[ Yolin | 2003 | Sommaire ]

7.3.3.4.7.1 Les Business Angels : de l'argent, mais surtout une expertise et un réseau

La carence essentielle qu'il convient de pallier aujourd'hui est donc entre la "love money" et le "capital risque".

C'est le stade des premiers développements qui nécessitent un financement entre 500.000 F et 5 MF et qui constitue un métier très particulier nécessitant une capacité de décision rapide, sans analyse lourde de dossiers, préalable à l'engagement :

C'est ce que les Anglo-Saxons appellent les "Business Angels" terme que nous adopterons en attendant qu'un équivalent français fasse l'unanimité.(le terme "d'Investisseur Providentiel" a été récemment proposé)

Ces investisseurs sont quasiment toujours des industriels (et non des financiers), qui bien souvent ont créé eux-même une entreprise, voire sont des "multirécidivistes", (Serial entrepreneurs),

Citons par exemple Marc Fourrier, Thierry Leyne (Consor France), Jean Guetta (Saari), Gilles Pelisson (Disney), Charles Petruccelli (American Express), André Levy-Lang (Paribas), Jean-François Lepetit (BNP), Pierre Sissmann (Disney) Marc Vasseur (Genset) Arnold Raichler (Partner Jouet), Frank Thénot (Filipacchi), Bernard Vergnes (Microsoft), Dominique Louis créateur d'Asystem, Christophe Sapet (Infogramme), Loïc Le Meur (Marketo), Philippe Contal (Alpha-C)

Ils ont de l'argent, du temps, de l'expérience, une connaissance du marché, un bon carnet d'adresse et une crédibilité sur la place.

Ce peut être aussi parfois des consultants

comme Claude Rameau (ex-doyen de l'Insead), Michel de Guilhermier ou Jean-Baptiste Daguerre

C'est de plus en plus des créateurs de start-up Internet qui ont revendu leur entreprise

comme Denis Payre (Business Object) Patrice Magnard (Alapage vendu 200MF) Patrick le Granché (Vif et Assurdata) Gilles Ghesquière (Nomade) Loïc Lemeur (Rapidsite) ou qui sont devenus riches après une introduction en bourse comme Serge Cuesta (Boostworks), Didier Benchimol (Imediation), Fabrice Grinda (Aucland) Patrick Robin (Imaginet) Yacov Gorsd (Cibox), Marc Lassus (Gemplus), Huber Zimmermann (Chorus Systèmes), Denis Lafond (FI System), Louis-Christophe Laurent (GL Trade)

Ils ont une volonté d'entreprendre chevillée au corps et leur volonté de "faire fortune" n'est souvent pas leur motivation principale (ils auraient en général les moyens de prendre de longue, heureuse et paisible retraite dorée).

Certains expriment l'idée que l'entreprise qu'ils avaient créée au départ leur avait apporté des joies analogues à celle ressenties avec leurs propre progéniture mais qu'à travers leur métier de business Angels ils retrouvent les plaisirs des grands-parents : la joie des parents sans les soucis de tous les jours

"j'apporte de l'argent et de l'expérience, c'est à dire tout ce qui manque généralement au créateur" déclare Patrick Le Granché à Cherbourg, 43 ans qui a revendu la première société qu'il avait créée à McAfee pour une dizaine de millions et qui a déjà en un an et demi aidé 5 créateurs (virtools dans les logiciels de jeu, Jet spécialisé dans les outils de formation,...).

Sa motivation déclarée "le plaisir de revivre les palpitations du chef d'entreprise, sans les inconvénients de la gestion et du stress au quotidien"

"même dans les technologies porteuse ce n'est pas une activité sans risque, et sur les 5 entreprises financées, une a déjà disparu. On sait bien qu'il va y avoir des échecs, et si on ne l'assume pas, mieux vaut placer son argent en obligations"

on estime que sur 10 start-up convenablement sélectionnées,

Le business angel doit ainsi être capable

"je reçois un business plan par mois en moyenne, mais je n'ai investi que dans 3 start-up" souligne Yann Corno BA de 33 ans "bien sûr le projet compte beaucoup mais nous intervenons tellement en amont qu'on se fie avant tout à la confiance que l'on peut avoir dans les fondateurs de la start-up"

Thibault de Monclin cofondateur avec Frédéric Iselin et David Pepy de Surgery on line raconte "nous avons rencontré Dominique Louis à 10h du matin et une heure plus tard il a accepté d'investir 4 MF dans notre société qui a l'époque n'avait que 50 abonnés, ce qui la valorisait 12 MF"

"cela conduit à travailler à l'intuition, parce qu'à ce stade la PME ne peut être modélisée" fait remarquer Dominique Louis Pdg d'Assystem et business Angel ayant consacré à titre personnel 45 MF à son fonds d'investissement

"à l'étape d'amorçage, ce métier consomme beaucoup plus de temps que de capitaux" souligne Philippe Claude d' Atlas Venture

"c'est grâce à François Poirier que Marcopoly www.marcopoly.fr , l'une des premières enseignes de vente sur internet de produits électroménagers a réussi son augmentation de capital pour le porter à 5 MF (avant d'être racheté par France Télécom)

"pour nous les mamelles du capital d'amorçage sont le capital de proximité et les "business angels"" Bernard Maître, alors patron de CDC-innovation

Il peut investir à titre principal dans 4 à 5 entreprises bien qu'il n'y ait évidemment pas de règles générales dans ce domaine

Mais il peut aussi, à titre secondaire, investir avec d'autres Business Angels dans le cadre de Clubs qui permettent de mutualiser un peu les risques: une enquête conduite auprès de 29 d'entre eux, citée par les Echos (oct 98), indique qu'ils ont en moyenne des intérêts dans 7 entreprises.

