il ne faut pas se cacher qu'il y a plusieurs problèmes. Un des problèmes c'est l'identification selon notre classification linnéenne des plantes. Récemment en Belgique, on a connu des néphrites induites par des régimes amaigrissants utilisant des plantes chinoises et contenant entre autres des aristoloches; or l'acide aristolochique peut provoquer de graves néphrites. Un des problèmes pour l'importation et la commercialisation des plantes chinoises, c'est leur identification exacte. 

En fait on est confronté à deux solutions ; d'une part utiliser des formules chinoises venant de la médecine traditionnelle chinoise, qui comprennent souvent une dizaine de plantes ou de minéraux, et d'autre part avoir une autre approche, celle des industriels occidentaux qui sont déjà sur place en Chine, à savoir étudier et utiliser les plantes du point de vue de leurs principes actifs. Mais je ne vois pas pourquoi on appellerait cela médecine chinoise, c'est simplement l'utilisation de la flore chinoise.

Enfin, je voudrais rappeler comme pourrait le faire Mme LEMEE q'une législation tout à fait précise fixe les limites de la commercialisation et de l'importation des plantes. Cela dit, les cas qu'a rapportés Mme WANG sur le traitement médicamenteux de pneumoconiotiques mériteraient d'être approfondis.
 

M. COCUDE

Nous arrivons à la fin de notre colloque. Il a été l'occasion d'un examen des différentes modalités étudiées de la médecine chinoise avec comme conclusion pour chacune d'elles ce qu'elle pourrait apporter en matière de soins aux pneumoconiotiques.

Pour ma part, j'ai vécu cette journée comme tout à fait enrichissante et j'espère qu'il y aura des suites à tout ce que nous avons dit, tout ce que nous nous sommes dit. En tout cas je me réjouis à l'avance des contacts bilatéraux qui pourront s'instaurer entre les participants à cette journée.

Il me reste à lever cette séance en remerciant d'abord les intervenants et tous les participants pour leur présence et leurs interventions.

J'associerai à ces remerciements le Dr TRIADOU, absent aujourd'hui, grâce à qui ce colloque a pu être organisé et se dérouler de façon très satisfaisante, ainsi que toute l'équipe de la DARPMI pour sa contribution essentielle à la préparation et à la tenue de la réunion et, j'en suis sûr, à l'après - colloque.

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