TOURNEZ LE DOS AUX TROUBLES MUSCULO - SQUELETTIQUES (TMS) !

UN SUJET DE PREOCCUPATION DANS L'UNION EUROPEENNE

En Europe les travaux manuels et les mouvements répétitifs qui y sont liés constituent des risques prioritaires qui requièrent une attention particulière. En effet, les troubles du dos et des membres supérieurs et inférieurs, groupés sous le terme " Troubles musculo - squelettiques " représentent dans certains pays de l'Union la première cause d'arrêts maladie et engendrent des coûts importants pour l'économie européenne.

Ce problème, encore mal cerné dans de nombreuses entreprises car moins spectaculaire que l'accident de travail " classique ", peut cependant être en grande partie prévenu ou réduit.

C'est la raison pour laquelle le slogan " Tournez le dos aux troubles musculo - squelettiques " a été choisi pour la semaine européenne de la santé et de la sécurité au travail qui s'est déroulée à la fin de l'année 2000. Dans ce cadre, le EIC de Bourgogne, Besançon, Orléans, Versailles, Nice et du Limousin ont organisé une série de manifestations visant à sensibiliser les entreprises de leurs régions à ce risque professionnel.

L'IMPORTANCE DES PROBLEMES LIES AUX TMS

Les TMS recouvrent un large éventail de problèmes de santé mais deux groupes principaux se dégagent : les douleurs dorsales et les troubles des membres inférieurs et supérieurs liés aux gestes répétitifs sous contrainte.

Le port de charge, les positons inadaptées et les mouvements répétitifs sont quelques unes des causes de ces problèmes. Elles sont souvent aggravées par des facteurs liés à l'environnement de la tâche elle-même : cadences rapides, stress, ambiance de travail, environnement froid ou humide …

Chaque année, des millions de travailleurs européens seraient affectés par les TMS. Si tous les secteurs d'activité sont concernés, une étude de l'agence européenne montre que parmi les secteurs les plus exposés se trouvent ceux de la construction, de la métallurgie et de l'industrie alimentaire. La construction est même le secteur le plus cité pour les postures de travail pénible et le levage de charges lourdes, celui des industries alimentaires pour les mouvements répétitifs.

Les travailleurs européens signalement de plus en plus fréquemment des TMS d'origine professionnelle. Ainsi 30 % se plaignent de douleurs de dos, 17 % de douleurs musculaires dans les bras ou les jambes, 45 % déclarent travailler dans des positions douloureuses et 33 % doivent habituellement manipuler des charges lourdes. En termes de population, cela représente environ 44 millions de personnes concernées par les seules douleurs au dos !

Chaque année en Europe, plus de 600 millions de jours de travail sont perdus en raison de problèmes de santé d'origine professionnelle. Les estimations les plus récentes considèrent qu'environ 40 % du coût économique de tous les problèmes de santé d'origine professionnelle seraient dus aux TMS, c'est à dire entre 0,5 et 2 % du PNB des 15 Etats membres.

En France aussi, les TMS (ou affections périarticulaires) indemnisées au titre des maladies professionnelles au titre du tableau 57 du régime général, sont en très forte progression : doublement en moins de 3 ans. Ils représentent 70 % des maladies professionnelles en nombre et 20 % du coût total de ces maladies.

LA PREVENTION DES TMS

De nombreux TMS peuvent être prévenus grâce à des interventions de type ergonomique destinées à modifier tant l'organisation du travail que l'aménagement des postes de travail en fonction de l'évaluation des facteurs de risque. Des méthodologies développées par les CRAM (Caisse Régionale d'Assurance Maladie ) ou les ARACT (Agence Régionale d'Amélioration des Conditions de Travail ) au niveau national ou local - par exemple la démarche franc-comtoise des TMS, contact : chauvin.eic@libertysurf.fr - peuvent servir de base à cette démarche et peuvent, dans certains, cas bénéficier de financements.

Dans cette démarche deux facteurs doivent être prise en compte : les groupes à risque et les facteurs d'aggravation des risques.