Le plus célèbre d'entre eux est le club "band of Angels", constitué d'une centaine de membres dont la capacité d'investissement cumulé dépasse le milliard de dollars

Ce club se réunit une fois par mois à Palo Alto et étudie chaque fois 3 ou 4 projets: chacun des participants décide à la fin de la réunion d'investir ou non

Un autre club, garage.com www.garage.com, animé par Guy Kawasaki (un des cadres "historique" d'Apple) pour drainer les nouveaux talents, a ouvert un site web ou les candidats proposent leur projet

"les gestionnaires de fonds reconnaissent au BA un rôle de sélectionneur averti qui sait mettre une équipe gagnante en piste" Christophe Chausson /les Echos

L'importance de la population des Business Angels est très variable selon la définition donnée à cette activité. Selon certains, il y aurait aujourd'hui un millier de personnes en France susceptibles d'investir plus de 100.000 euros dans des jeunes entreprises en création avec le profil défini ci-dessus.

D'autres estiment cette évaluation beaucoup trop malthusienne, compte tenu du potentiel important créé par le marché, et par une image de marque désormais valorisée et en voie d'être reconnue (l'opinion publique se rend compte en effet qu'ils créent de l'emploi qualifié dans des métiers d'avenir),

Mais il ne faut pas confondre "business angel" et particuliers fortunés: pour ceux-ci il est préférable d'intervenir à travers des fonds mutualisés gérés par des professionnels. Le e-krach a malheureusement montré que, passé les phases de spéculation ou tous les investissements sont gagnants, les investisseurs qui interviennent dans un marché qu'ils ne maitrisent pas sont les premiers à perdre leur mise

La création du nouveau marché et le dynamisme que celui-ci a donné au capital risque a été en outre un facteur d'accélération considérable.

Les Business Angels seraient semble-t-il, avec la même définition 250.000 aux Etats-Unis avec une capacité d'investissement de plus de plus de 20 milliards de dollars en 1999,(50 milliards de dollars même, si l'on en croit les chiffres donnés par la firme d'analyste Venture One) "contre seulement 1 Milliard de Francs soit 140 fois moins en France" d'après Yve Delacour de Leonardo

En 2002 les premières estimations évaluent leurs investissements entre 30 et 35 G€ dans la création d'entreprise contre seulement 24 pour le Venture Capital dont 0,5G€ dans de nouvelles start-up (de mémoire d'investisseur1999 et 2000 sont les seules années ou le Venture Capital a dépassé les investissements des Business Angels)

Ce développement peut s'expliquer en partie par les succes stories qu'ont connu ce pays, et par les rachats de petites sociétés prometteuses par des grands groupes qui ont permis aux anciens créateurs de démultiplier leurs capacités d'entreprendre en investissant sur de jeunes entrepreneurs.

Progressivement les réseaux s'organisent : ils permettent les échanges d'expérience, mais aussi une fonction "place de marché" qui aident le créateur à rencontrer le Business Angel le plus pertinent

Ce "matching" n'est évidemment pas simple car il faut trouver un partenaire qui connaît le marché que vous visez, mais aussi avec lequel vous pouvez développer des relations humaines de confiance très fortes, ingrédient indispensable dans ce type d'aventure souvent mouvementée, nécessitant des décisions rapides, risquées, et pas toujours agréables.

Deux catégories d'interlocuteurs sont particulièrement précieux pour les porteurs de projets:

voir également : www.defi-startup.com , , www.ipen.com , , www.financement-pme.com , , www.europe-acquisitions.com , www.ac.com , www.proxicap.com , , www.apce.com , , www.capital-initiative.com , , www.capital-investissement.com , , www.updesk.net, , croissanceplus.com , , www.network-conseil.com, , www.people-international.com

au niveau européen voir l'EVCA (european venture capital association) www.evca.com

certaines Chambres de Commerce, dans le cadre de conventions, ont noué des partenariats avec ces réseaux et sont susceptibles, outre leur rôle de conseil, d'en faciliter l'accès (Joël Saingré CCIP jsaingre@ccip.fr)

L'un des BA nous a déclaré: "aujourd'hui nous osons nous montrer et nous ne sommes plus considérés comme d'affreux capitalistes, mais comme ayant une activité vertueuse, créatrice d'emplois et d'innovations"

Le répertoire des Business Angels www.franceangels.org/download/r%E9pertoire.pdf et une vue d'ensemble sur la profession : www.evariste.org/fin/startup.html#businessangels .

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)