[ Yolin | 2003 | Sommaire ]

6.1.1.1.2 Dans l'industrie l'augmentation des débits suit également la loi de Moore de doublement tous les 18 mois

La technologie optique a connu en 2000 et 2001 une véritable révolution comme le laissaient pressentir l'envol de ces technologies en laboratoire

Pour gagner du temps dans cette course les leaders n'ont pas hésité à mettre sur la table des milliards de dollars prendre le contrôle de starts-up en phase de démarrage,

Pour gagner quelques mois dans cette course à la large bande par la technologie "tout optique" Cisco a racheté, pour 6,9 Milliards de $, la start-up Cerent, &&w (10M$ de chiffre d'affaire, 210 salariés) soit 32M$ par salarié, ce qui est 5 fois plus que la norme habituelle dans ce domaine

Cerent ne disposait alors que d'un seul produit, non encore commercialisé: un petit boîtier assurant la commutation et qui permet en outre d'accélérer la transmission des données sur une fibre optique (d'un facteur 200 grâce au multiplexage en longueur d'onde, DWDM). Cette technologie offre à Cisco la possibilité d'attaquer frontalement Lucent, Alcatel Nortel et Siemens

Mais il ne s'agit pas d'un cas isolé : 25,2 Milliards de $ pour Ascend , 6,7 pour Bay-Networks, 2 pour Xylan, 4 pour DSC, 3,2 pour Qtera, 4,7 pour Chromatis, 2,9 pour Sirocco System, 0,8 pour Qeyton, 25 pour Sycamore, 7,1 pour Newbridge, 7,8 pour Alteon...

Corvis www.corvis.com avec 0$ de chiffre d'affaire, mais une technologie permettant une transmission sur 3000km sans répéteur et des commutateurs optiques s'est introduit en bourse en 2000 pour 11,8 milliards de $

Notons aussi une PME française Photonétics, www.photonetics.com dans les Yvelines rachetée pour 1,05 Milliards de Dollars en sept 2000 par le Danois Great Nordic et la Spin off de France Télécom: Highwave www.highwave-tech.com estimée à 1,2 Milliards de dollars en juin et 3 Milliards en octobre 2000 (pour redescendre à 100 Millions un an plus tard)

Ces deux dernières années, le passage au niveau industriel n'avait pas déçu les amateurs d'émotion forte avec des variations dépassant couramment 20% en une seule journée à la hausse comme à la baisse (Nortel a perdu 29% le 25 octobre 2000 et 33% le 16 février 2001 soit en 2 séances plus que le budget annuel de la défense natinale)

En 2000, Cisco a maintenu sa place de leader, Nortel a vu sa capitalisation doubler à 200 Milliards de $ et Alcatel presque tripler de 35 à 103 Milliards quand Lucent s'effondrait de 280G$ à 70 "Lucent était notre Challenger, aujourd'hui il n'est plus dans le top 5 de nos compétiteurs"John Chambers, Cisco

Il s'écoulait en 2000 chez Alcatel par exemple seulement 12 mois entre la conception d'un composant et sa mise sur le marché contre 21 mois en 1998! ... et chaque nouvelle génération 'rebat les cartes" entre les compétiteurs:

La consommation finale ne cesse de croitre mais l'anticipation du rythme de cette croissance (et des mutations économiques et culturelles qui la sous-tendent) est extrêmement difficile. Or les investissements des opérateurs sont extrêmement dépendants des prévisions: une surestimation même légère de cette croissance conduit à des suréquipements dans une première phase suivi d'un arrêt brutal et complet dans une seconde, laissant les fournisseur devant des usines neuves sans commandes. ("le verre est à moitié plein?"titrait l'étude de Merryll Lynch)

Cette situation est d'autant plus difficile à gérer que les surcapacités entrainent un effondrement des prix qui peut se traduire in fine par une baisse du chiffre d'affaire et donc des pertes rapidement abyssales à cause des couts fixes. Si on y ajoute la dépréciation des actifs (notamment des entreprises rachetées dans la phase d'euphorie) on comprend l'ampleur de la catastrophe financière industrielle et sociale (Nortel a affiché une perte de 19 G$! et les licenciements dans ce secteur (opérateurs et équipementiers) se chiffrent en centaines de milliers de personnes)

Quand une technologie et des marchés évoluent à de telles vitesses les anticipations deviennent extrêmement difficiles: comme dans un championnat de formule 1 qui se déroulerait sans aucune visibilité, tout manque d'accélération dans les lignes droite vous laisse irrémédiablement en dehors de la course, mais tout retard dans le freinage à l'arrivée du virage vous met hors jeu, souvent définitivement.

L'année 2001 a connu des mouvements aussi brutaux à la baisse: Nortel a perdu plus de 80% de sa capitalisation, Cisco Ericsson et Alcatel, 75% et Lucent, ex-leader mondial pourrait disparaître dans la toumente, dépecé en 4 entitées

Après une phase de gel les rachats ont repris à partir de l'été 2001 (Kymata par Alcatel, Allegro et AuroraNetics par Cisco, Ambert Ntworks par Nokia, River Delta Networks par Motorola...)

Mais beaucoup d'opérateurs pour limiter leur inertie et accroitre ainsi leurs capacité d'adaptation à des mutations aussi rapides ont décidé de se recentrer sur leur coeur de métier: la conception et la vente de nouveau produits, en soustraitant totalement les fabrications faisant appel à des technologies banalisées : c'est le cas en particulier d'Alcatel et Ericsson qui tendent vers le modele de "fabless companies" (entreprises sans usines voir page 324) qui utilisent les services de sociétés comme Solectron, Flextronics ou Sanmina http://news.zdnet.fr/story/0,,t118-s2092652,00.html

L'année 2002 a été pire encore car les opérateurs téléphoniques exangues et surendettés à la suite de leurs surenchères pour les licences UMTS et des acquisitions faites pour atteindre une taille mondiale, mais à des prix qui interdisaient tout espoir de rentabilisation (tout du moins quand ces achats étaient payés en cash...) ont, pour ne pas tomber en cessation de paiement, stoppé net tous leurs investissements.

La violence du freinage (les investissements ont chuté de 240G€ en 2000 à 120 G€ en 2002), entrainant un nouvel effondrement brutal du chiffre d'affaire s'est traduit par des situations dramatiques pour les équipementiers qui ont vu leur valorisation boursière s'écrouler et leur dette ravalée au rang de "junk bonds"

Pour ne donner qu'un exemple, les acquisitions de composants optiques ont été divisés en valeur par 5 en 2 ans quand le marché final doublait sa consommation...

Contrairement aux opérateurs les équipementiers détiennent des technologies clés et il serait dramatique pour notre pays de les voir disparaitre

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)