[ Yolin | 2003 | Sommaire ]

5.1.1.1.8.5 Malgré des baisses depuis 1998 des prix encore prohibitifs pour les lignes louées

L'Association Européenne des Fournisseurs de services Internet (EuropISPA www.euroispa.org) soulignait déjà fin 1998 qu'un provider britannique acquittait 4.000$/mois pour une liaison à 2 Mbit/s quand, pour ce prix un américain disposait d'une 45 Mbit/s!

Ces coûts anormalement élevés conduisent les fournisseurs d'accès à sous-dimensionner leurs installations et réduit leurs capacités d'investissement, les mettant en situation d'infériorité dans la compétition internationale

Le problème se pose surtout de façon aiguë pour les lignes louées, aujourd'hui indispensables pour héberger un serveur

"On ne pourra pas indéfiniment payer 5 à 10 fois plus cher qu'aux Etats Unis, nous réfléchissons sérieusement à l'opportunité d'un hébergement outre atlantique" déclare Frédéric Filloux directeur des éditions électroniques de libération (Netsurf dec 97)

Seal's, hébergeur français de sites de commerce électronique a conservé son siège en France mais il a installé son centre technique pour l'hébergement à Phoenix (US) pour des questions de prix et de bande passante

Quant à Ubisoft il a installé pour les mêmes raisons ses serveurs de jeux en ligne sur le continent américain

Ce mouvement de délocalisation est encore accru par le fait que les liaisons transatlantiques sont de meilleure qualité et moins onéreuses que les liaisons intraeuropéennes (1M$ par an pour 45 mégabit/s sur Londres New York, alors que pour le même prix la liaison Paris Madrid n'offre qu'un débit de 8 mégabit/s - source : Philips Tarifica Ltd

L'Ocde dans ses tableaux comparatif fait ressortir un coût au km 27,5 fois plus élevé pour Paris Bruxelles par rapport à New York Los Angeles www.oecd.org

"il existe des écarts gigantesques et injustifiables au sein de lUnion par rapport aux Etats Unis" DG XIII oct 99

Notons par exemple que Echo, filiale de France Télécom, qui réalise le moteur "voilà" a installé ses ordinateurs serveurs à Jersey City (New York) pour assurer une connectivité plus directe avec les différents pays d'Europe!!. un site miroir a été installé à Montréal (Le Monde 20 janvier 1999)

Pour sa part IDT évaluait à cette époque le prix de revient d'une communication transatlantique à 0,25 F par minute.

"En Californie Pacific Bell propose un abonnement forfaitaire à 15 dollars par mois pour une ligne de téléphone classique connectée 24 h/24" (Michel Ktitareff nov 1997)

L' entreprise Finkl à Chicago nous a indiqué en 1997 payer pour une T1 (1,5 Mégabit/s) 1500$/mois et le prix affiché à l'Internet Fall de New York en novembre 1998 était de 999$. C'etait le prix en France d'une liaison à 64 kbit/s

Voir également www.sims.berkeley.edu/resources/infoecon/Pricing.html qui rassemble des informations très riches sur la question des tarifications

Phillips Tarifica ("leased line market in Europe" 1998 (incumbant Princing) indique dans son étude de 98 que pour la location d'un demi-circuit E 1 les tarifs en France sont 16 fois plus élevés qu'aux USA (les écarts sont bien moindres avec les autres pays européens : 50 % de plus que la Hollande mais bien moins chers qu'en Italie).

A partir de 1998 le développement de la concurrence, associé à un rythme soutenu de progrès technologique et d'augmentation des volumes a entraîné une substantielle baisse des prix, surtout bien entendu à l'International (Source NUS www.nusinc.com):

Entre 1998 et 2000

pour l'international: Etats Unis -56 %, Allemagne -55%, Hollande -54 %, Suède -49 %, Italie -23 %, France -19 %, Belgique -6 %

pour les communications nationales, là où la concurrence était moins vive, la baisse était moins forte : Allemagne -64 %, USA -37 %, France -10 %

pour les communications locales l'absence de concurrence conduit aux résultats que l'on pouvait prévoir. L'émergence de la téléphonie IP qui contourne cet obstacle et le dégroupage de la boucle locale devrait conduire à une évolution substantielle à partir de 2001

pour les lignes louées les prix ont baissé de 70% en France en 1999 et de situent à peu près dans la moyenne européenne en 2001 (en dessous pour les faibles débits, au dessus pour pour les liaisons à 34 mbit/s et 155 mbit/s (La Lettre des Télécommunications 11 juin 2001)

C'est en Allemagne, marché considéré comme l'enjeu majeur dans la bataille que livre les nouveaux opérateurs (pas moins de 155 licences ont été accordées en 1998 et 51 opérateurs étaient déjà actifs au 31 décembre 98) que la pression de la concurrence a été la plus vive, faisant perdre 30% de part de marché en un an à Deutsche Telekom

"la première année de concurrence fut passionnante, excitante et souvent aussi mouvementée. Elle nous a amené à faire plus rapidement des baisses prévues depuis longtemps" commentait Ron Sommer, alors président de l'entreprise qui avait du accepter des baisses allant jusqu'à 70% sur les liaisons longue distance en avril 1999

Le 12 novembre, il a du annoncer une nouvelle baisse allant jusqu'à 63%, suivi immédiatement le 8 décembre par Mannesmann (jusqu'à -54%) et le 14 décembre par O.tel.o (jusqu'à 61% )..