Même si les travailleurs de tous les secteurs d'activité sont concernés, ce sont les travailleurs manuels qualifiés et non qualifiés qui sont de loin les plus exposés.

Les travailleurs plus âgés souffrent d'avantage que les jeunes : 35 % des actifs de plus de 55 ans souffrent de problèmes de dos contre 25 % pour les 15 à 24 ans. A cela plusieurs raisons : les TMS étant généralement le résultat d'une accumulation de gestes contraignants ou de traumatismes liés aux vibrations il est normal qu'un travailleur avec une ancienneté importante soit plus touché. De plus, de nombreux travailleurs âgés ont été soumis à des conditions de travail propices au développement des TMS dès le début de leur vie professionnelle avant que la prise en compte de ces troubles ait permis des améliorations sur le lieu du travail.

Notons que les troubles des bras touchent plus de femmes que d'hommes. Ceci est dû à la nature des travaux effectués. En effet, 35 % des femmes actives en Europe effectuent de façon permanente des tâches répétitives contre 31 % des hommes. Mais le fait que la plupart des postes de travail sont conçus pour des hommes jeunes et en bonne santé n'est sans doute pas étranger à ce résultat !

Finalement, notons que les travailleurs intérimaires ou précaires sont plus exposés aux gestes répétitifs ou au travail dans des positions douloureuses ou fatigantes.

Les facteurs d'augmentation des risques des TMS sont nombreux : ceux liés aux caractéristiques physiques du travail comprennent la levée ou la manutention de charges, les mouvements répétitifs sous contrainte, les vibrations, l'environnement et l'organisation du travail ou encore le rythme du travail. Certains secteurs, notamment la transformation de la viande, où toutes les conditions de développement des TMS sont réunies, ont ainsi la réputation de rapidement " user " leurs employés. Les facteurs spécifiquement liés au travail répétitif comprennent les contraintes de temps, les modes de rémunération du travail, le travail monotone, la fatigue, l'environnement thermique du travail, la perception de l'organisation du travail par les travailleurs ou les facteurs psychosociaux du travail. Une dégradation subite de l'ambiance du travail peut ainsi conduire au développement des cas de TMS : sous l'effet du stress des gestes mécaniques sont inconsciemment décomposés, perdent de leur fluidité et conduisent le travailleur à " forcer " !

Pour apporter une solution efficace à un risque de TMS, il est donc essentiel d'observer avec attention la situation concrète du lieu de travail, en gardant à l'esprit les conditions spécifiques de chaque métier et de chaque poste. Tous les facteurs de risques potentiels doivent être pris en compte, en particulier ceux qui peuvent être générés par une combinaison de facteurs.

Des informations complémentaires et des conseils sont disponibles auprès des interlocuteurs " traditionnels " de l'entreprise : médecin du travail, contrôleurs des caisses d'assurance maladie, inspecteurs du travail ou auprès de l'agence européenne : http://osha.eu.int.

DES ACTIONS LOCALES DE SENSIBILISATION

Trois actions de sensibilisation impliquant 5 régions ont été réalisées par les EIC français : En Franche Comté une manifestation de démonstration de solutions transférables a été organisée pour le secteur de la sous-traitance automobile et l'EIC de Nice a choisi une approche plus large de la prévention des risques, notamment les TMS, dans un milieu de travail agressif : les casses automobiles ! L'action réalisée en commun par les EIC Ile de France, Orléans et Limousin a permis de confronter les expériences d'entreprises et de professionnels de la santé en entreprise dans trois secteurs d'activité qui comptent parmi les plus exposés : le BTP, la mécanique-métallurgie et la transformation de la viande. La synthèse des travaux est disponible auprès des EIC concernés ou sur le site http://www.eiclimousin.com.fr . En région Centre la démarche avait été engagée en amont de la manifestation et il est prévu des suites au cours de l'année 2001.

Martin FORST
EIC CRCI Limousin/Poitou-Charentes /31 Janvier 2001
Tél. : 05 55 04 40 25 - Fax : 05 55 04 40 40

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