[ Evariste® | colloque du 14/12/98 ]

Colloque "Quelles stratégies industrielles pour aborder le 2le siècle ?"

Conclusion par Monsieur Christian PIERRET,
Secrétaire d'Etat à l'Industrie

Lundi 14 décembre 1998


Mesdames et Messieurs,

Nos débats, aujourd'hui, l'ont bien mis en lumière : dans un environnement difficile pour les entreprises, l'Etat est d'abord le garant des équilibres - solidarité nationale, répartition des richesses, équilibre des territoires, protection de l'environnement, loyauté des échanges et de la concurrence. L'Etat confère, en outre, une visibilité au futur, à la politique économique nationale, mais aussi - et c'est nouveau -européenne et internationale. Il doit se rendre luimême transparent et prévisible, et rendre visible et intelligible l'évolution du monde. Les entreprises ont traditionnellement des responsabilités envers la nation et des obligations vis-àvis de l'Etat ; réciproquement, l'Etat a aussi des devoirs envers les entreprises : ses politiques économique, budgétaire, financière ou énergétique - en particulier - doivent être prévisibles. Enfin, par son action- notamment en faveur de la formation, de l'information ou de la recherche et développement -, l'Etat concourt lui-même, structurellement, à la croissance et à la création d'emplois.

L'Etat actionnaire, l'Etat donneur d'ordres et les services publicsy contribuent - je n'hésite pas à le dire - pour une part importante. C'est en tant qu'actiormaire, actif et vigilant, que l'Etat entend assurer de nouvelles synergies entre entreprises publiques, par des regroupements ou en modifiant leur périmètre - si nécessaire. J'ai à l'esprit Alcatel-DassaultThomson, ou bien l'Aérospatiale-Matra, ou encore Thomson Multimédia, tandis que France Télécorn commence à avancer avec Deutsche Télékom. Que je sache, ni les salariés, ni les usagers, ni les actionnaires n'ont à se plaindre des perspectives industrielles que l'Etat vient d'ouvrir à ces entreprises !

L'Etat doit mener une politique pour l'industrie, à l'écoute des stratégies industrielles des entreprises, à l'écoute de vos stratégies, car c'est vous - les industriels - qui créez des emplois ! La reprise de l'activité économique, depuis deux ans, repose pour beaucoup sur l'industrie. L'industrie représente 41% du produit intérieur brut et plus de 36% de l'emploi. L'explosion des emplois de service -rapportés à ceux de l'industrie manufacturière - est le reflet d'une mutation industrielle, qui incorpore de plus en plus de compétences, de matière grise, d'investissements immatériels, et qui diffuse ses méthodes et ses technologies dans tous les secteurs d'activité. Industrie et services à l'industrie : cette mutation montre que la vieille distinction entre secteur secondaire et secteur tertiaire est de moins en moins pertinente. En constituant - dans un souci de refondation - une nouvelle Direction générale de l'industrie, des technologies de l'information et des postes, nous engageons l'administration sur une voie nouvelle : la relation de service, le service à l'usager, cet usager qu'est l'entreprise ! Et je l'engage à faire oeuvre de pédagogie: au dogmatisme des certitudes doit faire place la pédagogie du changement (1), car prendre le parti du mouvement va nous permettre de réconcilier la croissance économique et le progrès social (2).

1. Au dogmatisme des certitudes doitfaire place la pédagogie du changement.

1.1. J'appelle dogmatisme des certitudes une vision traditionnelle, conservatrice etjajoute coupable, de l'économie et de la politique industrielles.

L'économie industrielle traditionnelle, née à la fin du dix-neuvième siècle, était dominée par le problème des coûts. Les gains de productivité et donc de compétitivité résultaient de la réduction des coûts unitaires directs - matière, énergie, travail -, passant notamment par la substitution du capital au travail. L'entreprise industrielle moderne n'est plus seulement une entreprise qui a des coûts de production inférieurs à ceux de ses concurrentes. C'est une entreprise qui allie anticipation et innovation, qualité et réactivité. En d'autres termes, l'entreprise moderne est stratégique ou elle n'est pas. L'Etat peut l'appuyer dans la construction et la conduite de sa stratégie, comme il doit favoriser -plus généralement - les coopérations d'où naît la compétitivité. Dans un environnement ouvert, complexe et interdépendant, ce n'est pas une entreprise, ce n'est même pas l'économie qui est compétitive : c'est de toute la nation qu'émane la compétitivité. Il n'y a pas de compétitivité partielle : la compétitivité est globale, ou elle n'est pas. C'est dire la responsabilité de l'Etat en matière de compétitivité ! C'est dire aussi la mutation de ses moyens d'action!