Le premier trimestre 1999 a connu pour la première fois une baisse de 7% du chiffre d'affaire.

Malheureusement la situation financière dramatique des opérateurs les a conduit à verrouiller l'émergence de la concurrence au prix de quelques accomodements avec les règles de la concurrence ce qui leur a permis de maintenir les prix à un niveau élevé limitant les développements des usages et leur permettant de sous-investir dans la distribution: ils se sont en effet engagé dans des opérations financières totalement déraisonnables (licences UMTS ou ils ont fait monter les enchères à des montants interdisant tout espoir de rentabilité et acquisitions à l'international ou la volonté de constituer des empires internationaux leur a fait perdre tout sens de la mesure quant aux prix d'acquisition : jusqu'à 10.000€ pour un client mobile!)

Ces chiffres semblent montrer que la marge de baisse est encore substantielle là où la concurrence lui permettra de la concrétiser

L'ADSL, que nous verrons plus loin voir page 246, qui apporte à la fois la large bande et un vrai forfait (200 à 300F/mois) ou le câble (et peut-être le réseau électrique ou la boucle radio) semblent être une première réponse au moins pour les PME: encore faudrait-il que leur déploiement se fasse rapidement, et pas seulement dans les zones privilégiées comme beaucoup le craignent et sans "brider" les débits

L'an 2000 a vu la pousuite du mouvement de décrue des prix mais avec un éclatement de l'offre tariffaire qui se traduit par d'innombrables options destinées au moins pour partie à rendre les comparaisons de prix plus complexe afin de tenter de freiner la pression à la baisse

Le rapport Abramatic mission-dti.inria.fr/index.html souligne que pour le transport les coûts ont été divisés par 10 entre 1998 et 2000 et qu'ils vont continuer à baisser de moitié tous les semestres, tandis que la capacité fait plus que doubler dans le même temps, mais l'écart des tarifs ne se résorbe pas au niveau du client final

en 2000 Sébastien Socchard , pdg de Worldnet, s'étonnait dans une interview à Netsurf de payer le Megabyte de bande passante 40.000F contre 7.000F outre-atlantique

Les coûts facturés par notre Opérateur Historique ont certes baissé de 70% en 1999, mais restent encore notoirement trop élevés : une étude comparative réalisée en aout 2001sur 8 pays européen par Yankee Group and Ebone fait apparaître la Suède (malgré sa faible densité de population) comme le pays pratiquant les tarifs les plus raisonnables avec un cout de 115€ par mois pour une liaison de 2 Mb/sec

extraits de l'interview (sept 2001) au Journaldunet de Christophe Lahaye , directeur Europe du Sud d'Ebone, propriétaire du backbone historique européen http://solutions.journaldunet.com/itws/010628_it_ebone_lahaye.shtml : "Les liaisons spécialisées (LS) de 2 à 155 Mbps sont de trois à six fois plus chères en Europe qu'aux Etats-Unis et le commerce électronique y pèse six fois moins, ...une entreprise dont le métier était d'élaborer des plans avec de très gros fichiers à déplacer utilisant aujourd'hui du RNIS de 128 Kbps voulait profiter d'une liaison à 10 Mbps. Mais les prix de France Télécom sont tels qu'ils ne peuvent même pas investir dans 2 Mbps"

citant l'étude du Yankee Group, "sur un circuit transfrontalier européen de 750 km, les sections locales coûtent 75 fois plus cher, au kilomètre, que la partie internationale du circuit", il met en évidence la politique tarifaire des opérateurs historiques (sans parler des délais de livraison qui atteignent parfois plus de douze semaines). Sur la moyenne des critères de cette étude (couts, délais de livraison, qualité,...), le pays le plus avancé est la Hollande (à 2,1/5) suivi du Danemark (à 2/5), de la Suède puis de l'Allemagne (à 1,8/5). la France obtient seulement 1,6/5 (si l'Hexagone n'est jamais dernier sauf ex-aequo, il reste presque toujours proche de l'être).La plupart de ces critères sont du ressort des opérateurs historiques nationaux: Peu prompt à laisser se développer les concurrents, ceux-ci rechignent à mettre en oeuvre le dégroupage qui permettrait d'augmenter les débits en abaissant les prix..

"En août, l'ART a émis une recommandation intimant à France Télécom d'offrir ses LS à des prix se rapprochant des coûts, mais celui-ci, argant que la recommandation n'avait pas de valeur, non seulement n'en a pas tenu compte mais a durci unilatéralement ses conditions de fourniture.....il paraîssait déjà clair auparavant que cette résistance laisserait des acteurs sur le bord de la route comme Mangoosta et Subiteo qui avaient basé leur business sur la boucle locale qui n'a pas été débouclée à temps" Au printemps 2001, une étude du Bureau International du Travail (BIT) avait prévu que le dégroupage permettrait de créer entre 75 000 et 150 000 emplois et participerait à générer de 0,5 à 1 % de croissance en plus." il est actuellement prévu que le haut débit sera sur tout le territoire en 2005. "Trop tard", réplique Christophe Lahaye.

Il est regrettable qu'il n'existe actuellement en Europe qu'aussi peu de centres de recherche capables d'analyser de façon indépendante les modèles économiques dans ces domaines

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)