L'AVENIR DU PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN


Le partenariat euro-méditerranéen, instauré par la conférence des ministres des affaires étrangères qui s'est tenue à Barcelone en 1995, organise le rapprochement de l'Union européenne et des pays tiers méditerranéens (Turquie, Tunisie, Maroc, Algérie, Israël, Jordanie, Liban, Egypte, Chypre, Malte, Syrie et Autorité palestinienne). Son objectif est d'établir un espace commun de paix et de stabilité politique, économique et sociale pour aboutir en 2010 à une zone de libre-échange. Ce processus prévoit trois volets fondamentaux : un partenariat politique et de sécurité, un partenariat économique et financier, un partenariat culturel, social et humain.

Les limites du partenariat euro-méditerranéen

Cinq ans plus tard, force est de reconnaître que les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Certes des accords bilatéraux d'association ont bien été ratifiés (Tunisie, Maroc, Israël et OLP), sont en cours de ratification ou de négociation mais aucune dynamique collective n'a été créée. L'Union européenne entend donc donner à ce partenariat une nouvelle impulsion en insistant sur sa dimension économique. Elle voudrait également promouvoir la coopération Sud - Sud en encourageant le développement d'une intégration régionale qui passerait par des accords de libre échange entre les pays méditerranéens eux-mêmes. Courant 2000 l'Union a présenté un projet de réforme du règlement MEDA (instrument financier destiné à mettre en œuvre le partenariat euro-méditerranéen) mais les pays méditerranéens se plaignent de la lenteur des financements européens. Enfin ces derniers regrettent que la zone de libre-échange exclut les produits agricoles alors qu'ils représentent une grande part de leurs exportations. (pour plus d'informations, http://www.euromed.net)

La stratégie commune de l'UE à l'égard de la région méditerranéenne

Adoptée lors du Conseil européen de Santa Maria da Feira au Portugal (19 - 20 juin 2000) par les chefs d'état et de gouvernement de l'UE, la stratégie commune insiste sur le fait que la région méditerranéenne revêt une importance capitale pour l'Union. L'UE entend, dans le cadre de ce partenariat, donner davantage de cohésion et de dynamisme aux pays méditerranéens en travaillant sur :
- le volet politique et de sécurité pour créer un espace commun de paix et de stabilité, faciliter l'échange d'informations pour lutter contre toutes les activités illicites, coopérer pour assurer la prévention des conflits
- le volet démocratie, droits de l'homme et état de droit
- la paix au Proche-Orient
- le volet environnemental
- le volet social et culturel dont le but est d'assurer la multiplication des échanges, promouvoir l'égalité entre hommes et femmes, améliorer l'éducation et la formation professionnelle
- le volet justice et affaires intérieures
- le volet économique et social.

Le volet économique et social

La troisième conférence des ministres de l'industrie qui vient de se tenirs'est tenue les 23 et 24 juin 2000 à Chypre a abouti à l'adoption d'une nouvelle approche de la coopération régionale industrielle autour de quatre axes prioritaires :
- la promotion de l'investissement avec la mise en place d'un réseau euro-méditerranéen pour la promotion des investissements et la mise à jour des guides pour les investisseurs,
- l'innovation, la technologie et la qualité avec la préparation d'un programme régional pour la coopération technologique et économique qui inclura la création de réseaux de centres techniques et/ou d'innovation qui favoriseront un environnement approprié pour le transfert et la diffusion du savoir faire technologique,
- les instruments et mécanismes du marché euro-méditerranéen - cet axe est essentiel dans le cadre du rapprochement graduel des économies des pays méditerranéens et des pays de l'UE et un programme régional est en cours de préparation sur la base de domaines prioritaires pour l'amélioration des échanges commerciaux et de l'investissement,
- le développement des PME - un programme régional visant l'amélioration de leur environnement et le renforcement de leur compétitivité est en cours d'élaboration.

Vers la révision du règlement MEDA

Une proposition pour sa révision a été publiée par la Commission européenne en octobre 1999 et est maintenant examinée par le Parlement européen. Celui-ci devrait produire courant juillet deux rapports, l'un évaluant la mise en œuvre de MEDA I et l'autre donnant des propositions pour le nouveau règlement. MEDA II devrait être adopté par le Conseil sous présidence française.
Lors de la dernière réunion du comité Med le 10 juillet 2000, les programmes indicatifs nationaux révisés de la Turquie, Algérie, Tunisie, Maroc, Jordanie, Liban et Egypte ont été adoptés. La Commission a fait part de sa position sur la coopération décentralisée (programmes Med-Campus, Med-Urbs, Med-Media et a indiqué qu'il ne serait pas réaliste de relancer ces trois programmes dont l'arrêt a été motivé par des raisons de gestion comptable et d'effectifs insuffisants. Toutefois elle n'exclut pas de poursuivre la coopération décentralisée à travers de nouveaux modes de gestion et si tel était le cas, elle a indiqué qu'une priorité serait donnée aux activités de Med-Urbs.

La Méditerranée et la présidence française de l'Union européenne

En prélude à la tenue à Marseille les 13 et 14 novembre prochains de la 4ème conférence euro-méditerranéenne qui réunira les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'UE et des pays de la Méditerranée, se sont déroulées les " Assises de la Méditerranée les 5 et 6 juillet dernier. La rencontre a réuni des personnalités du monde économique, culturel et politique des deux rives de la Méditerranée et avait pour objectif de faire le point sur la politique méditerranéenne de l'Union européenne, de proposer les modalités d'une relance du partenariat euro-méditerranéen et de renforcer le rôle des collectivités territoriales comme acteurs et moteurs du développement de la région. Les ateliers qui traitaient d'une part des effets de la mondialisation sur les partenaires méditerranéens et d'autre part du partenariat euro-méditerranéen vu par le Sud ont mis l'accent sur la nécessité pour les pays du Sud de créer un grand marché régional et de démontrer leur capacité à travailler ensemble , d'attirer les investissements et donc de financer les PME en priorité ainsi que de réformer les procédures de MEDA (lourdeur, coût des experts, objectifs non atteints) et d'augmenter les budgets disponibles. En conclusion, a été élaboré et présenté un memorandum résumant concrètement ce que le Nord peut apporter au Sud.

Ainsi que le disait Jean-Louis Reiffers (Institut de la Méditerranée, réseau Femise) dans son rapport " La Méditerranée aux portes de l'an 2000 "

"Le temps des réseaux pour seulement se connaître est révolu. Les réseaux doivent désormais conduire à des opérations qui essaiment et se développement de façon continue. Cela suppose la permanence de l'action, une évaluation constante et des orientations stratégiques claires et coordonnées. "

Martine Liogier-Coudoux Euro-Info Centre Marseille-Provence/Août 2000

Pour plus d'informations, contactez l'Euro-Info Centre de votre région ainsi que les sites Internet suivants :
Direction générale des relations extérieures : pour des informations sur les pays
Euromed Internet forum : pour des informations sur la politique méditerranéenne de l'UE
Service commun des relations extérieures : pour connaître les appels à propositions de l'UE concernant MEDA

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