La politique industrielle n'est plus ce qu'elle était ! Les dogmes tombent ! Nous ne pouvons plus parler de politique industrielle, au sens où nous l'entendions encore au début des années 1980, quand l'Etat lui-même, directement, dans une très large mesure, fabriquait de l'aluminium ou des anxiolytiques, des machines à laver comme des chars d'assaut - bref quand l'Etat produisait, sur le marché, des biens marchands. Si elles se sont métamorphosées, dans un environnement qui s'est lui-même bouleversé, les actions de l'Etat pour l'industrie restent indispensables. S'il s'interdit d'être modeste quand il sert les ambitions de la Nation, l'Etat doit - en revanche - être intellectuellement modeste, pour se placer à l'écoute des entreprises et de leurs stratégies industrielles. Et non plus pour servir des compétences qu'il s'était arrogé, soit en touchant à tout, soit en disant le "vrai" : sa "vérité", entre guillemets, secteur industriel par secteur industriel ! ...

Les certitudes d'hier ne sont plus de mise aujourd'hui. L'économie s'est mondialement ouverte. La notion de frontière géographique a perdu de son sens, dans l'industrie comme dans les services, par exemple dans les nouvelles technologies et dans la création d'entreprises des secteurs les plus porteurs. La concentration des entreprises - les fusions, les acquisitions rend par ailleurs illusoire le mythe volontariste des "champions nationaux" et opportunes des alliances européennes ou internationales - seules à même de défendre au mieux nos intérêts à long terme. Le capitalisme français a bien changé, qu'on le combatte, qu'on le loue sans réserve ou qu'on le reconnaisse - et c'est mon cas - comme le champ de sa propre réforme. Il s'est ouvert, tout entier, à l'international, l'actionnariat des salariés s~étant - par ailleurs - luimême développé. Or, dans un capitalisme ouvert, les chefs d'entreprise doivent adopter les règles de visibilité du "gouvernement d'entreprise" et d'un managemet intemationalement plus transparent. Je suis convaincu que, dans notre pays, l'Etat peut les y aider. L'économie industrielle s'est aussi diversifiée : elle est moins commandée par l'objet produit, et plus par le service exigé par le client. Le consommateur délaisse désormais les standards pour acheter au plus près de sa personnalité : il se tourne vers la signification sociale du produit ou du service. "Du jour où nous oublions que nous fabriquons des objets qui ont une finalité de service, résume François Michelin, nous faisons une erreur qui peut être mortelle". L'économie est enfin devenue plus qualitative, la valeur résidant de plus en plus dans l'immatériel, l'intelligence, l'imagination, le service rendu et la capacité à mobiliser les bonnes compétences - là où il faut, quand il le faut. Il est de la responsabilité du politique de contribuer à l'enrichissement d'une véritable culture industrielle : une culture de la prise calculée de risque, de l'innovation et de la concurrence, de l'anticipation et de la coopération.

1.2. Au dogmatisme des certitudes doit faire place la pédagogie du changement: le changement mis en oeuvre par l'Etat ou, plus encore, rendu intelligible par lui.

Pour maîtriser ces évolutions, l'Etat doit procéder aux adaptations nécessaires- dans les domaines juridique, fisal et social. Cela passe par la simplification des procédures administratives, par l'allégement de prélèvements pesant sur les entreprises - notamment la taxe professionnelle - ainsi que -d'une manière générale - par la stabilisation des règles du jeu économique sur le moyen terme. Il appartient aussi aux pouvoirs publics de contribuer à la bonne compréhension de cette nouvelle donne par les entreprises, afin que celles-ci puissent adapter leur stratégie. L'industrie a pour spécificité d'être tout particulièrement exposée à ces évolutions, ce qui légitime - plus que jamais - l'attention que lui porte l'Etat, la synthèse et la vigie qu'exerce le Ministère en charge de l'Industrie. Il va de soi que ce changement, c'est aussi à l'Etat de le conduire en son sein: l'Etat doit être encore plus efficace, pour permettre à nos entreprises d'être toujours plus performantes.

