[ Yolin | 2003 | Sommaire ]

5.5.1.2 Détecter, reconnaître et s'appuyer sur les compétences latentes

Une démarche "rationnelle" conduirait à s'attaquer directement aux projets les plus rentables et les plus stratégiques pour l'entreprise. il n'est malheureusement pas rare que ces projets se heurtent à l'hostilité du cadre concerné: l'expérience semble montrer que vouloir passer en force est une démarche rarement couronnée de succès car il est extrêmement facile avec un peu de mauvaise volonté de faire échouer un projet. Par ailleurs le cadre en question joue souvent un rôle important dans la vie de la société et il n'est pas toujours possible de se passer de ses services

Il convient donc plutot dans un premier temps de savoir détecter dans l'entreprise les services où se trouvent compétences et motivations, même si les enjeux y sont moins stratégiques

Il faut savoir s'appuyer sur la présence diffuse au sein du personnel de l'entreprise de gens ayant déjà une connaissance des outils de l'Internet et souvent même une certaine "passion" et une expérience à travers des responsabilités extérieures (club sportif, hobby, ...).

Rappelons qu'il y a maintenant plus de 20 % de nos concitoyens qui utilisent déjà cet outil et que cette proportion est encore très notablement plus élevée chez les jeunes ayant fait des études supérieures. (la presque totalité des jeunes cadres arrivés sur le marché du travail depuis 1999).

Une des premières tâches sera de repérer ces compétences latentes, de les "reconnaître" (au sens propre, c'est à dire leur assurer une "reconnaissance" au sein de l'entreprise) et de leur proposer de prendre des initiatives dans leur sphère de compétence.

Ces initiatives seront peut-être modestes et maladroites mais elles contribueront à l'appropriation de l'outil par l'entreprise et à la formation "en tache d'huile" des autres membres du personnel : l'Internet apparaît moins effrayant, voire même sympathique s'il vient d'un collègue plutôt que d'un organisme extérieur ou de la hiérarchie.

On est souvent surpris de la fécondité des initiatives prises par les hommes de terrain, directement confrontés aux problèmes, et de l'énergie qu'ils peuvent y investir quand ils se sentent reconnus par la direction : les développements sont plus "biologiques", moins cartésiens que s'ils étaient conçus par des spécialistes mais collent mieux aux besoins, et surtout leur "appropriation" par les utilisateurs, les rend beaucoup plus efficaces.

C'est seulement dans un second tempsque l'on pourra s'attaquer aux développement qui se heurtent à une hostilité des cadres concernés. Par une stratégie de contournement: on se sera d'abord attaché à ce que les personnes qui refusent cette évolution soient progressivement moins indispensables et on favorisera les développements dans leur domaine d'activité par la base en s'appuyant sur la dynamique créée par les premières réalisations grâce à une forte reconnaissance de la direction. Ainsi pris en tenaille le facteur de blocage, soit s'adapte soit quitte l'entreprise

Il ne semble pas non plus souhaitable de confier les développements à une équipe spécifiquement dédiée aux projets Internet qui risqueraient assez rapidement d'être perçues comme des "corps étranger": même dans les grandes entreprises (Général Electric, Airbus) les projets réussis ont été conduits par les responsables opérationnels, assistés en tant que de besoin par des spécialistes "disséminés" dans les services

Alain Foret propose au nom du CJD d'organiser dans les entreprise un coaching réciproque entre un "ancien" qui apporte sa connaissance du métier et un "jeune" qui apporte ses compétences en NTIC

Enfin certains s'inquiètent des risques de perte de temps que risquent d'entrainer l'introduction de ces nouveaux moyens. Des outils existent pour contrôler étroitement les usages que les salariés font de l'Internet et interdire certains acces (voir page 210) faut-il les utiliser pour éviterdes pertes de temps?: beaucoup pensent que c'est là une politique à courte vue, en effet d'une part le climat de suspicion ainsi créé n'est pas propice aux initiatives et d'autre part l'apprentissage de l'outil se fait d'autant mieux qu'elle n'est pas trop cadrée, voire même qu'elle s'accompagne d'un côté ludique qui la rend moins rébarbative.

Ceci est d'autant plus important que dans la dynamique de progrès que l'on crée il y a fort à parier que les éléments moteur du personnel seront ammenés à travailler pour l'entreprise depuis leur domicile et qu'ils comprendraient mal une attitude trop mesquine (d'ailleurs à la suite d'une initiative prise par les compagnies suédoises beaucoup de sociétés de par le monde ont favorisé l'acquisition d'ordinateurs familiaux par leurs employés grâce à des conditions financières particulièrement favorables)

Les entreprises les plus dynamiques ont bien au contraire favorisé l'appropriation de la culture "Internet" sous toutes ses formes par leurs employés...et toute leur famille en les aidant à s'équiper à leur domicile (projet EmployEconnect de Daimler et leurs équivalents chez General Motors ou AOL),

Notons en particulier les nombreux portails B2E (Business to Employee) dans de nombreuses entreprises, souvent accessibles depuis le domicile avec un accès e-learning

"l'information professionnelle ne se limite pas à un contenu strict tournant autour de l'entreprise. Limiter l'accès peut brider la créativité" Christian Pilaud , club Med", "nous n'interdisons pas l'usage personnel ni ne filtrons les accès. Mais notre charte indique que cet usage doit rester contenu dans des limites raisonnables" Pierre Chavarel , Ciments Français et Procter & Gamble a encouragé ses employés à utiliser Internet à des fins personnelles pour accélérer la familiarisation avec l'outil, enquête Echo.net 12/2/01

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)