Telle est aussi, à mon sens, la vocation du politique dans la société française : comprendre une situation, pour mieux en infléchir le cours; et pour ce faire, concevoir une vision du futur, une vision de symbiose, à proprement parler une dialectique entre l'initiative des entreprises et l'initiative de l'Etat. Pourquoi serait-il paradoxal qu'un gouvernement de gauche reconnaisse les vertus de la concurrence, la nécessité - pour nos entreprises- de développer leur capacité d'adaptation, et dise sans complexe les gains tirés de la mondialisation des échanges ? Je ne prendrai qu'un exemple, un exemple ô combien douloureux : les délocalisations d'entreprises de main-d'oeuvre vers les pays à bas salaires. Le Lorrain que je suis pense à J.V.C. ; le Ministre, lui, pense aussi à Toyota... Qui dit "délocalisations", en effet, dit "localisations" en retour... Ne craignons pas de l'affirmer: le bilan en emplois des délocalisations a été, jusqu'ici, au moins équilibré ! Seulement un quart des emplois des filiales françaises à l'étranger sont situés dans des pays à bas salaires. La France gagne plus d'emplois qu'elle n'en perd - le solde est d'environ 120.000 - du fait de ses échanges avec les pays à bas salaires. Quant aux investissements directs à l'étranger, ils ne réduisent pas l'investissement en France, mais le supposent comme un préalable et résultent de stratégies commerciales offensives.

Nous accueillons, dans l'hexagone, des activités de recherche et développement, alors que dans les hautes technologies - nous ne délocalisons pas. Or, les lieux de recherche et développement sont les centres de décision de demain. Sans centres de recherche et développement, les délocalisations elles-mêmes sont délocalisables ! Ne redoutons pas le monde, qui n décrit pas ce mouvement linéaire et néfaste qu'on appelle le déclin, mais qui ouvre très grand - pour nos entreprises - le champ des possibles. L'entreprise est un être vivant : elle peut dépérir, mais aussi elle peut croître ! Mesdames et Messieurs, l'heure n'est pas à la nostalgie, ni même au dogmatisme des certitudes : elle est au parti pris du mouvement !

2. Prendre le parti du mouvement doit nous permettre de réconcilier la croissance économique et le progrès social.

2.1. Le parti pris du mouvement, c'est mettre en mouvement l'environnement des entreprises, la veille informative, la capacité à anticiper etfinalement à prendre des risques.

Prendre le parti du mouvement, c'est d'abord modifier l'environnement des entreprises, pour permettre une prise de risque plus assumée, l'éclosion d'initiatives en plus grand nombre et une croissance plus riche en emplois plus qualifiés. Par exemple, en ne se fourvoyant pas dans un dispositif d'aides sectorielles, dont chacun sait que nos partenaires européens ne veulent pas et que nous n'accepterions pas de leur part !... Dominique Strauss-Kahn l'a rappelé ce matin: la politique économique du Gouvernement confère un environnement propice à l'initiative industrielle et contribue à rendre encore plus attractif le territoire national. L'Etat ne veille pas seulemnt à réguler les marchés, quand il en va de la gestion de ressources rares la transmission d'informations ou l'énergie. Il ne contribue pas seulement à maintenir les biens publics à un niveau élevé de qualité : environnement, infrastructures, formation, recherche. Les services publics, auxquels je suis très attaché - notamment dans les secteurs de La Poste, des télécommunications et de l'énergie -, sont d'abord - c'est bien clair ! - un facteur de croissance: notre précédent colloque, ici même, en mars dernier, l'a d'ailleurs rappelé... L'Europe, l'Etat et les collectivités locales : chacun doit prendre sa part aux progrès de la compétitivité. J'évoquerai, à titre d'exemples, pour mon département ministériel, les actions engagées sur la qualité, la métrologie ou la propriété industrielle. En ces matières, essentiellement stratégiques, notre économie doit regagner du terrain.

Prendre le parti du mouvement, c'est aussi adopter celui de la veille informative pour les entreprises. Cela passe par l'identification des enjeux stratégiques : les marchés clés, les technologies clés, la veille concurrentielle sur les politiques des autres pays industriels. Par la veille informative, les entreprises réduisent l'incertitude, elles assument - en les maîtrisant davantage - les risques qui définissent leur activité, etelles peuvent développer de fructueuses coopérations. Mon département ministériel va développer cette veille informative, l'intelligence économique, dans un esprit de service aux entreprises. Oui, il y a là un changement de cap, une priorité nouvelle : d'abord informer, surtout rendre service aux entreprises 1

Prendre le parti du mouvement, plutôt que celui du conservatisme - donc du déclin -, c'est encore encourager l'anticipation. Des gisements d'avantages comparatifs sont cachés dans un terrain meuble : celui dans lequel les entreprises et les pouvoirs publics sauront trouver des innovations et s'approprier les technologies du futur. L'Etat est fondé à participer au financement d'"extemalités positives", dont le rendement pour la société est supérieur au rendement interne qu'en tire l'entreprise. Vous connaissez les programmes "société de l'information" et "Internet-P.M.I." mis en oeuvre par mon administration. A ce propos, concernant les tarifs de connexion à l'Internet, Dominique Strauss-Kahn et moi-même allons demander à l'A.R.T. de rechercher, en concertation avec les opérateurs, une solution qui soit à ~a fois respectueuse de la concurrence et plus favorable aux internautes... Pilotés par l'ANVAR, les réseaux de diffusion technologique, en 1999 comme en 1998, verront - quant à eux -leus crédits augmenter de façon significative. Il nous faut favoriser, en effet, l'acquisition par les entreprises d'avantages compétitifs : design, brevet, qualité, biotechnologies, technologies clés, usage de normes, compétences individuelles et collectives, nouvelles technologies de l'information et de la communication, efficacité de l'organisation du travail et dialogue social, etc. Cette nécessaire anticipation, elle ne peut se concevoir du haut d'une tour d'ivoire. Elle doit s'ancrer dans la vie quotidienne des entreprises, des P.M.I. comme des grands groupes, sans cultiver l'antagonisme stérile entre les unes et les autres. C'est dans cet esprit que j'ai souhaité ouvrir, dès 1999, le chantier de la déclinaison régionale des technologies clés, en fonction des réalités économiques de chaque région, au moment où l'Etat et les collectivités décentralisées préparent conjointement les lignes fortes du développement régional pour la période 2000-2006.

Le parti pris du mouvement conduit enfin à favoriser l'esprit d'entreprise. L'action de l'Etat pour l'industrie accompagne toutes les étapes : de la conception de l'entreprise à sa naissance, de son enfance à sa maturité. Confortons un environnement propice à la conception, en suscitant notamment des vocations chez les chercheurs et les universitaires, qui pouront désormais - sans problème statutaire - devenir des créateurs d'entreprises. Cherchons à réduire la mortalité infantile des entreprises, beaucoup trop élevée, en développant le conseil notamment dans les DRIRE - et en encourageant le capital-risque. Il faut faire émerger un nouveau type de capital, en effet, pour que naisse un nouvel entrepreneur - celui des révolutions technologiques d'aujourd'hui. Report d'imposition des plus-values réinvesties dans des entreprises nouvelles, contrats d'assurance-vie investis en actions et en capitalrisque, Fonds public pour le capital-risque, bons de souscriptions de parts de créateurs d'entreprises, fonds d'amorçage, etc. : nos nombreuses initiatives sont le symbole d'un aggiornamento de politique économique qui ne connaît pas de précédent depuis 1981 ou 1958 ! Instaurons une dynamique collective au profit des entreprises les plus jeunes, donc au service de l'emploi, en simplifiant les procédures - les DRIRE et l'ANVAR s'y emploient avec efficacité -, en réformant la fiscalité - comme le gouvernement l'a fait sur la taxe professionnelle - et en modernisant nos administrations. Invitons, y compris les entreprises les plus jeunes ou les P.M.I., à aller à la rencontre les unes des autres : il est urgent, dans le respect de nos engagements européens, ou plutôt en ayan désormais un réflexe européen, en voyant dans l'Europe ce qu'elle est - le terrain naturel, domestique, de notre action économique -, d'inciter davantage les entreprises à s'insérer dans les échanges internationaux. Ainsi - et ainsi seulement nous réconcilierons la croissance économique et le progrès social.

2.2. Le parti pris du mouvement est nécessaire, en effet, à la réconciliation dela croissance économique et du progrès social. Cette réconciliation appelle une meilleure compréhension du social par les entreprises. Le social n'est pas une perte de temps : la formation en est une illustration.

La précarité sociale pèse lourdement sur la compétitivité, alors que la cohésion sociale est un facteur de croissance. Le dialogue social n'est pas une perte de temps, mais un véritable investissement : de son efficacité dépendent le niveau de motivation des hommes et des femmes, la mobilisation de leur compétence et de leur créativité, la qualité et l'intelligence de la combinaison productive entre le capital et le travail. Est-il vraiment contradictoire de se réclamer de l'esprit d'entreprise tout en restant fortement attaché au droit du travail et à la protection sociale - comme l'est le gouvernement ? Je ne le crois pas. Essentiellement contractuel, le droit du travail offre - par nature - un cadre souple à la négociation, un cadre bien plus souple qu'on ne le dit souvent. Vidons la querelle de la flexibilité ! Les négociations en cours - dans les branches et dans les entreprises - sur l'aménagement et la réduction du temps de travail en sont autant d'illustrations, de fertiles illustrations, pour l'entreprise comme pour les salariés. L'innovation se joue aussi dans le social ! Quant à la protection contre les risques sociaux, elle sera d'autant plus nécessaire que notre société acceptera davantage la prise de risque économique. La dénonciation de notre haut niveau de protection sociale, cette antienne largement erronée, constitue un discours un peu court -convenons-en ! - : un discours, du reste, qui émane de responsables politiques ayant augmenté, chaque année, les prélèvements obligatoires... Il nous faut dépasser ces vieux schémas, ces vaines dénonciations, ces fausses contradictions, pour placer les entreprises devant leurs vrais enjeux stratégiques ! Dans un environnement favorable, s'infon-ner, anticiper, innover, exporter ! Pour créer des emplois !

La priorité donnée à la formation en donne aussi une illustration: le Ministère en charge de l'Industrie voit dans l'attention portée au social non seulement une condition, mais aussi un vecteur de la croissance, un outil au service d'une stratégie.Mon département ministériel contribue à l'excellence de la formation de nos ingénieurs - des Mines, des Télécoms comme de Supélec. Il est de mon devoir d'y insister : la culture de l'ingénieur, toujours à renouveler, est bien déterminante pour le développement économique. La formation en alternance, la " charte de qualité " des écoles d'ingénieurs, la formation d'ingénieurs-créateurs d'entreprises, ainsi que la réactivité du réseau des écoles - éprouvée récemment lors du lancement du programme FIDJIT de " formation à l'informatique de 2.500 jeunes ingénieurs et techniciens " - : autant de preuves du dynamisme de nos écoles ! La formation n'est pas une charge : elle est un investissement.

*

Mesdames et Messieurs,

Non à la nostalgie, aux polémiques sur l'Industrie, au mythe d'un âge d'or qui n'a jamais eu cours ! Mais oui à une action politique pour l'industrie ! Au sein d'un "grand Ministère de la Production et de l'Innovation", avec Dominique Strauss-Kahn, nous conduisons depuis dixhuit mois, une action pour l'industrie, une politique innovante et volontaire, pragmatique et tournée vers l'avenir. J'entends que certains de mes prédécesseurs ont dénié récemment à l'Etat sa légitimité ou sa capacité, dans le passé comme dans le présent, à définir et à conduire une politique pour l'industrie et donc pour l'mploi... Certes, la politique que je conduis n'a rien à voir avec celles qui l'ont précédée, à l'époque aujourd'hui révolue où l'Etat était luimême, très largement, producteur de biens marchands. Au mécano industriel a succédé le jeu de go. Il s'agit aujourd'hui pour l'Etat, car la compétitivité émane de toute la Nation, de permettre aux entreprises de définir et de conduire leurs stratégies. Les aider, c'est-à-dire les informer, les conseiller, les encourager, les stimuler et les accompagner... Je n'insisterai jamais assez : se mettre au service des entreprises. Oui, la politique pour l'industrie, cet ensemble de stratégies où l'Etat sait s'adapter à la nouvelle donne mondiale, pour lesquelles il accepte de remettre en cause ses méthodes, sans toutefois renier son droit à impulser ou à infléchir, est un noble combat : celui que mènent le gouvernement et les entreprises au service de l'emploi.

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